L’Algérie, qui s’est lancée dans un vaste programme de diversification de son économie, accorde une importance particulière à la formation professionnelle en adaptant sa nomenclature de formation aux besoins d’un marché du travail en pleine mutation. Des réformes profondes ont été engagées, notamment par une révision totale des formations dispensées dans les plus des 1 200 établissements de formation répartis sur différentes wilayas du pays, incluant des instituts nationaux spécialisés et des centres de formation professionnelle.
Par Akrem R.
«Le secteur de la formation professionnelle, en collaboration avec le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, s’est attelé, au titre de cette session, à améliorer l’alignement des offres de formation avec les besoins du marché du travail, en réduisant les offres actuellement saturées et en augmentant celles dont la demande est en hausse», a détaillé le ministre, Yacine El-Mahdi Oualid, lors d’un point de presse organisé en marge du coup d’envoi de la rentrée professionnelle depuis la wilaya de Blida.
Cette nouvelle rentrée professionnelle (session de février 2025) a été marquée par l’introduction de quatre nouvelles spécialités, telles que la maintenance dans les domaines de l’aéronautique, de la gestion aéroportuaire et des automobiles, en réponse aux exigences des investisseurs, notamment dans la wilaya d’Oran qui abrite «un grand nombre d’opérateurs dans la construction automobile».
En effet, l’objectif à travers l’ouverture de ces nouvelles spécialités, au nombre de 426, est d’adapter la formation aux besoins du marché du travail et de répondre aux spécificités de chaque région. «Nous comptons également œuvrer, à l’avenir, à l’introduction de nouvelles spécialités adaptées au marché du travail», a-t-il ajouté.
Réalisation de 15 centres d’excellence
Yacine El-Mahdi Oualid a rappelé, à cette occasion, le projet de son secteur portant sur la réalisation de 15 centres d’excellence, actuellement en cours de mise en œuvre à travers plusieurs wilayas, dont Oran, qui abritera un centre d’excellence dédié à l’industrie mécanique et à l’assemblage automobile. Il a annoncé leur entrée en exploitation «lors de la prochaine rentrée professionnelle, soit la session d’octobre 2025».
Ces centres d’excellence « destinés à l’élite » seront notamment dédiés à l’industrie pharmaceutique, au textile, à la sidérurgie, entre autres, a-t-il précisé, expliquant que l’objectif principal visé par leur réalisation est «de remodeler la carte de la formation au niveau national, tout en assurant des offres de formation adaptées à la nature du tissu industriel de chaque wilaya».
Soulignant que les inscriptions pour cette session se sont déroulées « pour la première fois avec zéro papier » grâce à la plateforme numérique « Takwin.dz », qui a permis l’inscription à distance de 251 000 jeunes, le ministre a indiqué que ces jeunes ont choisi une formation professionnelle pour améliorer leur avenir, mais qu’ils représentent également l’avenir de l’Algérie.
D’importants projets structurants sont en cours de réalisation à travers le pays et des milliers de projets sont également enregistrés à l’Agence algérienne de la promotion de l’investissement (AAPI), rappelle-t-on.
Cela nécessite une main-d’œuvre qualifiée capable de relever le défi de la concrétisation de ces ambitieux projets et de contribuer également à la promotion de l’entrepreneuriat dans divers domaines.
Aller vers l’excellence
Au passage, le ministre a mis l’accent sur l’amélioration de la qualité de la formation, précisant que cela est l’un des objectifs de son département.
«La qualité de la formation est quelque chose de très important pour nous. À travers les centres d’excellence, nous voulons densifier notre région d’ingénierie pédagogique. Nous voulons aller vers l’excellence», a-t-il dit.
Et d’ajouter : «Nous voulons également mettre à jour notre nomenclature des formations pour qu’elles s’adaptent davantage aux besoins du marché du travail. Nous voulons aussi permettre, dans le cadre de l’approche par compétences, de certifier les blocs de compétences pour, pourquoi pas, à l’avenir, aller vers des doubles cursus ou même des formations continues dans certains domaines techniques.»
À travers cette nouvelle feuille de route, l’objectif du département de Yacine Oualid est également de mettre en place des normes pour le secteur de la formation professionnelle, des normes en matière d’infrastructure et de formation.
Dans ce cadre, le ministre a annoncé qu’ «un projet très ambitieux est actuellement en cours au niveau du secteur, à savoir la mise en place de la norme ISO 200001 dans un certain nombre d’établissements. Ce seront les premiers établissements de formation à être certifiés et à être aux normes ISO 25001». Selon le ministre, même le secteur privé est concerné par ce programme.
«Nous avons aujourd’hui plus de 500 écoles privées de formation professionnelle que nous voulons également accompagner et développer», a-t-il ajouté, annonçant que des réformes, d’ordre réglementaire et légal, seront également engagées, afin d’améliorer l’image de la formation professionnelle et de ne pas la percevoir comme «une bouée de secours», mais comme un choix, et non le fruit d’un échec scolaire.
Il s’agit de faire en sorte qu’elle soit réellement un choix pour nos jeunes, notamment à travers la mise en place du bac professionnel.
Il est à rappeler qu’un accord de partenariat a été signé, la semaine dernière, entre le ministère de la Formation et de l’Enseignement professionnels et l’Agence de coopération internationale allemande (GIZ), dans le cadre de la mise en œuvre du projet (AEDA II), visant à améliorer l’employabilité des diplômés de la formation professionnelle.
Selon les organisateurs, cet accord s’inscrit dans le cadre du renforcement de la coopération algéro-allemande dans le domaine de la formation professionnelle, à travers la mise en œuvre du projet (AEDA II) pour bénéficier de l’expérience allemande afin d’introduire des méthodologies modernes et d’améliorer la qualité de la formation, et permettre ainsi aux diplômés du secteur d’intégrer facilement le marché du travail.
Ce projet comprend plusieurs axes, dont «le renforcement de la formation numérique, l’amélioration de la qualité de la formation par la mise à jour des programmes et l’adoption de techniques d’enseignement modernes», et ce, dans le but de «rehausser l’employabilité des diplômés de la formation professionnelle par des programmes de formation plus adaptés aux exigences du marché du travail, notamment en adoptant des méthodes d’apprentissage numérique comme moyen moderne pour acquérir des compétences professionnelles».
Après avoir procédé au coup d’envoi de la nouvelle rentrée de la formation professionnelle de la session février 2025, le ministre a supervisé, à Blida, le lancement de la 2e session de formation en entrepreneuriat destinée aux diplômés du secteur, afin de leur ouvrir droit à des crédits de l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat (NESDA) pour financer leurs projets.
M. Yacine El-Mahdi Oualid a réitéré, à cette occasion, son encouragement aux jeunes pour investir le monde de l’entrepreneuriat, affirmant que son département ministériel « accorde une grande importance » à l’accompagnement des porteurs de projets parmi les diplômés de la formation professionnelle, tout en œuvrant pour permettre à un plus grand nombre de stagiaires, des deux sexes, d’intégrer le monde de l’entrepreneuriat.
A. R.