La «1ère édition du Salon Régional Mitidja pour la production et l’exportation» dédié à la production et à l’exportation qui se déroulera du 30 novembre au 05 décembre 2021 au niveau du parking du stade Mustapha Tchaker se veut une opportunité pour promouvoir les produits de la Mitidja, et pourquoi ne pas les exporter. Cependant, au regard des profonds dégâts subie par ce verger de l’Algérie, il faudrait bien plus qu’un Salon pour y remédier!
Par Réda Hadi
Il s’agit selon les initiateurs de ce salon de démontrer les capacités industrielles de la région de la Mitidja dans divers secteurs, et sensibiliser les différents acteurs, à s’orienter vers l’exportation.
Pour beaucoup, cette initiative ne peut être que louable, même si la Mitidja que nous connaissions n’est plus, et qu’elle est en réduite à sa portion congrue. Des vergers d’agrumes, pommiers ou pêchers, des champs verdoyants de légumes en plein été et des serres de poivrons, ne sont plus de que lointains souvenirs, tant ces terres fertiles ont été englouties par le béton.
M. Sayoud Mohamed, gérant d’un bureau d’investissements, estime que «Ce salon ne répond pas aux ambitions que l’on peut attendre de la Mitidja». Il en est de même pour M. Radja, ingénieur agronome et consultant à la FAO, pour qui «la Mitidja mérite plus qu’une place de parking, près d’un stade, même si des représentants de missions diplomatiques sont attendus».
Dans ce cas-là, peut-on vraiment parler de capacités industrielles de la Mitidja, qui jadis était féconde en agriculture ?
Terres à hauts rendements, envahies par les constructions
les dégâts causés à la plaine de la Mitidja sont énormes et la remise en ordre bien difficile à entreprendre. Le seul remède possible consiste à stopper immédiatement le massacre par des mesures juridiques fortes rapidement appliquées sur le terrain. La Mitidja, comme, du reste, toutes les zones agricoles à hauts rendements que compte le pays, est en effet malade d’un urbanisme prédateur qui a déjà coûté à l’Algérie des dizaines de milliers d’hectares de bonnes terres et le ravage n’est malheureusement pas prêt de s’arrêter.
M. Radja, tout en encourageant cette initiative déplore tout de même que «la vocation agricole de la région s’en est trouvée, ainsi, sérieusement menacée. Des cités, des constructions illicites, et l’implantation d‘usines, ont fait perdre à la Mitidja sa valeur marchande agricole. L’agriculture en a terriblement pâtit, et par extension, tous les produits de son terroir. Un salon ne peut suffire à sauver, une agriculture authentique qui a fait notre fierté».
M. Sayoud abonde dans le même sens, et pense que «l’investissement dans la Mitidja doit correspondre à une vraie stratégie pour la production domestique. Une fois la production domestique lancée, l’exportation n‘en sera que la conséquence logique. Comment inciter à investir dans un périmètre agricole envahi par le béton et dont les parcelles restantes ne suffisent même plus aux produits de terroir. On ne peut mettre la charrue avant les bœuf », estime-t-il.
Des économistes avancent aussi que faire valoir les produits de la Mitidja et les exporter, passe avant tout par une production adéquate et labélisée, qui réponde à des normes internationales que nous ne maitrisons pas encore. De plus, ceux-ci expliquent, aussi, que l’intention est méritoire, mais que l’exportation répond à des mécanismes et à une infrastructure logistique, qui n’est pas totalement mise en place.
Les initiateurs de ce salon, espèrent encourager la production de la Mitidja, en sensibilisant les producteurs locaux à s’orienter vers l’exportation, et, pour cela, mettre en place un guichet unique pour les orienter, les informer et assister les opérateurs concernés et intéressés par le dispositif de l’Etat, relatif à la promotion des exportations. Il s’agira aussi d’écouter les préoccupations des opérateurs de la région en créant des espaces de débat et des ateliers de travail, qui aboutiront à des recommandations.
R. H.