La balance commerciale de l’Algérie a enregistré, durant les sept premier mois de 2022, un excèdent de l’ordre de 8,9 milliards de dollars, soit une hausse de 1530% par rapport à la même période de 2021, avec un déficit de 621 millions de dollars.
Par Akrem R.
Les chiffres ont été annoncés hier par le directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce et de la promotion des exportations hors hydrocarbures, Khaled Bouchelagham.
Cet excèdent positif a été tiré principalement par la hausse des prix des hydrocarbures et également par les efforts consentis en matière de la promotion des exportations hors hydrocarbures ayant enregistré un bond positif de 3,9 milliards de dollars durant cette période.
«Il y a certes la hausse des prix du pétrole et gaz sur les marchés mondiaux, mais les exportations hors hydrocarbures ont contribué également à l’amélioration de la balance commerciale de l’Algérie. D’ailleurs, le nombre des exportateurs est en courbe ascendante. Nous visons la diversification de nos exportations, en s’orientant vers l’exportation des services par les startups notamment», a souligné Bouchelagham lors de son passage sur les ondes de la radio nationale «Chaîne I».
Il a ainsi précisé que son département souhaite la réalisation de l’objectif fixé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à savoir atteindre les 7 milliards de dollars en fin 2022. En effet, les opérateurs économiques et la tutelle ont encore 4 mois pour engranger 3 milliards de dollars supplémentaire pour la réalisation de l’objectif escompté.
Le représentant du ministère du Commerce a précisé que son département n’est en train de mener une guerre contre l’importation. «Nous n’avons aucun problème avec les importateurs. Notre souhait est de réorganiser l’activité en mettant de l’ordre. L’activité de l’importation et de l’exportation sont deux éléments complémentaires. Plusieurs intrants nécessaires pour l’industrie de transformation sont importés annuellement.», dira-t-il.
23,17 milliards de dollars d’importation
Durant les 7 premiers mois de 2022, l’Algérie a importé pour 23,17 milliards de dollars avec une hausse de 7% par rapport à la même période de 2021, affirme Bouchelagham, en se basant sur les chiffres des services des Douanes. Une hausse qui s’explique par la flambée des prix des produits sur les marchés mondiaux et également par les coûts du fret.
Ces derniers ont connu une augmentation de 12% partout dans le monde depuis la fin de 2020, selon le dernier rapport du CNUCED de 2022, dont 50% des volumes des échanges commerciaux se font via des conteneurs. Cette hausse conséquente dans les coûts du fret a eu un impact direct sur les prix des produits fini à hauteur de 26%.
32 milliards de dollars de recettes
S’agissant des exportations, l’intervenant a fait savoir que 32 milliards de dollars ont été déjà engrangés durant cette période de 7 mois, en hausse de 53% par rapport à la même période de l’année précédente. Avec la hausse des prix du pétrole sur le marché international, les recettes de l’Algérie devraient atteindre les 58 milliards de dollars. Une situation qui devrait donner une meilleure solvabilité financière à notre pays, dont les voyants sont pratiquement au vert. C’est une opportunité pour le gouvernement de poursuivre les réformes structurelles de notre économie et de lancer des projets structurants permettant l’amélioration de la prise en charge des populations et surtout poursuivre les efforts du développement local.
Une nouvelle stratégie pour conquérir l’Afrique
Le DG du commerce extérieur, Khaled Bouchelagham, a fait savoir que son département accorde une grande importance à la promotion des exportations hors hydrocarbures notamment avec les pays voisins, considérés comme étant la porte de l’Afrique. «Nous avons élaboré une cartographie (banque de données) contenant quelque 420.000 produits «made in algeria». Nous faisons des campagnes de promotions pour ces produits. Ainsi, nous avons créé un nouveau Code «exportateur» dans le registre du commerce. Des facilitations sont accordées à cette catégorie d’opérateurs, et ce, dans le but de booster nos exportations hors hydrocarbures», explique-t-il, en faisant savoir que l’opération d’exportation est un métier et une culture. «Nous accompagnons les opérateurs dans le lancement d’opérations d’exportations durables avec des taux de progressions annuellement», affirme-t-il.
Questionné sur les échanges commerciaux avec la Mauritanie voisine, l’intervenant a fait savoir que ce pays est stratégique pour l’Algérie et les échanges commerciaux sont en évolution continue. Elles sont passées de 28 millions de dollars en 2019 à 102 million en 2021. Durant le premier semestre de 2022, l’Algérie a exporté pour 25 millions de dollars principalement le sucre et ciment et l’importation pour 77 millions (fer brut, huiles naturelles et poisson). «Nous œuvrons au renforcement de nos relations et échanges commerciaux sur des bases solides et bénéfiques pour nos deux pays», conclut-t-il.
A. R.
Mourad Kouachi, expert économiste : «Nous devons saisir cette occasion pour booster notre économie»
L’expert économiste, Pr Mourad Kouachi, a affirmé que la balance commerciale de notre commerce extérieur s’est améliorée nettement grâce à la hausse des prix du pétrole et du Gaz sur le marché mondial, ayant atteint des niveaux historiques. D’ailleurs, le groupe Sonatrach table sur des recettes de l’ordre de 50 milliards de dollars durant cette année, contre 35 milliards en 2021 et 20 milliards en 2020, rappelle-t-il.
Cette période de hausse des prix des produits hydrocarbures, tirée essentiellement par la guerre en Ukraine a été renforcée par de nouvelles découvertes dans ce domaine, au nombre de huit. Ceci confortera davantage le positionnement de l’Algérie sur le marché mondial de l’énergie et engrangera de recettes supplémentaires, explique l’enseignant universitaire, Kouachi.
Poursuivant son analyse, notre interlocuteur a fait savoir également que les exportations hors hydrocarbures ont enregistré un bond qualitatif de près de 4 milliards de dollars. Et cela, grâce, ajoute-t-il, à la politique de soutien et d’appui de l’Etat aux exportateurs. «Nous sommes sur la bonne voie pour la réalisation de l’objectif fixé, à savoir atteindre 7 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures», estime-t-il. Tous cela, a effectivement un impact positif sur la balance commerciale de notre pays, dira-t-il.
L’enseignant universitaire a recommandé de tirer profit de cette conjoncture favorable, qualifiée également d’historique pour une réelle relance de notre économie. «Il faut utiliser ces recettes en plus dans les projets contribuant à la diversification de l’économie nationale, à travers la mise en place d’un nouveau modèle économique. Nous devons donner une grande importance aux secteurs stratégiques (agriculture, industrie agroalimentaire, les Mines, l’industrie pharmaceutique…) afin de redynamiser notre machine économique, tout en nous libérant de l’économie de la rente. Un modèle qui a atteint ses limites, notamment avec les fluctuations récurrentes des prix du pétrole. Ces derniers risquent de s’effondrer dans les prochains mois. En clair, l’Algérie est contrainte de mettre en place un modèle économique durable loin de la rente», conclut-il.
A. R.