L’avenir du modèle de consommation énergétique- au-delà des limites temporelles, aussi lointaines qu’elles puissent être, de l’énergie fossile-, demeure étroitement lié à la grande préoccupation environnementale qui affecte toute la planète. En effet, bien avant que la dure réalité des changements climatiques que nous vivons depuis quelques années impose de profondes réflexions et de fines analyses dans le domaine, l’utilisation des énergies fossiles, depuis au moins la fin du 19e siècle pour les hydrocarbures et plus loin dans l’histoire pour le charbon de mine, n’a cessé de susciter des interrogations sur l’impact de ces énergies sur l’environnement quotidien des villes, des populations et des ressources naturelles.
Par Amar Naït Messaoud
La prise de conscience de la pollution qui en provient s’est faite progressivement, au fur et à mesure des découvertes scientifiques qui ont établi la relation de cause à effet entre les émanations issues des énergies fossiles et les changements environnementaux dont les plus visibles sont la pollution atmosphérique-le Smog a été constaté et établi depuis le 18e siècle-, le réchauffement climatique et les autres perturbations atmosphériques (cycles inondations/sécheresses).
Lors de la tenue, en 2016, en Algérie, du Forum international de l’énergie, les experts avaient abordé la grande problématique de l’avenir énergétique de la planète et les défis actuels en matière de transition et d’efficacité énergétique.
Les solutions complémentaires qui semblent, pour l’instant du moins, être à portée de main, sur le plan de la technologie et du coût, et qui pourront devenir demain des alternatives au sens plein du terme aux énergies fossiles, sont surtout le solaire et l’éolien.
L’Algérie a tout intérêt à orienter les études et les recherches vers ses potentialités les plus avérées dans ce domaine, à savoir celles du solaire, qui commencent, dès à présent, à être convoitées par des pays européens, vu la proximité de ce continent avec l’Algérie.
L’on se souvient du projet Desertec initié en 2003 par la «Coopération transméditerranéenne pour l’énergie renouvelable», englobant tout le Sahara nord-africain et le Moyen-Orient, destiné à exploiter le potentiel solaire de tout cet espace géographique afin de produire de l’électricité propre, d’origine solaire, pour la région, mais aussi pour l’alimentation en électricité du continent européen.
Ce projet a subi les aléas de plusieurs considérations politique. Mais, l’idée n’est pas complètement abandonnée pour autant.
Préparer l’Algérie de demain
Néanmoins, par-delà les possibles partenariats qui demeurent toujours les bienvenus, l’Algérie a développé sa propre politique énergétique devant progressivement jouer sur les deux volets : la transition énergétique et l’efficacité énergétique.
Dans ce sens, le ministère de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables, écrit sur son site web : «L’Algérie amorce une dynamique d’énergie verte en lançant un programme ambitieux de développement des énergies renouvelables (EnR) et d’efficacité énergétique. Cette vision du gouvernement algérien s’appuie sur une stratégie axée sur la mise en valeur des ressources inépuisables comme le solaire et leur utilisation pour diversifier les sources d’énergie et préparer l’Algérie de demain».
Ayant participé aux deux sommets mondiaux de la Terre (1992 et 2012), signataire de tous les accords et conventions internationaux de lutte contre la désertification, les changements climatiques et la protection de la nature et de la biodiversité, notre pays s’inscrit en droite ligne des politiques tendues vers, d’une part, la réduction des gaz à effet de serre (même s’il n’est pas un grand pollueur en comparaison avec les pays industrialisés), et, d’autres part, la réalisation des économies d’énergie.
Dans ce contexte, le ministère de l’Énergie signale : «Le programme des énergies renouvelables actualisé consiste à installer une puissance d’origine renouvelable de l’ordre de 22 000 MW à l’horizon 2030 pour le marché national, avec le maintien de l’option de l’exportation comme objectif stratégique, si les conditions du marché le permettent. Le programme d’efficacité énergétique actualisé vise à réaliser des économies d’énergies à l’horizon 2030 de l’ordre de 63 millions de tonnes équivalent-pétrole (Tep), pour l’ensemble des secteurs (bâtiment et éclairage publique, transport, industrie) et ce, en introduisant l’éclairage performant, l’isolation thermique et les chauffe-eau solaires, les carburants propres (gaz de pétrole comprimé, GPLc, et gaz naturel comprimé, GNc), et les équipements industriels performants».
Un potentiel de 15 gigawatts à l’horizon 2030
Cette politique de reconversion et de mutation énergétique est conçue pour conduire à la réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO2) de l’ordre de 193 millions de tonnes.
Sur la gamme des énergies renouvelables que la science et la technologie moderne ont mises à la disposition des populations et des décideurs politiques, le solaire est celui qui sied le mieux, en quantité et en commodité technologique, à l’Algérie.
Notre pays dispose d’un temps d’ensoleillement qui, par endroits, dé- passe 3000 heures par an. Une part de l’éolien est envisageable aussi en raison de l’existence de zones ventées presque à longueur d’année.
Les projets de production d’électricité par système d’alimentation hybride (solaire et gaz naturel) se multiplient dans les wilayas du Sud du pays, en même temps que les projets de stations fonctionnant uniquement au solaire.
À travers ces projets, le gouvernement compte résoudre le problème de l’alimentation des foyers des zones du Sud en électricité et de développer également l’agriculture par la mobilisation de l’eau d’irrigation. Avec les capacités de production de ces projets, mêmes les régions des Hauts Plateaux et du Nord pourront utiliser une partie de l’énergie produite.
Actuellement, les installations en énergie renouvelable et les projets en cours de réalisation peuvent assurer une production de quelque 4 gigawatts, selon un responsable du Commissariat aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique (CEREFE), à l’occasion du séminaire national sur « la promotion des énergies renouvelables comme stratégie pour garantir la sécurité énergé- tique, dans la loi algérienne », tenu en octobre dernier à Tizi Ouzou.
À l’horizon 2030, le potentiel algérien en énergie renouvelable, toutes sources confondues, atteindra 15 gigawatts.
A. N. M.