Dixième partie
Le Schéma Directeur d’Aménagement Touristique «SDAT 2030» est considéré comme le cadre stratégique de référence pour la politique touristique de l’Algérie. Il constitue une partie intégrante du schéma national de l’aménagement du territoire «SNAT 2030», par lequel l’état compte assurer, dans un cadre de développement durable, le triple équilibre de l’équité sociale, l’efficacité économique et la soutenabilité écologique.
Par Boubekeur Abid,
Expert et Ex-Cadre du Tourisme
LE POLE TOURISTIQUE SUD – EST «Oasien»
Le pôle touristique d’excellence SUD-EST «Oasien» est constitué de trois wilayas à savoir: Ghardaïa, Biskra et El Oued. Il est limité au Nord par Laghouat, Djelfa, M’Sila, Batna, Khenchela et Tébessa à l’Est par la Libye, à l’Ouest par les wilayas de Adrar et El Bayadh et au Sud par les wilayas de Illizi et Tamanrasset.
De formation dunaire de l’Erg Oriental, Fechfech, terrains rocailleux, arides et semi arides de l’Atlas Saharien. Un climat de type continental, froid en hiver et chaud en été et d’une pluviométrie faible. Ce pôle s’étend sur une superficie de l’ordre de 160 000 km² et abrite une population estimée à environ 1,5 million d’habitants. Par ailleurs, avec Ghardaïa comme pôle majeur et la porte d’entrée du désert.
Les forces réelles du pôle touristique d’excellence SUD-EST «OASIEN»
Les principaux sites d’intérêt touristique du pôle sont les suivants:
• Wilaya de Ghardaïa: Melika, Beni Izgen, Bou Noura, El Atteuf, Daia, Berriane, Zelfana Oued Noumer, Metlili, Sebseb, Echebka et El Goléa.
• Wilaya d’El Oued: Ormes, Dahouia, El Bayada, Guemar, Z’Goum, Hassi Khalifa, Taleb Larbi, El Hamraia, Les grands chotts, Témacine, Tamelhat, Blidet Amor, Sidi Rached, Djamaa, Sidi Yahia, M’Rara, M’Ghaier, N’Sigha, Oum Tiour et Still.
• Wilaya de Biskra: El Outaya, Ain Ben Noui, Mont du Zab, Lichana, Tolga, El Ghrous, Doucen, Ouled Djellel, M’Lili, Oued Djeddi, Chetma, Foum El Gherza, Sidi Okba, Zeribet El Oued, Bades, Khenget Sidi Nadji et Mita.
Les atouts touristiques: c’est un Pôle patrimonial de dimension mondiale renfermant des disponibilités foncières importantes avec quatre (04) ZET, et une grande variété de paysages Sahariens et oasiens, sans oublier la faune et la flore d’une grande importance tels que: outarde, gazelle, fennec, léopard et guépard, etc. Ce pôle se caractérise par trois (03) régions spécifiques aux us et coutumes exceptionnelles.
• Vallée du M’Zab: us et coutumes mozabites, tissage du tapis, architecture vernaculaire, sites historico-religieux, distribution traditionnelles de l’eau, vie dans les palmeraies. Stations thermales de GUERRARA et de BERRIANE.
• Les Zibans: patrimoine historique romain (Biskra) et arabo-musulman (Sidi Okba), stations thermales de hammam Essalihine Biskra. Les gorges d’El Kantara, Djemina et M’chounech, art culinaire typique, fête de la datte.
• Vallée du Souf: palmeraie dans les Ghouts, artisanat, paysages naturels, Oued Souf ville des milles coupoles, lieux de pèlerinage religieux.
Le pôle se prête aussi bien à un tourisme de séjours de courte et moyenne durée, plus particulièrement à Biskra et Ghardaïa, qui ont des traditions d’accueil anciennes, qu’à un tourisme de circuits, en extension des visites touristiques effectuées dans le Nord du pays (Boussaâda).
Le pôle a des atouts certains dans le tourisme événementiel. Il peut offrir le cadre a des manifestions scientifiques, culturelles et artistiques internationale, en rapport avec le désert. Il peut également valoriser les événements locaux, festival du tourisme saharien de Biskra, Fête du tapis de Ghardaïa, à travers une organisation concertée avec les opérateurs.
L’art culinaire du pôle est dominé par le couscous et le méchoui auxquels s’ajoutent des spécificités locales: Chakhchoukha, Doubara, Mardoud, lmakhtouma, Banafa, Melfouf.
L’Amorçage et la mise en Tourisme du Pôle SUD-EST «OASIEN»
L’amorce de l’effet d’entraînement du tourisme se fera sous l’impulsion des projets prioritaires identifiés par le SDAT à travers la réalisation:
• Des hôtels de chaînes.
• Des villages touristiques d’excellence conçus à la croisée de la demande internationale et de la demande nationale.
Ce pôle peut offrir à la clientèle de proximité internationale et nationale des produits de «soins», et peut répondre aux attentes de la clientèle d’affaires, en proposant des loisirs de proximité, des produits de cure, de repos, de dépaysement et d’évasion pour la région Sud-Est.
On a Ghardaïa, Porte du désert de l’Algérie telle que définie dans le SNAT, qui dispose d’une place prépondérante dans le pôle «OASIEN». Le pôle des Oasis est le mieux doté en capacités d’hébergement et en infrastructures de base. Ce développement a davantage contribué à son assimilation aux régions du Nord du pays qu’à l’affirmation de son identité saharienne et de sa vocation touristique spécifique. Le pôle dispose, par ailleurs, d’un riche potentiel thermal (Hammam Salhine et Zelfana), susceptible d’attirer la clientèle nationale. Le pôle fonde, également, son attractivité sur un artisanat traditionnel relativement diversifié.
Les régions concernées du Pôle «Sud-Est» sont aisément accessibles par plusieurs portails, aussi bien par route, par le chemin de fer, que par avion avec:
• 2 Aéroports internationaux (Biskra et Ghardaïa),
• 1 Aérogare (El Oued).
LE POLE TOURISTIQUE GRAND SUD «Tassili N’Ajjer»
Le pôle touristique d’excellence Grand Sud «Tassili N’Ajjer» se situe essentiellement dans la wilaya d’Illizi, il est limité: au Nord par Ouargla et Ghardaïa, à l’Est par la Libye, à l’Ouest par Tamanrasset et au Sud par le Niger et le Mali.
Ses richesses naturelles, culturelles et archéologiques représentent 03 principaux atouts qui peuvent permettre son développement futur. Les grands espaces de ce pôle d’excellence, contiennent des abris de peintures rupestres de haute valeur historique. Ces richesses culturelles sont protégées grâce à la présence d’un parc national (parc national du Tassili) classé patrimoine mondial par l’UNESCO en 1981.
Les peintures rupestres et les gravures les plus connues sont autour de Djanet, la grotte des ambassadeurs, des gravures autour de la Guelta Ain Debran et les gravures de la «vache qui pleure». Les noyaux des vieux quartiers d’Azzelouaz et d’El Mihan à Djanet représentent une valeur importante du patrimoine culturel et touristique.
Le pole s’étend sur une superficie d’environ 284.618 Km² soit 1/9 km² et abrite une population de 40.000 habitants.
Le «Tassili N’Ajjer» est un pôle patrimonial de dimension mondiale.
L’existence des vestiges uniques au monde d’une haute valeur culturelle, dans le pôle de Tassili N’Ajjer, permet la confection d’un produit touristique «authentique» très prisé par la clientèle surtout étrangère.
La fragilité des sites en présence notamment, le plateau du Tassili, doit être pris en considération durant les opérations de développement touristiques afin d’assurer leur protection et leur conservation ainsi que la protection de l’environnement.
Un climat de type continental, froid en hiver et chaud en été et d’une pluviométrie faible. L’effet éolien, durant une période de 4 mois (de février à mai), provoque des vents de sables qui amoindrissent l’activité humaine.
Les forces réelles du Pôle Touristique d’excellence GRAND-SUD «TASSILI N’AJJER»
Les aires protégées, un parc saharien, sites d’intérêt touristique riches et diversifiés: Tamrit, Séfar, Jabbaren, Kisran, Erg d’Admer, Assakao, Zouantelaz, Issendilen, Vallée du Hirerir.
Un important réseau d’infrastructures aéroportuaire (Aéroport de Djanet, Illizi et In Amenas), et routières existantes, en cours et projetées. Des disponibilités foncières importantes: représentés par la ZET de Djanet, Impose l’impératif de l’assainissement du foncier touristique pour sa mise à la disposition de l’investisseur. Six sources thermales existent dans ce pôle, il peut avoir une vocation diverse:
• Tourisme, Eco-tourisme saharien et Tourisme de santé et bien-être, Tourisme culturel, Tourisme religieux, Tourisme scientifique, Tourisme de circuit,
• Tourisme de bivouac et de découverte, aventures et ressourcement: des circuits des expéditions des méharées et des treks peuvent être organisés durant plus de huit mois dans l’année
Par ce pôle on peut faire de Djanet «une terre d’aventure sans mésaventures» et un camp de base pour des randonnées dans le désert. La région abrite l’un des plus grands et un des plus riches Musées d’Art préhistorique à ciel ouvert. C’est un vaste plateau de grès qui s’étend sur plus de 80.000 km² au décor envoûtant avec des paysages fantastiques, des gueltas, des oueds, des ravins profonds, des pics et des colonnes gigantesques en forme d’aiguilles suivis d’impressionnants canyons et d’une vallée de cyprès millénaire.
L’existence de ces vestiges uniques au monde dote le pôle de Djanet d’une haute valeur culturelle et écologique, vecteur d’attraction de la clientèle internationale.
Ce patrimoine archéologique, culturel et naturel est susceptible d’être exploité non seulement sur le plan touristique mais aussi sur le plan économique et social.
Le tourisme reste l’élément moteur pour permettre le développement économique pour la mise en valeur et l’exploitation des potentialités touristiques que recèle cette région qui est un espace prometteur en matière de création d’emplois.
L’existence d’un réseau d’infrastructures routières et aéroportuaires de bonne qualité est un facteur favorable au développement de ce pôle.
La région connaît plusieurs projets de développement. Des initiatives privées dans le secteur touristique sont en cours contribuant ainsi à l’augmentation du nombre de lits au niveau du pôle «TASSILI N’AJJER».
L’Amorçage et la mise en Tourisme du Pôle GRAND-SUD «TASSILI N’AJJER»
L’amorce de l’effet d’entraînement du tourisme se fera sous l’impulsion des projets prioritaires identifiés par le SDAT à travers la réalisation:
• Des hôtels de chaînes.
• Des villages touristiques d’excellence conçus à la croisée de la demande internationale et de la demande nationale.
LE POLE TOURISTIQUE GRAND SUD «Ahaggar»
Le pôle touristique d’excellence Grand-Sud «Ahaggar» s’articule autour de Tamanrasset. De par l’immensité de son territoire et des richesses culturelles et naturelles qu’il recèle, ce pôle peut être considéré comme un pôle stratégique et de haute valeur en matière de développement touristique de la région.
L’Ahaggar est un pôle patrimonial de dimension mondiale. Il est limité au Nord par Ouargla et Ghardaïa, à l’Est par la wilaya d’Illizi, à l’Ouest par Adrar et au Sud par le Niger et le Mali. Il s’étend sur une superficie d’environ 456.200 Km² du territoire national et abrite une population de 137.175 habitants.
L’existence de vestiges préhistoriques dote le pôle d’une haute valeur culturelle, facteur d’attraction de la clientèle internationale. Le patrimoine archéologique, naturel, culturel présent dans l’Ahaggar est susceptible d’être exploité non seulement sur le plan touristique mais aussi sur le plan économique et social.
Le pole a un climat de type continental, froid en hiver et chaud en été et d’une pluviométrie faible. L’effet éolien, durant une période de 4 mois (de février à mai), provoque des vents de sables qui amoindrissent l’activité humaine.
Les forces réelles du pôle touristique d’excellence GRAND-SUD «AHAGGAR»
Massif montagneux basaltiques, (affleurement du socle africain) et plateaux recouverts de dalles de pierres. Dans la partie sud, les Tassilis du Hoggar se distinguent par leur microclimat (couvert végétal, gueltas et flore relique). Les Sites et les atouts d’intérêt touristique on a:
• Assekrem, Adriane, Amsel, Tit,Abalessa, In amguel, In ekker, Tesnou, Tassili de l’Ahaggar, le Tefedest, Abalessa et le tombeau de (Tin-Hinan),
• Les grandes zones de parcours touristique le massif du Hoggar, La Tefedest, l’Adrar Ahnet, les Tassili du Hoggar, Le Tassili Tin Rahroh, la liaison Tamanrasset / Djanet, la chapelle du père de Foucauld. Les expéditions vers le Mali et le Niger.
• Sites de gravures rupestres, paysages naturels, faune et flore rustiques, patrimoine immatériel (musique et danse) caractéristique de la population targuie, le circuit de l’Assekrem. De par ses richesses naturelles, archéologiques et humaines et la diversité des produits touristiques, qu’il peut offrir, le Hoggar a vocation à devenir une destination de première importance pour une clientèle en nombre maîtrisé (fragilité de l’écosystème oblige) et à haut pouvoir d’achat. La promotion d’un tourisme de séjour viable reste conditionnée par le développement des structures d’hébergement et de loisir, de haut niveau.
Contrairement aux Oasis septentrionales, où les séjours et les circuits peuvent être conçus comme extension des séjours balnéaires et des circuits de découverte du Nord du pays, les destinations de l’Extrême Sud, ne peuvent être conçues, en raison de leur éloignement, que comme des destinations finales. Des possibilités existent en matière de mise en tourisme de nouveaux territoires dans le Hoggar. Cette perspective devrait contribue à élargir la gamme des produits touristiques offerts et à étaler la saison touristique.
On doit faire de Tamanrasset «une terre d’aventure» et un camp de base pour des randonnées dans le désert. L’Ahaggar classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et ses contreforts renferment des sites archéologiques datant de 600.000 à un million d’années, témoignages des premières manifestations humaines ou pré-humaines et fut durant la préhistoire une des régions à plus forte densité de population du globe terrestre, l’existence des douzaines de milliers de gravures et peintures rupestres datant jusqu’à 12.000 ans. Les grottes, les abris sous roches et les gisements de surface de matériels et d’outillage lithiques le prouvent fortement.
CONCLUSION
Depuis des millénaires, les habitants du Sahara nous ont légué un patrimoine diversifié retraçant l’histoire de l’humanité révélé à travers:
• Les gravures et peintures rupestres ; les matériaux néolithiques ;
• Les tombeaux préislamiques, tumulus et monuments funéraires ; les ruines romaines d’El-Kantara.
La civilisation musulmane a marqué l’architecture, le mode de vie et les arts populaires du Sahara. Elle constitue une attraction à haute valeur touristique notamment avec:
• Le Mausolée du Sahabi Okba ibn Nafaa el-Fihri à Biskra (4ème site musulman visité dans le monde);
• La confrérie Tidjania à Ain Madhi (Laghouat);
• L’architecture de Souf et du M’Zab;
• La Vallée de la Saoura, du Touat et du Gourara;
• Un mode de vie particulier des Reguibet, des Chaamba, des Zoua (tribu descendant du khalife Abou Bakr) et des Touaregs;
• Le tombeau de la légende de Hizyia (Biskra).
L’avènement de l’Islam a enrichi le patrimoine populaire du Sahara chez les nomades et les ksouriens. Les multiples fêtes locales (Maoussim et ziyarates) constituent un composant du produit touristique propre au Sahara.
L’espace que couvre le Sahara ne présente pas un produit homogène, bien au contraire, du Nord au Sud, et d’Est en Ouest, les éléments constitutifs du produit touristique varient, tant dans leur contenu culturel et sociologique, que sur les aspects physiques et naturels.
En effet, le Sahara permet de découvrir une grande richesse de culture et de traditions différentes, dans des régions telles que le Souf, le M’zab, la Saoura, le Hoggar, le Tassili, le Touat, etc. Quatre (04) ensembles homogènes peuvent être définis, il s’agit:
Des régions touristiques de hauts plateaux: BOUSAADA – DJELFA – SAIDA – AIN SEFRA – EL BAYADH – AFLOU – MECHRIA – M’SILA.
Des régions touristiques des oasis présahariennes: ZIBAN – AURES – EL OUED – TOUGGOURT – LAGHOUAT – M’ZAB –BECHAR.
Des régions touristiques des oasis sahariennes: OUARGLA – EL GOLEA – BENI ABBES – TINDOUF – GOURARA- AIN SALAH – TOUAT.
Les régions du grand sud: HOGGAR – TASSILI – TAMANRASSET – DJANET – ILLIZI.
Des actions plus spécifiques pourraient être envisagées en faveur du tourisme saharien. Il s’agit notamment :
De la mise en place d’une planification du tourisme plus adaptée à chaque potentiel: nature – culture – physique, dans une perspective à moyen terme;
De la réforme de la gouvernance du tourisme afin de mieux traiter les enjeux et la complexité des relations interministérielles (Ministère en charge du tourisme / Ministère en charge de l’environnement ou autre département ministériel);
De la mise en œuvre de nouveaux modèles de financement et de partenariats.
Une attention sera portée sur les nouveaux marchés d’origine ainsi que sur les nouvelles technologies de communication et les réseaux sociaux;
L’appui du secteur public s’avère particulièrement important pour la mise en place d’une infrastructure capable d’accueillir les touristes (signalisation, réseau routier, télécommunication, etc…) et d’un climat favorable à la création de petites entreprises.
Lire la suite dans notre prochaine édition