La reprise annoncée des importations des véhicules régies désormais par un nouveau cahier des charges, et promises à des conditions avantageuses pour les consommateurs, si elle suscite bien des espoirs autant pour le consommateur algérien que pour la dynamique de la sphère commerciale du pays, ne laisse pas moins, experts et économistes, dubitatifs quant à la portée réelle de l’activité, entre autres, s’agissant d’un cahier des charges qui, selon certains d’entre eux, pose question.
Par Réda Hadi
En ce sens, que le nouveau cahier de charges imposé par le gouvernement fait, déjà, polémique. Alors que des observateurs notent que ce dernier est une bonne chose pour le consommateur, des économistes, à l’instar de M. Nabil Djemaa, soutiennent que ce cahier de charges est «une restriction à l’investissement».
«Ce cahier de charges est une mesure bureaucratique, et restreint l’investissement. Il faut l‘alléger et l’ouvrir, ainsi, à l‘économie. Il ne doit pas être aussi restrictif et ne favoriser que certains. La multiplication des contrôles par un bureau indépendant, par exemple, permettra, d’une part, de libérer l’investissement et de faire barrage à la corruption et à la bureaucratie, de l’autre. Les conditions de ce cahier de charges sont draconiennes et découragent plus d’un», nous a affirmé M. Djemaa.
De l’avis des opérateurs qui travaillent dans ce secteur, il serait même «une véritable catastrophe pour le secteur». «Il est impossible de travailler dans ces conditions et essayer de vendre au client, à la fois, un véhicule de qualité et à un prix raisonnable», nous a dit l’un d’entre eux.
Les avis restent tout de même partagés, car certains estiment qu’«une garantie minimum de 5 ans ou de 120 mille kilomètres, des équipements de sécurité embarqués obligatoires …est une très bonne chose pour le consommateur algérien». L’un des problèmes qui attise encore la colère des opérateurs est l’obligation d’avoir, via un contrat de location ou un acte de propriété, un bien d’une superficie de 6400 m2.
Nabil Djemaa, soutient, quant à lui, que ces restrictions ne sont pas favorables à notre économie. «Il faut ouvrir le marché à la concurrence et non favoriser quelques-uns, mais cette ouverture ne doit pas se faire au détriment d’un contrôle strict et indépendant du pouvoir politique», a-t-il soutenu, tout en spécifiant que «la bureaucratie asphyxie notre économie».
Importations de véhicules : Qui sont les opérateurs ?
Les importations de voitures neuves sont suspendues depuis l’année 2018, pour plusieurs raisons. Les usines de montage automobile sont à l’arrêt depuis plusieurs mois, avec pour résultat : le prix des véhicules d’occasion qui flambent.
Toutefois, des véhicules neufs, sont proposés à la vente. D’où viennent-ils, alors que les importations sont suspendues ? Une question que beaucoup de citoyens se sont posés. La réponse est venue du Président Tebboune, qui, interrogé par des confrères avait répondu : «L’importation de véhicules par les particuliers avec leurs propres moyens n’est pas interdite par la loi».
Pour Bilel Laouali expert en économie, «en fait, ce sont les importations des concessionnaires, à travers des domiciliations bancaires, qui sont suspendues. Pour les particuliers, l’importation se fait directement, sans domiciliation bancaire. Ils doivent, toutefois, s’acquitter des taxes douanières». Et d’ajouter, «qu’à défaut d’importer un véhicule neuf, il y a possibilité pour un véhicule de moins de 3 ans».
En ce sens Bilel Laouali précise aussi que «le projet de Loi de finances complémentaire 2021, prévoit, en effet, dans l’article 33, la séparation du dispositif de dédouanement pour les véhicules de tourisme de moins de trois ans, des neufs, révisant ainsi la réglementation relative à l’importation de ce type de véhicules, alors que l’article 110 de le LF 2020, réunit l’importation des véhicules neufs et celle d’occasion», explique-t-il.
En effet, dans l’article consacré à ce sujet, la Loi de finances complémentaire 2021, stipule, donc, de débloquer les opérations d’importation des véhicules neufs de transport des personnes et des marchandises, y compris les tracteurs et les véhicules à usages spéciaux.
L expert a aussi précisé que «les Algériens résidant à l’étranger et immatriculés auprès d’un consulat d’Algérie depuis au moins trois ans peuvent importer un véhicule dans le cadre du CCR (Certificat de changement de résidence). Officiellement, ce dispositif concerne les personnes qui désirent rentrer définitivement en Algérie».
R. H.