Par Lyazid Khaber
«Fuyez la manie ancienne des gouvernements de vouloir trop gouverner et laissez aux individus, laissez aux familles le droit de faire ce qui ne nuit point à autrui, laissez aux communes le pouvoir de régler elles-mêmes leurs propres affaires, en tout ce qui ne tient point essentiellement à l’administration générale de la République.»
Robespierre, textes choisis (1957)
Hier, les Algériens étaient appelés à élire leurs représentants au niveau des assemblées locales. L’acte, hautement démocratique en lui-même, inspire. Toutefois, c’est le rôle de l’assemblée communale ou de wilaya qui pose la véritable problématique, car si cette élection ne fait qu’installer de nouvelles personnes à de nouveaux postes de responsabilité, la responsabilité elle-même se pose comme condition sine qua non pour un éveil populaire, un sursaut et un changement, tant au niveau des mentalités que de la perception globale que l’on se fait de ces institutions de la République. Comme disait si bien Montesquieu: «Il n’y a rien de si puissant qu’une république où l’on observe les lois non par crainte mais par passion», les élus, tout comme leurs électeurs doivent désormais penser la république à travers leurs institutions locales. Le devoir d’accompagner les nouveaux élus et, bien évidemment, l’exercice d’un contrôle permanent de leurs actions, devient une nécessité pour s’assurer un avenir meilleur. Ceci dit, le développement est une action collective. Une œuvre citoyenne qui ne peut se faire à travers la démission et le laisser faire. Les communes, dont on dit qu’elles sont jusque-là dépourvues de moyens, ne sont réellement dépourvues que de cet engagement citoyen qui fait que chacun se sente responsable en agissant avec responsabilité envers l’institution et à travers elle, la patrie. Et c’est pour cette raison d’ailleurs, que les nouveaux élus doivent impérativement tabler sur la mobilisation générale des citoyens de leurs localités. Nous savons que le processus ayant conduit à l’élection des uns et des autres peut bien être empreint de considérations locales, tribales ou de «familiarisme», mais l’exercice plein de la citoyenneté par les habitants de la commune peut facilement faire basculer l’ordre des choses, en poussant les nouveaux élus dans la perspective de l’évolution inspirée par les principes fondateurs de la République qui sont l’égalité, le développement et le bien-être du citoyen. Le vrai travail étant donc à partir d’aujourd’hui. Maintenant que les nouveaux responsables au niveau des APC ainsi que les nouveaux représentants aux assemblées populaires de wilayas sont connus, on devra passer à la nouvelle phase de construction, celle de l’avènement de la véritable nouvelle République, celle des citoyens. Celle-ci implique l’engagement de chacun. Le développement économique local passe impérativement par la participation des individus, leur loyauté et leur engagement à développer leurs propres localités. Et c’est ainsi que l’on pourra élever les commune dites pauvres au rang de communes riches. L’investissement dans le patrimoine local hérité, l’exploitation des richesses existantes et l’amélioration du cadre de vie des habitants, est porteur de grands espoirs pour les localités dites déshéritées, à cause de la gestion précédente basée sur les seuls budgets alloués par l’Etat. Les élus locaux doivent désormais agir en vrais managers, en développant et en mettant en valeur les opportunités d’affaires offertes par leurs localités respectives (exploitation des ressources naturelles, agriculture, tourisme…). Il faut ainsi décréter la fin de l’assistanat public et impulser une dynamique de développement qui se base sur les efforts locaux. L’intérêt général impliquant l’intérêt personnel, ce qui fait que la mobilisation, tant des ressources humaines que naturelles, devient possible.
L. K.