La plupart des incendies de forêt maitrisés en 48 h à travers le pays : La stratégie de l’Etat a payé

La plupart des incendies de forêt maitrisés en 48 h à travers le pays : La stratégie de l’Etat a payé

L’Algérie qui fait face, à l’instar d’autres pays de la méditerranée, aux effets dévastateurs du dérèglement climatique, dont la sécheresse, a adopté une stratégie proactive pour lutter contre les incendies de forêts. En effet, un dispositif important a été mis en place depuis le début de mai dernier, et qui commence à porter ses fruits sur le terrain.

Par Akrem R.

Ainsi, la plupart des incendies et départs de feux déclarés, durant les dernières 48 heures, à travers le pays, en particulier dans les wilayas de Tizi-Ouzou et Bejaïa, ont été maitrisés.

En dépit des dégâts occasionnées, dont des superficies importantes qui ont été ravagées, aucune perte humaine ni blessé, cependant, n’a été déploré parmi les populations.

En effet, le dispositif au sol est toujours maintenu sur place pour la surveillance des sites brûlés en raison des conditions climatiques défavorables caractérisées par de fortes chaleurs et du vent.

« La totalité des incendies ont été maitrisés à travers le pays. Les équipes sont toujours en place pour la surveillance des sites brûlés, et pour éviter de nouveaux départs de feux», a déclaré, hier, Said Fritas, sous-directeur de la protection du patrimoine forestier à la Direction générale des forêts.

Ceci témoigne de la réussite et de l‘efficacité, jusqu’à présent, de la stratégie mise en place par les pouvoirs publics, regroupant les différents secteurs.

Toutefois, un grand travail reste encore à faire en matière de sensibilisation, d’autant que l’origine des incendies en Algérie est humaine.

Des bombardiers d’eau et des centaines de pompiers équipés de moyens nécessaires ont été mobilisés pour éteindre ces feux de forêt, évitant, ainsi, le scénario dramatique de l’année précédente où des décès et des blessés ont été déplorés sans compter les dégâts matériels et perte de cheptels, faisant, par ailleurs, que l’Etat a été contraint de débourser près de 45 milliards de DA en termes d’indemnisation.

Dans son intervention, le représentant de la DGF a expliqué qu’une coordination est en cours avec le centre météorologique national pour préparer une prévision météorologique pour les forêts afin de surveiller les conditions météorologiques, la vitesse du vent, les niveaux d’humidité et les températures, considérant que les changements et les facteurs climatiques sont des indicateurs importants pour prévoir à l’avance des départs de feux de forêts.

Soulignant les efforts de l’État pour réduire les dangers des incendies de forêt, l’intervenant a appelé, à travers les ondes de la radio nationale « Chaîne I», les citoyens à s’impliquer dans cette stratégie, en lançant, notamment, des alertes sur ces dangers.

Said Fritas a indiqué qu’un travail d’évaluation des incendies est en train de se faire par les services de la DGF. Selon les premières estimations, pas moins de 15 ha ont été ravagés dans la wilaya de Bejaïa, et d’autres superficies plus importantes dans la wilaya de Tizi-Ouzou.

La mobilisation et la vigilance des services concernées sont plus que recommandées pour le reste de la saison estivale marquée par des températures caniculaires.

D’ailleurs, ces incendies font depuis 1998 perdre à l’Algérie, chaque été, une moyenne de 30 000 à 40 000 hectares d’espaces verts, a indiqué pour sa part, le président du Club algérien des risques majeurs, Abdelkrim Chalghoum.

Et de rappeler, dans une courte rétrospective, que ces ravages par les feux de forêt ont occasionné des pertes humaines, de cheptels et touché pleinement à l’agriculture.

Plaidoyer pour une cartographie multirisque

Ainsi, donc, d’année en année, on s’aperçoit que le problème ne se règle pas, et qu’un minimum de 30 000 hectares de forêt est ravagé annuellement.

Cette situation va de mal en pire et relève, selon lui, en l’absence d’une prévention adéquate et fiable basée sur une cartographie des zones à risque d’incendies.

«Il y a des années que ce pic s’amplifie jusqu’à atteindre, en 2021, les 90 000 ha ravagés par les feux de forêts à Mila, à Blida, à Jijel, à Khenchela et à El Tarf, auxquels doit-on ajouter les 25 000 ha, partis en fumée en Kabylie », a rappelé Chalghoum dans son intervention à radio nationale « Chaîne III».

Le spécialiste a revendiqué avec insistance « une cartographie multirisque » des zones à risque, échelonnée par degrés de dangerosité, un outil indispensable et efficace dans la lutte contre les incendies, regrettant jusqu’alors la négligence de cet aspect.

Pour lui, il faut une réflexion sur la réorganisation de toutes les institutions concernées par la gestion et la prévention des risques majeurs, expliquant que « la segmentation de cette organisation est limpide et est très détaillée, mais tardant à venir».

Il faut un organisme de gestion et de prévention des crises

Déplorant le fait que la situation ait atteint maintenant un seuil tel qu’il est devenu insupportable pour l’Algérie, l’intervenant a estimé qu’il est grand temps de s’intéresser de près à la gestion et la prévention des risques majeurs et la mise en place d’un Organisme national de gestion des crises.

« Il faut impérativement mettre en place une cellule de gestion de ces risques au niveau de la présidence de la République directement, puisque c’est une question de sécurité nationale», recommande-t-il. Faut-il une université ou une école supérieure des risques majeurs ?

L’orateur rappelle qu’il a déjà proposé des masters ou des magisters en sciences des catastrophes avec un programme bien ficelé, en collaboration avec des universités étrangères spécialisées, mais malheureusement, regrette-t-il, cela est resté lettre morte.

Ce dispositif permettra de se pourvoir de ressources humaines, comme les secouristes de catastrophes, le médecin de catastrophes, les sapeurs-pompiers, les ingénieurs de catastrophes et le journaliste de catastrophes qui doit gérer l’information sans provoquer la panique générale.

Etant riche en verdure et épicentre des incendies, la Californie, une zone à risques aux USA, s’impose, dit-il « en modèle aux Algériens pour s’en inspirer. Ils ont de l’expérience dans la lutte des incendies ».

Pour prévenir les incendies, les Californiens ont aménagé des dispositifs préventifs exemplaires comme des tranchés pare-feu, des pistes anti-feux, des campagnes de débroussaillage devant chez soi où le citoyen est étroitement impliqué pour sa propre sécurité.

« La sensibilisation des citoyens est une obligation majeure, surtout que nous avons des massifs verts habités contrairement à la Californie», avise-t-il, et où il est interdit de construire des habitations dans les zones forestières, toutefois ils y circulent à l’aise sur de larges pistes en caillasses avec des espaces aménagés de points d’eau.

« Le citoyen est bien impliqué dans le processus de prévention qui ne coûte pratiquement rien», conclut-il.

A. R.

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