L’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA) interpelle le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, sur la situation du secteur du Bâtiment. Un secteur qui va mal depuis les trois dernières années, notamment, suite à la double crise financière et sanitaire (pandémie covid-19).
Par Akrem R.
D’ailleurs, l’AGEA anticipe un effondrement du secteur de la construction «si aucune mesure de soutien n’est prise par le Gouvernement, et ce, malgré la reprise des chantiers». La plupart des entreprises activant dans le bâtiment sont au bord de la faillite. «La reprise des chantiers ne signifie pas la fin des problèmes pour les entreprises du BTPH. Les surcoûts liés à la mise en sécurité des compagnies sur chantier ne sont que rarement partagés, ce qui fragilise fortement les entreprises du BTP. A ce premier choc vient s’ajouter un second, en raison de l’effondrement de la commande publique ainsi que privée. Si rien n’est fait pour y remédier, cette combinaison désastreuse se traduira inévitablement par des entreprises en faillite et des salariés qui ne manqueront pas de grossir les rangs du chômage», lit-on dans une lettre adressée au chef de l’Etat. Intitulée «Aider le BTPH, c’est Sauver l’Emploi partout en Algérie», l’AGEA a rappelé que la construction représente près de 1,5 million d’emplois et près de 350.000 entreprises, essentiellement des TPE /PME, situées sur tout le territoire, dont la baisse d’activité a été comparable aux entreprises frappées par les fermetures administratives. «Autant les premières mesures de soutien du gouvernement se sont avérées efficaces, autant, depuis plusieurs semaines, il hésite à prendre les dispositions qui s’imposent pour maintenir à flot un secteur essentiel à l’ensemble de l’économie du pays», souligne-t-il.
Pour stimuler l’investissement des ménages, des acteurs privés et des collectivités publiques, L’AGEA propose au gouvernement d’intégrer au projet de loi de finances 2023 rectificatif une série de mesures.
L’association que préside Mouloud Khaloufi, appelle, ainsi, à l’organisation dans les meilleurs délais possible des 4ème assises nationales du BTPH pour amorcer la renaissance du secteur, avec le parrainage de son excellence Monsieur le président de la République afin de sortir, à travers les ateliers spécialisés (Code du commerce, Code des investissements, Code des marchés publics et le Code du travail), avec les meilleures propositions et solutions.
Les entrepreneurs en bâtiment proposent, également, la prise en charge par le gouvernement des surcoûts « liés au Covid-19 par l’annulation des charges fiscales et sociales des deux exercices 2019/2020/2021 ».
L’Association générale des entrepreneurs algériens appelle aussi au retour à un taux réduit de TVA à 7% pour l’ensemble des travaux du BTP. En outre, l’Association des entrepreneurs suggère «la dépénalisation fiscale et parafiscale» des entreprises du secteur du BTPH par rapport à la conjoncture actuelle du pays 2019/2020/2021, « ce qui réconfortera les opérateurs et les stimulera pour la relance des activités ».
Des logements à louer à moins de 20.000 DA
Sur un autre registre, l’AGEA a fait une proposition courageuse et inédite. Il s’agit de la réalisation de logements destinés à la location et dont le prix ne dépasse pas le SMIG. À cet effet, elle propose de mettre un terme, ou du moins, atténuer grandement la spéculation sur le marché de la location immobilière. Pour ce faire, il y a lieu d’encourager l’entreprise nationale à construire des habitations destinées pour 50% d’entre elles, à la location et 50% à la vente. La nouveauté portera sur le prix de location qui ne dépasserait pas le SMIG. « Le moteur et facteur principal de la réussite de ce processus et la facilitation pour l’entreprise nationale à l’accès au foncier par un mécanisme d’acquisition auprès des walis, via une structure mixte, Etat-Entreprise, chargée de manager ce dossier et de lever tous les verrous qui viendraient entraver sa réussite», précis la même source.
Par ailleurs, l’AGEA recommande que les études et les missions de conception et de suivi des projets de l’État soient confiées à des bureaux d’études (BET) algériens par des concours d’architecture ou concours de projet. « Ces BET algériens dotés de ressources humaines et techniques d’une qualité mondiale, sont les seuls à même d’adapter leurs œuvres aux spécificités architecturales /urbanistiques de chaque région de notre pays », avance l’organisation patronale.
Ceci est valable, aussi bien pour les bureaux d’études dans les secteurs travaux publics (TP), que dans l’hydraulique, précise-t-elle. Comme l’argent reste le nerf de la guerre, l’AGEA lance un appel aux banques afin de mettre en place « des mécanismes sérieux et viables d’implication effective des banques leur permettant de s’investir pour accompagner les entreprises dans la réalisation et le suivi des projets de construction».
Enfin, l’AGEA a plaidé pour la mise à disposition de zones d’activité du BTPH par Wilaya. Ce qui permettra de regrouper les entreprises du BTPH et disposer d’espaces pour leurs équipements et autres centrales à béton ou à enrobé. « Ce processus permettra aussi de cartographier facilement le secteur du BTPH. La réalisation de ces zones se fera en collaboration et en partenariat avec les bénéficiaires en phase de réalisation et exploitation», précise-t-elle, tout en appelant à l’installation de l’observatoire de la PME/ PMI. Ce dernier va certainement contribuer à la préservation et la pérennité de l’entreprise algérienne qui est un patrimoine de l’Etat, et dont le rôle économique est vital.
«Monsieur le président, notre ambition est de réunir les meilleurs conditions aux entreprises algériennes pour leur assurer un plan de charges ce qui suppose que ces dernières assurent la création d’emplois. Comptant sur votre compréhension et restant à votre entière disposition pour d’autres informations complémentaires», conclut-elle.
A. R.