La start-up Moustachir devient la première entreprise de son genre à entrer à la bourse d’Alger, un événement qui marque une avancée significative dans le développement du marché financier algérien. L’introduction des actions de Moustachir, débutée samedi à Tipasa, ouvre la voie à une nouvelle ère de financement pour les petites et moyennes entreprises (PME) et les start-ups en Algérie.
Par Houria Mosbah
Un lancement qui transforme la finance nationale
Lors de l’inauguration des souscriptions, le directeur général de la bourse d’Alger, Yazid Benmouhoub, a qualifié cette étape de «pilier essentiel pour l’avenir de la finance en Algérie». Il a mis en avant la portée historique de cette opération, soulignant qu’elle offre une alternative moderne au financement classique.
En permettant aux start-ups de lever des fonds via la Bourse, l’économie algérienne amorce une transition vers un financement innovant, orienté vers une économie de la connaissance et non plus exclusivement basée sur la rente.
Cette démarche dépasse le cas de la start-up Moustachir et aspire à inciter d’autres entreprises à forte croissance à suivre le pas.
Elle s’inscrit dans une stratégie nationale visant à moderniser et diversifier les outils financiers tout en dynamisant la croissance économique du pays.
Moustachir : une start-up aux ambitions affirmées
Créée en 2022, Moustachir a su se démarquer grâce à son modèle innovant.
Spécialisée dans le domaine du conseil, elle connecte via une plateforme en ligne des experts et consultants avec des entreprises ou des particuliers à la recherche de solutions personnalisées.
Outre son activité de mise en relation, la start-up accompagne également l’implantation de sociétés étrangères en Algérie et propose des espaces de coworking.
Avec un capital social de 94.437.500 DA, Moustachir offre des actions au prix de souscription de 760 DA.
Cette opération, ouverte jusqu’au 31 décembre, s’adresse aux investisseurs algériens, qu’ils soient des particuliers, des employés ou consultants de l’entreprise, ou encore des entreprises publiques et privées.
Pour son président-directeur général, Kheireddine Boulefa, cette introduction en bourse est une consécration des efforts fournis par son équipe et une preuve de la vitalité de l’environnement des affaires en Algérie.
En seulement deux ans, la start-up a enregistré des taux de croissance significatifs, rendant possible cette étape décisive.
Un signal fort pour l’économie algérienne
L’entrée en bourse de Moustachir s’inscrit dans une stratégie plus large pour renforcer le rôle de la bourse d’Alger dans le financement des entreprises.
La décision d’introduire deux banques publiques à la bourse, dont le crédit populaire algérien (CPA), témoigne de cette ambition.
Le CPA, par exemple, a vu son capital multiplié par huit, atteignant quatre milliards de dollars après son introduction.
Une deuxième banque publique devrait rejoindre la Bourse d’ici fin 2025, renforçant ainsi sa crédibilité et son attractivité.
Vers une économie de la connaissance
Avec cette première introduction d’une start-up, la bourse d’Alger se positionne comme un levier de développement pour les entreprises innovantes.
Selon Yazid Benmouhoub, cette transformation marque un tournant décisif dans la transition économique de l’Algérie, qui passe d’une économie axée sur les ressources naturelles à une économie reposant sur le savoir et l’innovation.
L’exemple de Moustachir ouvre la voie à d’autres start-ups et PME ambitieuses, offrant une nouvelle perspective pour leur croissance et leur intégration dans un écosystème financier en pleine mutation.
H. M.