La réforme des industries des réseaux s’impose. C’est ce que des experts ont, néanmoins souligné, hier à Alger, lors d’un séminaire de deux jours organisé par le Conseil économique, sociale et environnemental (CNESE), placé sous le thème «la dynamique des industries des réseaux : électricité, gaz, eau, transport et télécommunication».
Par Akrem R.
Ce domaine est monopolisé jusqu’à présent par l’Etat, dont des investissements colossaux ont été consenti par le Trésor public. Depuis 2000 à 2017, l’Etat a engagé 36 000 milliards de DA, soit 320 milliards de dollars en investissements publics. Toutefois, la situation financière du pays, les changements climatiques, la transition énergétique, la crise sanitaire et la décentralisation, sont autant de factures qui exigent la réforme de l’industrie des réseaux.
Sur ce point, le président du CNESE, Réda Tir, est catégorique : «Le modèle actuel a montré ses limites», expliquant que le maintien du monopole de l’Etat sur cette industrie exige, ainsi, une tarification de subvention.
Pour lui, afin de développer l’industrie des réseaux, tout en fournissant un service public de qualité, il faut, tout simplement, changer de modèle. D’ailleurs, c’est le but de l’organisation de ce séminaire afin de donner des idées novatrices au gouvernement, dira-t-il d’emblée. Réda Tir a indiqué, en outre, que le développement de ce domaine nécessite à la fois l’acquisition de nouvelles technologies et des financements adéquats.
Pour sa part, D. Halliche membre du CNESE, a mis en avant, dans sa communication, «le monopole dans les industries de réseau…quel présent pour quel avenir ?», les faiblesses du modèle actuel, et ce, en dépit des avantages qu’il (le modèle) présente.
Selon elle, le domaine des industries des réseaux dans notre pays est caractérisé par l’inefficacité dans la gestion des différents secteurs, accumulation du déficit budgétaire et subvention massive. Ceci exige et impose une refonte globale du modèle actuel, notamment, durant cette conjoncture économique et sanitaire difficile. « La théorie de la croissance endogène a démontré que les investissements en infrastructures ont une influence positive sur les taux de croissance à long terme. Mais ces gros investissements, une fois réalisés, ont connu parfois des situations de sous-exploitation, de manque de maintenance, d’inefficacité dans l’offre des services et d’improductivité…», a-t-elle détaillé.
Indiquant que le choix de ce sujet, «les industries des réseaux», en l’occurrence, n’est pas fortuit, Reda Tir a mis l’accent sur la nécessité de diversifier les modes de financements, en faisant allusion aux contrats de l’Etat, joint de venture et le partenariat public-privé (PPP).
Ouvrir le capital des entreprises publiques
Outre la réforme de la législation en vigueur régissant ce domaine, le président du CNESE a préconisé l’engagement d’une quadruple réforme pour plus d’efficacité. Il s’agit, en effet, de l’accroissement des incitations à l’investissement, de rééquilibre des tarifs entre entreprises et consommateurs, l’ouverture du marché à la concurrence et le transfert des autorités de régulation à des organismes indépendants.
Toutefois, estime Mme Halliche, s’ouvrir à la concurrence nécessite une préparation au préalable. En somme, toutes ces réformes conduiront à l’émergence d’un modèle rentable, garantissant des services de qualité. Dans ce cadre, M. Boudé, un expert français a mis l’accent sur la nécessité de défendre le service public et plaidé pour que le réseau doive être la priorité de l’Etat. La solution au problème du financement réside dans l’ouverture du capital des sociétés publiques, activant dans le domaine des réseaux, citant, comme exemple, le ces d’EDF. Cette dernière a procédé à l’ouverture de son capital à hauteur de 15%. C’est une option pour capter les financements nécessaires à la réalisation de ces projets. Sur ce point, Ryadh Boudjemadi, un expert en EnR, a estimé que l’ouverture du capital du groupe Sonelgaz est indispensable. C’est le seul moyen d’injecter directement des financements dans ses caisses, en lui permettant d’aller s’implanter à l’international. Le directeur du CDER, Professeur Noureddine Yassaa, a indiqué, pour sa part, que la transition énergétique et l’émergence de nouvelles technologies vont bouleverser l’industrie des réseaux. En effet, l’intégration des réseaux intelligents et décentralisés réduira, dira-t-il, les coûts d’investissements et donnera plus d’efficacité. «On se dirige vers une gestion décentralisée des énergies», a-t-il dit, faisant savoir qu’un rapport sera élaboré par le CDER sur la gestion durable des réseaux énergétique.
A.R.