La Suisse sollicitée pour une assistance : La justice aux trousses de Bouchouareb et de Khelil

Les biens de deux anciens ministres du régime d’Abdelaziz Bouteflika sont dans le collimateur de la justice algérienne, qui a adressé des demandes d’entraide à la Suisse pour saisir leurs avoirs. Il s’agit d’Abdeslam Bouchouareb, ex-ministre de l’Industrie, et de Chakib Khelil, ex-ministre de l’Énergie, tous deux accusés de corruption et condamnés par contumace à de lourdes peines de prison.

Par Adem M.

Donnant suite à la demande d’entraide de l’Algérie, la Suisse se prépare à examiner un dossier impliquant les deux anciens dirigeants du régime d’Abdelaziz Bouteflika, rapporte le journal helvétique swissinfo.ch. Ces personnalités, toutes deux condamnées pour corruption en Algérie, font, pour rappel, l’objet d’une enquête transnationale visant à récupérer les avoirs détournés, selon la procédure mise en place par les autorités depuis la chute de l’ancien président.

Bouchouareb, champion des condamnations pour corruption 

Abdeslam Bouchouareb a été condamné à de lourdes peines, au terme de cinq procès pour corruption. Il est poursuivi notamment pour «octroi d’avantages lors de passation de marchés, abus de fonction, corruption lors de passation de marchés publics, dissipation de deniers publics et blanchiment d’argent». Il est également impliqué dans le scandale des usines de montage automobile, qui ont bénéficié de facilitations douanières et fiscales en échange de pots-de-vin.

L’ex-ministre de l’Industrie avait été éclaboussé par les Panama Papers en 2016, qui avaient révélé le nom de sa société offshore panaméenne et ses tractations pour ouvrir un compte auprès de la National Bank of Abu Dhabi (NBAD) de Genève alors qu’il était en poste. Il est en fuite à l’étranger depuis le mois de février 2019 et fait l’objet d’un mandat d’arrêt international.

Chakib Khelil, l’ancien homme fort du secteur de l’énergie

Chakib Khelil a été condamné à 20 ans de prison pour «blanchiment d’argent et transfert illicite de devises vers l’étranger». Il est soupçonné d’avoir touché des commissions dans le cadre de contrats passés entre la compagnie nationale Sonatrach, qu’il a présidée, et des entreprises étrangères, notamment l’italienne Saipem.

L’ex-ministre de l’Énergie et ancien président de l’OPEP avait déjà été visé par une enquête en Algérie en 2013, mais il avait bénéficié d’un arrêt des poursuites en 2016, après avoir été gracié par le président Bouteflika. Il avait alors quitté le pays pour s’installer aux États-Unis, où il réside toujours.

Oui pour Bouchouareb et non pour Khelil

Comme indiqué, l’Algérie a sollicité l’aide de la Suisse pour récupérer les avoirs de deux anciens ministres soupçonnés de corruption, Abdessalem Bouchouareb et Chakib Khelil. Ces derniers auraient transféré des sommes importantes dans des banques helvétiques, notamment dans le cadre de l’affaire Sonatrach, du nom de la compagnie pétrolière nationale algérienne.

Ainsi, rapporte la presse helvétique, la Confédération suisse a accepté de coopérer dans le cas de Bouchouareb, qui est visé par un mandat d’arrêt international depuis 2019 et dont les biens en Suisse sont estimés à plus de 600 millions de francs suisses. En revanche, la Suisse a refusé de collaborer dans le cas de Khelil, qui a été ministre de l’Énergie de 1999 à 2010 et qui est accusé d’avoir touché des pots-de-vin de la part de sociétés étrangères. 

La raison invoquée par la Suisse est que les faits reprochés à Khelil sont antérieurs à la signature de la convention d’entraide judiciaire entre les deux pays, en 2016. Ce refus a suscité la déception et la frustration des autorités algériennes, qui espèrent toujours pouvoir récupérer les fonds détournés par Khelil et ses proches, précisent nos sources.

A. M.

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