La formation dans le secteur agricole : Les conditions d’un nouvel essor

La formation dans le secteur agricole : Les conditions d'un nouvel essor

Le nouvel intérêt que portent les pouvoirs publics au secteur agricole- dans un contexte géostratégique mondial tendu et de changements climatiques porteurs de gros facteurs de perturbation- combine des solutions internes (exploitation des terres selon les priorités nationales de consommation et les exigences écologiques des cultures, ainsi que l’irrigation d’appoint), aux solutions de partenariat avec l’étranger (Italie, Qatar) censées apporter leur plus-value de technicité et de financement.

Par Amar Naït Messaoud

Le challenge est d’autant plus important que, outre les impératifs de la diversification des cultures et de la production, le problème se pose en termes de productivité par unité de surface (pour la production végétale) et par une unité de bétail (pour la production laitière et de viande).

La superficie agriculture utile (SAU) algérienne est évaluée à 8 563 669hectares, soit, rapportée à la population algérienne, forte de ses45 millions d’habitants, un SAU de 0,18 ha par habitant.

L’orientation adoptée pour l’intensification des cultures céréalières, des légumineuses et des oléagineux nécessite imparablement des méthodes managériales et de conduite techniques éprouvées, impliquant la mobilisation de toutes les énergies, particulièrement en ressources humaines, dans toutes les spécialités liées aux études agronomiques (productions végétales et animales, pédologie, hydraulique agricole, génie rural, écologie, médecine vétérinaire, agro-alimentaire, biotechnologies,…).

DES PROBLÉMATIQUES ET MULTIPLES FACETTES

En tous cas, les problématiques liées au niveau de performance de l’agriculture algérienne ne cessent de faire valoir leurs facettes multiples, allant du foncier- avec la nécessité impérieuse de sa stabilisation-, jusqu’au secteur de la transformation agroalimentaire, en passant par la formation, la technicité, la vulgarisation, l’innovation technologique, la maîtrise des circuits commerciaux et les efforts de se réserver des parts de marchés à l’exportation.

Si le thème de la sécurité alimentaire a puissamment imposé sa présence dans tous les débats inhérents au secteur de l’agriculture, le développement de cette part majeure de l’économie nationale, tel qu’il est vu et décrypté par les experts, peut bien aller au-delà, en constituant, avec le tourisme, l’artisanat, les mines et les nouvelles technologies de l’information et de la communication, de nouvelles sources de diversification économique à même d’atténuer, et, à moyen terme, de juguler, la dépendance du pays vis-à-vis des hydrocarbures.

Pour certaines productions comme le vignoble, les agrumes, la datte, le liège-, le marché mondial est à reconquérir, parce qu’ils l’ont déjà connu auparavant.

Pour l’huile d’olive, qui commence à acquérir une clientèle à l’étranger, et pour d’autres produits encore, de nouveaux efforts sont nécessaires pour leur faire acquérir ce « statut » de produit exportable, outre des incitations fiscales et des facilités administratives pour les opérateurs qui travaillent à rééquilibrer la balance des échanges économiques algériens avec l’étranger, pouvant, à terme, inverser même l’équation au profit de l’Algérie.

Après avoir promulgué en 2010 la nouvelle loi sur le foncier agricole qui régit le domaine privé de l’État, faisant passer le mode de jouissance perpétuelle à la concession de 40 ans sur deux millions d’hectares hérités des anciens domaines autogérés, et après avoir procédé à la reconversion réorienté des fermes-pilotes en unités de production relevant du secteur public, affectées à la production des légumineuses et des oléagineux, l’intérêt sera porté sur les autres maillons qui constituent la chaîne de la performance dans ce secteur si sensible.

Parmi ces maillons, celui de la formation demeure un des défis majeurs qui se posent à un certain nombre d’autres secteurs aussi. Déjà, en 2014, le gouvernement avait décidé de créer quatre lycées agricoles sous tutelle du ministère de la Formation et de l’Enseignement professionnels.

Ces structures de formation se rajoutent à aux Instituts technologiques moyens agricoles (ITMA), sous tutelle du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, chargés de la formation de techniciens en agriculture.

La formation supérieure est assurée par les départements d’agronomie répartis sur plusieurs wilayas du pays et l’École nationale supérieure d’agronomie (ENSA, ex-INA) d’El Harrach.

D’autres spécialités -telles que l’hydraulique, la médecine vétérinaire, les biotechnologies,…etc.- sont abritées par d’autres départements d’enseignement supérieurs.

À cela s’ajoutent les différents centres de recherche (INRA, Institut national de l’arboriculture fruitière et de la vigne, Institut national des sols, de l’irrigation et du drainage, Institut national de Office de développement de l’agriculture saharienne,…etc.).

MAILLON STRATÉGIQUE DE L’ÉCONOMIE AGRICOLE

La formation dans les techniques et la gestion agricoles n’ouvrira pas seulement une voie pour l’accès à des emplois dans des entreprises agricoles, mais également à la création de micro-entreprises dans le cadre des dispositifs mis en place par le gouvernement, à l’image de l’Agence nationale du développement des investissements.

Par ce moyen, les porteurs de projets candidats au micro crédit sont censés être des diplômés dans la spécialité pour laquelle ils comptent solliciter un financement par le moyen du microcrédit.

Outre les métiers de management et d’encadrement technique en amont des exploitations agricoles, la technicité c’est aussi dans lesmenus métiers exercés jadis parles ouvriers spécialisés.

En fait, ce sont des métiers entiers qui ont disparu de la nomenclature des travaux techniques et des connaissances. Certains investisseurs qui ont tenté l’ « aventure » de l’agriculture dans les Hauts Plateaux, et après avoir acquis le matériel et construit les hangars, n’ont pas trouvé de main-d’œuvre spécialisée dans le greffage, la taille, les soins phytosanitaires ou l’activité zootechnique.

Ce déficit d’implication du secteur de la formation, observé dans les années 1990 te au début des années 2000, devrait être rapidement rattrapé en établissant une parfaite symbiose entre les gros investissements, en termes financiers, et l’accompagnent technique, considéré comme un des maillons stratégique de l’économie agricole.

A. N. M.

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