Annoncée en grande pompe par le Premier ministre, Aïmen Benabderhamane, en septembre 2021, en faisant savoir même que la nouvelle loi sur la monnaie et crédit était en passe d’être finalisée. «Il ne reste que les dernières retouches pour sa finalisation et promulgation», a-t-il dit lors d’une plénière au Conseil de la nation consacrée à la présentation du Plan d’action du gouvernement, mais, depuis… wait and see.
Par Akrem R
En mars 2022, le vice-gouverneur de la Banque d’Algérie, Mouatassem Boudiaf, a fait savoir que «le projet de réforme avance bien et sera bientôt finalisé». Un an après, cette loi n’est pas encore promulguée, et portant, elle est la revendication principale des acteurs économiques, patronat et même des institutions financières.
«Nous nous dirigeons aujourd’hui vers une économie ouverte sur le monde. Il faut que la loi sur la monnaie et le crédit soit révisée. Il faut aller vers une réforme bancaire et fiscale absolue et à fond», avait souligné le chef de l’Etat l’année dernière lors d’une entrevue avec la presse. Le Président qui a tracé les grands axes de sa stratégie dans son plan de redressement contenu dans son programme, voit ainsi l’un de ses engagements retardé par la passivité de ce gouvernement dont on annonce, désormais, le départ pour les tous prochains jours, ou tout au plus pour les toutes prochaines semaines.
Un retard qui risque de freiner le projet ambitieux de relance économique. Le système bancaire et financier actuel n’est pas adapté et ne répond nullement aux aspirations des investisseurs et chefs d’entreprises.
Ces derniers trouvent des difficultés énormes pour le financement de leur projet, et ce, en dépit des orientations du Premier ministre, banquier et financier de formation pour la réduction des délais du traitement des dossiers de crédits.
Les procédures sont toujours lourdes et les systèmes d’informations sont dépassés. À titre d’exemple, le virement d’un compte à compte entre deux agences d’une même banque publique prendrait 48h ! Ceci résume la situation qui prévaut au sein de nos banques, dont un grand travail reste encore à faire afin d’être à la hauteur des défis et surtout aspirations des citoyens.
En matière d’investissement, des crédits à taux négatifs se présentaient sur les marchés financiers, mais le chef d’entreprise algérienne ne tirerait pas profit. La loi en vigueur l’interdit. Pour le président de la CAPC, Sami Mohamed Agli, «il est temps que le gouvernement autorise les entreprises privées à faire des emprunts à l’étranger», en estimant qu’il n’est plus permis de s’appuyer uniquement sur l’argent du Trésor public et les crédits bancaires.
Une option pratiquée par beaucoup de pays à travers le monde qui ne s’agit pas de recourir au FMI, mais plutôt à des crédits faits par les investisseurs privés afin de concrétiser leurs projets.
Challenge de l’internationalisation des entreprises
Le challenge des entreprises algériennes est l’internationalisation. Mais cela implique que les entreprises soient présentes à l’étranger. Qu’elles puissent racheter, qu’elles puissent réussir à tirer profit de la croissance des marchés à l’instar du marché africain que tout le monde convoite.
Toutefois, plusieurs obstacles et contraintes freinent les entreprises à aller à l’international. Actuellement, seul la Sonatrach et la Sonelgaz et un groupe privé (Cévital), détiennent des actifs à l’international. Des efforts doivent être consentis, dans ce sens, afin de libérer l’entreprise algérienne en lui balisant le chemin à s’internationaliser. Des opérateurs privés ont affiché la volonté d’y aller mais, la loi actuelle est rigide, notamment en ce qui concerne le volet du financement. La problématique du transfert de la devise pèse lourdement dans cette opération.
En somme, la volonté affichée par les pouvoirs publics de booster les exportations hors hydrocarbures n’a pas été suivie par des mesures concrètes de facilitation. Cette situation n’encourage pas les opérateurs économiques à se tourner vers l’export. À cet effet, la révision de cette loi est une nécessité absolue.
La réforme de la loi sur la monnaie et le crédit, selon le projet du gouvernement, porte sur l’insertion du principe de mandat pour le gouverneur de la Banque d’Algérie en vue d’assurer une autonomie de la Banque centrale et de réhabiliter le rôle des outils de la politique monétaire dans la réalisation des grands objectifs économiques. Il s’agit également de l’insertion des principes de gouvernance dans la gestion des banques et des institutions financières et l’autorisation des fournisseurs de services de payement à accéder au système national de payement en tant que «actionnaire indépendant» pour promouvoir l’économie numérique. A cela s’ajoute l’autorisation des courtiers exerçant de façon libérale à accéder au marché monétaire interbancaire et à rendre l’adhésion dans la centrale des risques obligatoire pour toutes les instances de crédit et de microcrédit. A. R.