L’Algérie a officiellement rejoint le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), un mécanisme mis en place pour faciliter les transactions financières entre les pays africains, sans passer par des devises étrangères comme le dollar ou l’euro.
Par Akrem R.
Cette annonce marque en effet une étape importante dans les efforts du pays pour s’impliquer davantage dans les dynamiques d’intégration économique du continent. «L’Algérie a rejoint le réseau PAPSS ! Nous sommes ravis d’accueillir la Bank of Algeria au sein du réseau PAPSS, renforçant ainsi l’engagement de l’Algérie en faveur de l’intégration financière et de la coopération économique à l’échelle du continent», a annoncé PAPSS dans un post publié en ligne sur son réseau LinkedIn.
En effet, la participation de la Banque d’Algérie à ce système constitue une avancée majeure vers une intégration financière plus large. Cette adhésion contribuera à simplifier les paiements transfrontaliers et le règlement des transactions commerciales à l’intérieur du continent.
Avec l’adhésion de l’Algérie, PAPSS couvre désormais 18 pays répartis sur 4 régions africaines, marquant une nouvelle étape importante dans notre mission de simplifier les paiements transfrontaliers et les règlements commerciaux.
Ce partenariat contribuera à réduire les coûts et les délais de transaction, tout en favorisant des liens économiques plus solides et une augmentation des échanges entre l’Algérie et les autres pays africains.
Le Système de paiement et de règlement panafricain (PAPSS) permet de faire circuler l’argent de manière efficace et sécurisée à travers les frontières africaines, en minimisant les risques et en contribuant à l’intégration financière des régions.
Qu’il s’agisse de faire des achats, de transférer de l’argent, de payer des salaires, de négocier des actions et des parts ou d’effectuer des transactions commerciales de grande valeur, l’infrastructure en temps réel du PAPSS offre une solution fiable et rentable pour les paiements instantanés.
Il est à rappeler que PAPSS travaille en collaboration avec les banques centrales africaines pour fournir un service de paiement et de règlement auquel les banques commerciales, les prestataires de services de paiement et les fintechs à travers le continent peuvent se connecter en tant que «participants».
«À l’heure où le commerce transfrontalier est devenu une priorité absolue avec l’accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), PAPSS est prêt à faciliter l’augmentation attendue des volumes de paiements transfrontaliers», précise la même source.
Ainsi le système (PAPSS), développé par l’African Export-Import Bank (Afreximbank) en partenariat avec l’Union africaine et la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), vise à rationaliser les paiements transfrontaliers et à stimuler le commerce intra-africain.
Consolider l’unité économique du continent
Troisième économie du continent et membre actif de la ZLECAf, l’Algérie multiplie les initiatives pour approfondir son ancrage africain à travers le commerce, la finance, la logistique et l’énergie. En rejoignant ce système, l’Etat réaffirme son engagement à consolider l’unité économique du continent.
D’ailleurs, cet objectif est placé comme une priorité du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Depuis son arrivée au Palais d’El Mouradia, fin 2019, il a donné une grande importance à la promotion de la coopération Sud-Sud, tout en œuvrant à la dynamisation des échanges commerciaux et économiques entre l’Algérie et les différents pays du continent.
De nombreuses initiatives ont déjà été prises, en procédant d’abord à l’adhésion à la Zone de libre-échange (ZLECAf), à l’investissement dans la réalisation de nouvelles infrastructures logistiques, en procédant à la finalisation de la route transsaharienne qui relie Alger à Lagos, à l’ouverture de lignes maritimes et aériennes directes dans le but de renforcer la coopération économique et notamment les échanges commerciaux.
En effet, d’autres projets structurants visant à relier l’Algérie à l’Afrique de l’Ouest en particulier sont en cours de réalisation ou à l’étude, tels qu’un grand port à Cherchell ou Boumerdès, ou encore la réalisation de plateformes logistiques et zones de libre-échange au niveau des frontières avec le Mali, le Niger, la Libye et la Mauritanie, dont une route de plus de 900 km est en cours de réalisation par des entreprises algériennes, permettant aux marchandises algériennes d’accéder au marché de l’Afrique de l’Ouest.
À tout cela s’ajoutent les projets d’infrastructures ferroviaires reliant le Nord au Grand Sud. Un des projets stratégiques pour l’Algérie et l’Afrique d’une manière générale, permettant ainsi à notre pays de devenir un véritable hub économique reliant le continent africain à l’Europe et au reste du monde.
Augmenter les échanges avec l’Afrique
Avec une population de 1,4 milliard de personnes, le continent, composé de 54 pays, enregistre les taux de croissance les plus importants dans le monde avec un PIB de 3,25 trillions de dollars, ainsi qu’environ un trillion de dollars d’importations annuelles.
C’est en effet un énorme marché, et l’Algérie, qui ambitionne de porter ses exportations à 29 milliards de dollars d’ici 2030, souhaite diversifier ses échanges avec les pays africains, notamment dans les domaines de la transformation, où des capacités de production importantes sont installées mais exploitées à peine à 20 %.
Les opérateurs et les transformateurs algériens proposent des partenariats gagnant-gagnant, en important des matières premières de pays africains et en les transformant en Algérie pour les réexporter vers les pays d’origine ou ailleurs. Selon les prévisions des experts, l’Algérie pourrait capter au moins 15 milliards de dollars du marché africain. Le processus est déjà enclenché.
Les pourparlers et les initiatives sont sur la bonne voie. Des secteurs clés comme la pharmacie, l’agroalimentaire, l’électroménager et les services sont identifiés dans la stratégie nationale des exportations, dont le «Made in Algeria» dispose de potentialités énormes, notamment en matière de qualité et de prix.
Vers un leadership économique régional
En rejoignant le PAPSS, l’Algérie rejoint un club grandissant de pays africains engagés dans une dynamique d’indépendance financière et d’intégration économique réelle. Ce choix stratégique consolide son positionnement en tant qu’acteur économique régional incontournable, tout en soutenant la vision africaine d’un marché commun intégré.
Cette décision, hautement symbolique, montre également la volonté politique d’Alger d’accompagner activement les réformes continentales portées par l’Union africaine, en particulier celles liées à la mise en œuvre effective de la ZLECAf, considérée comme le plus grand marché commun du monde en construction.
L’adhésion au PAPSS ne constitue pas un acte isolé, mais s’inscrit dans une stratégie globale adoptée par Alger pour renforcer sa présence et son rôle dans les institutions et mécanismes panafricains.
A.R.







