La nouvelle culture de gestion des secteurs économiques que le chef de l’Etat s’atèle à mettre en place ces deux dernières années, consistant notamment à débureaucratiser les sphères décisionnelles et instaurer plus de souplesse dans le traitement des doléances des opérateurs économiques au niveau des différents démembrements de l’administration, tarde-t-elle à se mettre en place ?
Par Mohamed Naili
C’est du moins ce qui ressort des constats que continuent de dresser à l’unanimité des chefs d’entreprise et porteurs de projets d’investissement dans divers domaines d’activité. S’inscrivant dans cette démarche, Abdelouahab Ziani, président de la CIPA (confédération des industriels et producteurs algériens), vient de réitérer cette doléance, en appelant l’administration à faciliter la tâche à l’opérateur économique et l’accompagner dans le lancement de son projet. « Le président de la république l’a démontré par son travail que la bureaucratie est le premier ennemie de l’économie », a relevé hier le président de la CIPA sur les ondes de la chaîne 3 de la radio nationale.
Si les chefs d’entreprise se félicitent de la stabilité juridique que promet la nouvelle loi sur l’investissement à son entrée en vigueur, il n’en demeure pas moins des lacunes se posent encore avec persistance à des niveaux administratifs divers, est-il constaté. Aux yeux des organisations patronales, c’est au niveau des banques et de l’administration fiscale que les opérateurs économiques semblent rencontrer ces difficultés.
Réunion du patronat la semaine prochaine
Dans ce sillage, la coordination nationale du patronat (CNP), créée en mai dernier et regroupant des associations et organisations patronales, dont la CIPA, la CAPC, la CNPA ou le CEIMI, s’apprêtent à ouvrir des discussions dès la semaine prochaine pour aborder les difficultés en question.
« La coordination nationale du patronat, qui regroupe actuellement six organisations patronales en attendant d’autres qui nous rejoindront, va se réunir la semaine prochaine afin de mettre en place une plateforme d’échange entre les entreprises et les institutions financières pour débattre de toutes les questions et préoccupations des chefs d’entreprises dans la transparence la plus totale », a annoncé hier le président de la CIPA.
En attendant de redéfinir la relation entre l’entreprise et ces institutions, que ce soit bancaires ou fiscales, les chefs d’entreprise attendent des banques un accompagnement financier plus fluide, en facilitant notamment l’accès au crédit et adopter des opérations de rééchelonnement sur une période de dix ans afin de permettre à l’entreprise de réussir son processus de relance et de consolider sa position sur le marché, comme le souhaite M. Ziani. Auprès du fisc, il est sollicité de diminuer la pression sur les entreprises économiques dans une conjoncture où elles tentent de prendre un nouvel élan après une crise qui a duré deux années à l’ombre de la pandémie de Covid-19.
Outre les banques et l’administration fiscale qui, au demeurant, sont appelées à adopter de nouveaux modes de fonctionnement pour se conformer à la nouvelle donne édictée par la nouvelle stratégie économique du pays qui se met en place, des inadéquations sont relevées au niveau de plusieurs institutions et administrations locales. Celles-ci sont dues principalement à un certain manque d’intégration intersectorielle faisant que chaque entité évolue dans sa sphère sans concertation ou coordination avec d’autres secteurs.
Ce sont des lacunes qu’a eu d’ailleurs à relever le médiateur de la République dont l’intervention sur le terrain a permis de débloquer pas moins de 800 projets d’investissement entre 2021 et 2022. Dans ses conclusions sur les raisons de blocages de ces centaines de projets, Brahim Merad pointe du doigt des handicaps comme le manque de réactivité de certaines administrations, interprétation erronée de textes juridiques dans certains cas, chevauchement de prérogatives ou foisonnement de centres de décisions.
C’est dans ce même objectif, qui consiste à éradiquer la lancinante bureaucratie qui plombe la relance économique depuis des décennies, que le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, a exhorté les responsables locaux à agir et prendre des décisions sans « avoir peur » lors de la dernière réunion des walis.
M. N.