La Confédération Algérienne du Patronat Citoyen «CAPC», a présenté, hier à Alger, une étude sur la sécurité alimentaire intitulée : « De la Sécurité à la souveraineté Alimentaire de l’Algérie». Dans le contexte actuel de mondialisation des chaines de production et d’approvisionnement et d’hégémonie des marchés des produits agricoles, la sécurité alimentaire est une condition et une composante centrale de la souveraineté politique.
Par Akrem R.
La crise sanitaire, mais aussi les autres crises «nous imposent aujourd’hui la nécessité d’engager la réflexion sur les bases productives du secteur agricole pour réduire le déficit des productions stratégiques (céréales, lait, sucre et huiles alimentaires) et renforcer, ainsi, l’autonomie du secteur agricole et agro-alimentaire par rapport aux marchés extérieurs», estime le président de la CAPC, Mohamed Sami Agli.
En effet, la question de la sécurité alimentaire, voire la souveraineté alimentaire, est aujourd’hui au cœur des problématiques du développement économique et même au-delà, elle touche à la souveraineté nationale ; ne parle-ton pas aujourd’hui de souveraineté alimentaire ?
En dépit des efforts engagés par l’Algérie depuis notre indépendance pour aller vers la voie d’une économie prospère avec un environnement propice au développement, le chemin demeure toujours long. L’Algérie est dépendante des marchés internationaux en plusieurs produits, notamment, les céréales, le lait, le sucre et d’autre produits de large consommation. Annuellement, une facture de 10 milliards de dollars est allouée uniquement aux produits alimentaires. Cette situation nous interpelle tous et nous invite à la plus grande vigilance, dira d’emblée le président de la CAPC, proposant une citation : «Malheur au peuple qui se nourrit de ce qu’il ne cultive pas et qui s’habille de ce qu’il ne tisse pas».
Incertitudes du marché mondial
Selon l’étude présentée par le professeur O. Bessaoud, une grande incertitude pèse sur les perspectives des marchés mondiaux de produits alimentaires. Si la volatilité des prix a été contrôlée depuis 2012, grâce à plusieurs records mondiaux de production de céréales, en particulier, il n’est pas certain que cette situation perdure à l’avenir : les estimations FAO-OCDE (perspectives 2030) montrent que la volatilité des prix des produits agricoles mondiaux doit plutôt augmenter ou se maintenir à un niveau élevé dans le futur, estime-t-il. En rapport avec les incertitudes pesant sur la géopolitique mondiale, «il faudra s’attendre, sur le court et moyen terme, à des tensions sur les marchés mondiaux des denrées alimentaires de base avec une hausse des prix des produits agricoles. L’Algérie paiera à l’avenir plus cher ses importations alimentaires», souligne le professeur Bessaoud.
À cet effet, estime Sami Agli, l’heure est venue pour l’engagement d’un véritable débat sur les questions essentielles dans le but de mettre les jalons d’une économie diversifiée loin de la manne pétrolière. «Notre économie adossée presque exclusivement à l’exportation d’une ressource naturelle non renouvelable, a déjà, par le passé, subit de plein fouet le choc de la chute des prix du pétrole. Allons- nous continuer à nous voiler la face, en engageant de faux débats, parfois stériles, faits d’amalgames, et qui, en définitif, ne visent qu’à entretenir une inertie économique favorable à cette économie des containers. Une inertie qui nous coûte cher aujourd’hui et qui coûtera encore plus à l’avenir si elle continue. C’est malheureusement une réalité amère : Nous importons toutes ou presque toutes nos matières premières agricoles que nous consommons et, de fait, nous finançons ainsi des millions d’emplois ailleurs que dans notre pays.
Appel à un sursaut collectif
Ne faudrait-il pas plutôt, dans un sursaut collectif urgent, unir nos efforts, afin d’inverser irrémédiablement le mode de fonctionnement de notre économie, dans le cadre d’une vision stratégique consensuelle et viable, axée sur le développement humain et qui soit créatrice de richesses, seule voie pour garantir notre souveraineté économique ?», souligne-t-il.
Et d’ajouter : «L’action de notre organisation a pour objectifs la promotion de l’entreprise nationale et son développement, pour servir, dans le cadre d’un système d’organisation économique ouvert et concurrentiel, l’intérêt général de la collectivité nationale et le bien être des algériens».
Cette première étude vient compléter et approfondir les diagnostics et les conclusions déjà présentés en 2016. «A travers cette étude, nous voulons à la CAPC apporter notre contribution au débat national préparatoire aux grandes réformes économiques annoncées par M. Le Président de la République», affirme-t-il.
Le rapport est présenté en 6 chapitres couvrant l’ensemble des domaines, allant du contexte socioéconomique aux marchés mondiaux en passant par le potentiel agricole algérien, les performances de l’agriculture algérienne et les politiques mises en place. Chaque chapitre se termine par une conclusion.
Synthèse A. R.