Khaled Benamane, Business and Management Consultant et formateur en soft skills : «Aucune entreprise ne peut se développer sans formation stratégique»

Khaled Benamane, Business and Management Consultant et formateur en soft skills

Khaled Benamane est ingénieur en électronique de l’Université des sciences et de la technologie Houari-Boumédiène de Bab Ezzouar (Alger). Il a embrassé une carrière dans les télécommunications en occupant plusieurs postes et fonctions, d’ingénieur installation et support à General Manager, en passant par plusieurs fonctions de management (project, sales, account, customer support). En 32 ans de carrière au sein de multinationales implantées dans plusieurs continents, il s’est imprégné de différentes cultures, mentalités et organisations de travail, dont il nous livre une infime partie dans cet entretien et dans lequel il aborde, notamment les télécommunications, la formation en général et les soft-skills d’une manière particulière.

Entretien réalisé par Zoheir Zaid

Eco Times : Comment se présente, selon vous, l’écosystème des télécommunications en Algérie ?

Khaled Benamane : L’écosystème ICT en général a beaucoup évolué depuis quelques années, mais il reste encore un chantier dans lequel l’apport de l’ensemble de ses acteurs (équipementiers, opérateurs, législateur, régulateur, acteurs, intégrateurs) en Algérie est nécessaire et primordial pour suivre l’évolution de ce secteur au niveau mondial.

En télécommunications, le service d’optimisation doit s’adapter aux besoins d’une population. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Le domaine de l’optimisation des réseaux cellulaires est d’une grande importance et sensibilité pour les opérateurs.

Lorsqu’un réseau cellulaire, aussitôt installé et mis en exploitation, il a besoin de maintenance, préventive et curative, mises à niveau et mises à jour des logiciels et équipements, et aussi d’optimisation.

L’optimisation consiste donc, comme son nom l’indique, à optimiser le fonctionnement de la cellule en termes de couverture géographique et de capacité de traitement des appels.

Pouvez-vous nous en donnez quelques exemples d’optimisation ?

Nous pouvons citer ces exemples d’optimisation : réorientation des antennes de couverture suite à l’apparition d’un nouvel obstacle (construction, feuillage d’arbre…) ; augmentation de la puissance du signal d’émission pour étendre la couverture de la cellule ; augmentation de la capacité de traitement du trafic (appels, message, internet) suite à une nouvelle demande de clients résidentiels/professionnels ou un évènement temporaire (concert, match de football, congrès, etc.).

L’optimisation est un domaine très délicat en raison du grand nombre de paramètres à prendre en considération, exigeant de ce fait, des compétences avérées et une expérience extrêmement élevée et pointue.

L’Algérie a lancé beaucoup de chantiers visant, d’une manière générale, à faire avancer la transformation digitale. Où en est-on en Algérie ?

La transformation numérique est un fait et une obligation pour notre pays pour laquelle les techniques et les technologies existent, mais qui ne pourraient se concrétiser sans le changement de mentalités et la prise de conscience de tous.

La 5G, est-elle une urgence pour le simple consommateur ?

La 5G aura un impact plus important pour l’industrie (Internet des Objets, e-health, industrie 4.0, transports, réseaux privés…), que pour le simple consommateur.

Le débit actuel de la 4G est suffisant pour l’utilisateur lambda et ce seront les opérateurs économiques qui généreront des revenus 5G pour les opérateurs.

Vous êtes également formateur en soft-skills, un concept différemment défini. Avez-vous, cher formateur, votre propre définition des soft-skills ?

Nous pouvons les traduire par « savoir-être » et leur importance n’est pas moindre par rapport aux hard-skills « savoir-faire ». Concrètement, c’est la manière d’« être » (se comporter) dans l’entreprise en « faisant » son travail.

Les connaissances techniques acquises par un employé depuis sa graduation, sont insuffisantes pour progresser, s’émanciper, se développer dans son entreprise, et tout au long de sa carrière, sans des compétences additionnelles, autres que techniques.

Ces compétences peuvent être innées ou développées, en fonction des prédispositions propres à l’individu, ses ambitions et objectifs dans sa vie professionnelle, ainsi que les évaluations et les critères et objectifs de développement du personnel fixés par l’entreprise.

A notre humble avis, les soft skills, dont le contraire est les hard skills (connaissances techniques et compétences professionnelles), sont un comportement poli avec autrui. Pouvons-nous, donc, éduquer les gens par une formation appropriée ?

Les soft skills sont des compétences que chaque employé doit posséder, mais selon des critères bien définis en fonction de son travail, fonction, plan de carrière, etc.

Par exemple, les compétences de communication, d’esprit d’équipe, d’écoute sont indispensables à tous les employés. Elles peuvent être aussi bien des raisons justifiées pour des sanctions ou licenciements, si elles ne sont pas pratiquées, et ce, quel que soit le niveau de compétences techniques de l’employé.

La décision de former un individu doit dépendre d’un certain nombre de prérequis et d’objectifs économiques de l’entreprise, que nous pouvons résumer comme suit :

1. Est-ce que l’employé a les ressources intellectuelles nécessaires pour être formé dans une discipline donnée ?

2. Si oui, est-il intéressé par cette formation ?

3. Se sent-il réellement comme partie prenante de l’entreprise pour suivre cette formation dans le but de faire progresser l’entreprise.

4. Comment l’entreprise établit-il son plan de formation individuel et collectif, en fonction du rendement attendu dans le cadre du développement global de l’entreprise.

Toutefois, les recruteurs accordent, depuis quelques temps, une importance aux soft-skills, notamment une dizaine de compétences, dont «Pensée analytique et capacité d’innovation», «Créativité, originalité et prise d’initiative», «Capacité à résoudre des problèmes complexes», «Leadership et influence sociale », «Intelligence émotionnelle». En tant que manager, quelles sont vos compétences de prédilection ?

Inspirer la motivation autour de soi –Communication effective – Positiver – Déléguer–Inspirer et faire confiance – Avoir une vision haute du rôle de manager -Empathie – Être un guide – Prendre ses responsabilités – Résoudre les problèmes.

Globalement, l’écosystème de formation est-il bien consolidé ? Si, c’est le contraire, que lui manque-t-il et comment y remédier ?

Je pense, sans vouloir généraliser, que la formation, en termes d’objectifs de développement et d’essor de l’entreprise, est considérée comme une charge plutôt qu’un investissement.

C’est un investissement dans le capital humain à travers des formations qui doivent être personnalisées en fonction de critères dont nous avons listé une partie ci-dessus.

Comme tout investissement, la formation (hard ou soft skills) doit être sujette à une évaluation précise de son impact sur les performances de l’entreprise. Cet impact peut être tangible ou non, comme dans les exemples ci-dessous :

1. Gain de productivité dans l’utilisation d’une machine,

2. Gestion intelligente du temps du travail,

3. Optimisation des différents processus,

4. Communication plus fluide entre les membres d’une équipe et entre les différents niveaux hiérarchiques,

5. Encouragement de la créativité et de la prise de risque,

6. Meilleure gestion par les managers de leur temps, équipes, budget, objectifs assignés, communication horizontale, verticale et diagonale ;

7. Adhésion plus profonde des employés aux valeurs de l’entreprise.

Aucune entreprise, quel que soit son domaine d’activité, ne peut se développer et s’émanciper sans un plan de formation stratégique non seulement sur son métier, mais également sur les bonnes pratiques qui permettront à son personnel d’adhérer à la stratégie de l’entreprise et contribuer à son essor.

Z.Z.

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