L’Algérie face au défi du sous-emploi : Comment valoriser les ressources humaines ?

Entrepreneuriat et emploi en Algérie : La stratégie payante de l’Etat

L’Algérie dispose de ressources naturelles et humaines importantes, mais qui sont souvent mal utilisées ou sous-exploitées. Le pays doit faire face à un taux de chômage moyennement élevé, surtout chez les jeunes, les femmes et les diplômés, ainsi qu’à un secteur informel qui pèse sur l’économie et le développement. Quelles sont les pistes pour améliorer la gestion et l’utilisation efficiente de la ressource humaine, et favoriser ainsi un développement durable basé sur l’intelligence humaine ?

Par Lyazid Khaber

La gestion ainsi que l’utilisation efficiente de la ressource humaine demeure la pierre d’achoppement de l’entreprise, dans le sens moderne du terme, et par extension à toute la société active.

Si la finalité de mieux se servir de la ressource humaine demeure celle de tous les aspirants à un développement durable basé sur l’intelligence humaine comme source de toute richesse, les efforts quant à sa concrétisation demeurent souvent limités pour des raisons endogènes à chaque société. 

Effectivement, l’évolution “régressionniste“ des rapports avec la ressources humaine démontre l’écart de développement qu’il y a notamment entre les pays du nord et ceux du sud où le «facteur humain» est souvent relégué au second plan, pour ne pas dire qu’il est simplement ignoré des sphères dirigeantes de la société marchande et entrepreneuriale.  

A croire les conclusions d’une étude faite par la Banque Mondiale (BM) sous le titre «nouvelle génération d’entrepreneurs privés», les ressources humaines et les compétences sont mal ou pas bien utilisées dans les pays en voie de développement, telle que la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) dont fait partie l’Algérie. 

«Fuite des cerveaux»

Les experts de cet organisme financier basent leur analyse sur le fait que dans ces pays –pour la plupart mono-exportateurs- ne manquent pas de ressources et/ou de main d’œuvre qualifiée, mais que celles-ci se trouvent souvent mal exploitées ou «obligées» à aller faire «le bonheur des autres pays» souvent plus développés.

Il en témoigne la «fuite des cerveaux» qui continuent de saigner ces pays qui -en vérité- ne savent que faire d’une main d’œuvre spécialisée et de haute performance intellectuelle. Celle-ci trouve autant de débouchées à l’étranger qu’elle ne puisse en trouver dans son pays d’origine. 

Pourtant, la réflexion intitulée «Le monde de demain : guide sur les orientations futures des politiques économiques dans les pays en développement», contenue dans la même étude, montre bien que la difficulté de financement du développement économique ne se pose pas pour ces pays. 

L’Algérie ne risque pas une «crise de chômage»

Pour les analystes de la BM, «le redressement de l’économie passe par un renchérissement des cours du baril de pétrole et une plus grande stabilité de leur secteur financier».

Pour le cas de notre pays, il sera utile de souligner que selon les mêmes experts, l’on ne risque pas une «crise de chômage» comme c’est le cas des autres pays de la région Mena qui persisteront dans la crise économique avec un accroissement de la pauvreté qui évolue d’année en année. En effet, la pandémie de COVID-19 a eu un impact négatif sur le développement économique et social des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA).

Selon la Banque mondiale, dans un bulletin d’information économique de la région MENA intitulé: «Vivre avec la dette: Comment les institutions peuvent tracer la voie de la reprise dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord», publié le 2 avril 2021, la région a connu une contraction du PIB de 3,8% en 2020, la plus forte depuis 50 ans, et une augmentation de la pauvreté multidimensionnelle, qui touche plus de 30% de la population dans certains pays.

La crise sanitaire a également aggravé les problèmes de dette publique, de vulnérabilité aux chocs extérieurs, d’instabilité politique et de conflits dans la région. Au même temps, la reprise économique reste timide et inégale.

A l’instar des autres pays de la région, l’Algérie a été confrontée à une double crise en 2020 : la chute des prix du pétrole, qui ont affecté sa principale source de revenus, et la pandémie de Covid-19, qui a mis à rude épreuve son système de santé.

Face à ces défis, l’Etat a pris des mesures d’urgence pour limiter les impacts économiques et sociaux de la situation. Le gouvernement a notamment réduit le budget de fonctionnement de l’État, reporté certains projets d’investissement non prioritaires, introduit une allocation chômage pour les jeunes, et renforcé les capacités du secteur de la santé.

Ces actions visaient à préserver la stabilité financière du pays, à soutenir le pouvoir d’achat des ménages, et à protéger la population contre le virus. C’est ainsi que notre pays a pu faire preuve de résilience face à la crise, tout en cherchant à diversifier son économie.

Un taux d’employabilité à améliorer

Cependant, cette situation favorable ne doit pas occulter les défis qui se posent encore à l’Algérie en matière d’emploi et de développement humain. Selon les données du Haut-Commissariat au Plan (HCP), le taux de chômage en Algérie a atteint 11,9% au premier trimestre de 2023, en hausse de 0,7 point par rapport au trimestre précédent.

Ce taux est plus élevé chez les jeunes (24,8%), les femmes (19,5%) et les diplômés de l’enseignement supérieur (18,4%). Le chômage touche surtout les zones urbaines, où il atteint 13,5%, contre 8,7% en milieu rural. 

Par ailleurs, le taux d’activité, qui mesure la proportion de la population en âge de travailler qui exerce ou cherche un emploi, est de 40,6%, ce qui est faible comparé aux normes internationales. Ce taux est encore plus bas chez les femmes (16,4%), ce qui traduit une faible participation féminine au marché du travail, selon plusieurs estimations. 

Ainsi, l’Algérie doit faire face à la problématique du sous-emploi, qui se manifeste par le manque d’adéquation entre les qualifications des demandeurs d’emploi et les besoins des employeurs, ainsi que par le recours excessif au secteur informel, qui représente environ 40% du produit intérieur brut (PIB) et 30% de l’emploi total.

Le secteur informel est caractérisé par la précarité, la faible productivité, l’absence de protection sociale et la concurrence déloyale avec le secteur formel. 

Pour remédier à cette situation, l’Etat a mis en œuvre des politiques publiques visant à stimuler la création d’emplois décents et durables, à favoriser l’insertion professionnelle des jeunes et des femmes, à renforcer le système éducatif et la formation professionnelle, à encourager l’entrepreneuriat et l’innovation, à réduire le poids du secteur informel et à améliorer la gouvernance et le climat des affaires.

Ces mesures jugées indispensables pour assurer une croissance économique inclusive et soutenue, profitent à l’ensemble de la population et contribue au développement humain du pays.

L. K.

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