Le ministre des Finances, Laaziz Faid, a tracé les grandes lignes de la feuille de route de son département pour l’année 2025. En effet, de vastes chantiers de réformes seront ouverts, visant notamment la modernisation et le développement du système financier. Si la transformation numérique du système bancaire et financier a franchi des étapes importantes, à travers la mise en place de nouveaux systèmes d’information et le lancement de nouveaux produits digitaux, le véritable défi de l’année prochaine sera la généralisation du paiement électronique (e-paiement).
Par Akrem R.
Un moyen que le gouvernement considère comme clé pour renforcer la transparence et lutter contre l’économie informelle, en élargissant l’assiette fiscale et, surtout, en réduisant l’ampleur de l’évasion fiscale. En effet, selon les chiffres de la Banque d’Algérie à fin mars 2024, 8 289,9 milliards de DA circulent en dehors du système bancaire !
Ce montant témoigne de la complexité de la mission du ministère des Finances, qui devra redoubler d’efforts pour endiguer ce phénomène.
Depuis le début de l’année en cours (2024), des mesures importantes ont été prises pour développer le paiement électronique. En effet, des instructions claires ont été données pour la mise en place des moyens nécessaires à l’essor de l’e-paiement, notamment les TPE pour le paiement par carte bancaire (CIB) et Eddahabia.
À fin octobre 2024, 19 462 421 cartes sont en circulation, selon les derniers chiffres du GIE monétiques, dont 15 250 879 cartes Eddahabia, 209 678 cartes CIB affaires et 4 001 864 cartes CIB. C’est un véritable potentiel pour le développement du paiement électronique.
Les résultats obtenus jusqu’à présent sont encourageants, mais restent en deçà des attentes.
Les retraits par carte CIB ou Eddahabia demeurent toujours prédominants. Pas moins de 3 028,69 milliards de DA ont été retirés durant les 10 premiers mois de 2024 au niveau des 3 915 distributeurs et guichets automatiques opérationnels.
Des montants faramineux continuent d’être retirés par les Algériens, confirmant ainsi leur préférence pour le cash par rapport aux transactions électroniques.
Des efforts sont donc à consentir davantage notamment en matière de sensibilisation par les différents acteurs afin de promouvoir l’e-paiement.
Intervenant lors de la réunion de la Commission nationale d’évaluation des risques de blanchiment d’argent, de financement du terrorisme, et de financement de la prolifération des armes de destruction massive, tenue jeudi au siège du ministère, le ministre Laaziz Faid a mis en avant «les importantes mesures contenues dans la loi de finances 2025, notamment la généralisation des moyens de paiement électroniques, à même de renforcer la transparence des opérations et d’assurer leur traçabilité, et dont l’entrée en vigueur est prévue à partir de janvier 2025».
Des mesures pour booster l’e-paiement
Pour accélérer la transition vers une économie numérique, la loi de finances pour 2025 qui sera en vigueur à partir du mercredi 1 e janvier 2025 contient plusieurs dispositions visant à encourager l’utilisation du paiement et des transactions électroniques.
Un avantage fiscal est prévu pour les banques et Algérie Poste, qui bénéficieront d’une réduction d’impôts couvrant les commissions sur les transactions électroniques.
La mesure vise à promouvoir l’adoption des moyens de paiement électronique par les commerçants et les consommateurs pour la modernisation de l’économie et de l’inclusion financière.
Le projet propose aussi une exonération des droits de timbre pour les transactions effectuées par voie électronique pour encourager l’usage des moyens de paiement non numéraire au travers des terminaux de paiement électronique (TPE) et le paiement mobile.
D’autres mesures incluent des facilitations pour l’importation de kits destinés au montage de TPE, avec une exonération des droits de douane et de TVA, dans le but de réduire les coûts et d’améliorer l’infrastructure de paiement électronique.
Ainsi le paiement électronique est obligatoire pour certaines opérations, notamment les ventes de biens immobiliers et de véhicules.
De plus, il prévoit la possibilité d’acquérir la vignette automobile par des plateformes de paiement électronique, telles que la carte interbancaire (CIB) et Edahabia, ce qui simplifiera et modernisera ce processus.
Dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de la loi de finances 2025 concernant le développement des moyens de paiement électroniques, le ministre des Finances avait souligné l’importance de renforcer les efforts pour accélérer la transition vers ces moyens de paiement, appelant à la création d’un mécanisme de suivi pour accompagner la mise en place de ces nouvelles solutions.
Ce mécanisme sera soutenu par une campagne nationale de communication et de sensibilisation visant à encourager l’adoption de ces moyens modernes.
Pour le ministre, Laaziz Faid, 2025 sera «une année charnière pour le processus d’approfondissement des réformes économiques et de soutien à la stabilité, mais aussi celle de l’élargissement de l’assiette fiscale, ce qui permettra de gérer les risques liés à l’économie informelle et aux opérations en espèces».
Lors de cette réunion, «un exposé conjoint a été présenté par le coordonnateur national et le président de la cellule de traitement du renseignement financier sur l’état d’avancement des travaux du comité de coordination nationale, outre une intervention du chef de projet sur l’élaboration de propositions de feuilles de route pour les secteurs non prioritaires».
Au terme de la rencontre, M. Faid a présenté «des projets de décisions relatifs à l’adoption de feuilles de route des secteurs non prioritaires en lien avec les huissiers de justice, les avocats, le secteur des paris et jeux, les commissionnaires en douanes, la profession des experts comptables et des comptables agréés ainsi que la profession des commissaires aux comptes».
Il a été également question de l’adoption du «mécanisme proposé par le comité technique chargé de la mise en œuvre des feuilles de route de tous les secteurs concernés et de la nécessité d’accélérer la création de groupes de travail chargés des évaluations spécifiques des personnes morales et des associations à but non-lucratif».
A. R.