Kévin Guéï, expert ivoirien en IA : «L’Afrique doit investir dans les STEM pour espérer progresser en IA»

Kévin Guéï, expert ivoirien en IA

Kévin Guéï, 27 ans, nous vient de la Côte d’Ivoire, pays d’Afrique de l’Ouest. Il est titulaire d’un bachelor en business administration obtenu en 2017 à l’EMD (Ecole de management de Marseille), puis d’un Master of Science en Digital Marketing and Sales de Kedge Business School. Il est également détenteur d’un Master recherche en étude et théorie des organisations à l’IAE Paris-Sorbone (Institut d’administration des entreprises de Paris) et un Master spécialisé en Transformation digital de l’ESCP (Ecole supérieure de commerce de Paris). Il prépare actuellement un doctorat en business administration à la golden gate university.
Kévin Guéï est consultant en transformation digitale au sein de Capgemini, passionné par l’innovation technologique et l’impact que celle-ci peut avoir sur les entreprises et les sociétés. Il a, notamment, développé une expertise en intelligence artificielle générative (IA), qui lui a permis de jouer un rôle clé dans la promotion de l’IA en Afrique et dans les pays francophones. En tant qu’entrepreneur, il dirige une entreprise Edtech, dédiée aux solutions digitales innovantes au service de l’éducation. Kévin Guéï fait également la promotion de l’IA à travers des projets de Mastermind IA, la participation à des conférences, et la publication d’articles collaboratifs sur LinkedIn, ce qui lui a valu d’être reconnu comme « Top Voice en IA ». Nous l’avions rencontré lors des ‘’Webinaires Mensuels’’ de l’Agence africaine et francophone de l’intelligence artificielle (AFRIA), dont la 1re édition s’est tenue fin juillet. Ecoutons-le nous parler de son expertise en IA au profit de l’Afrique.

Entretien réalisé par Zoheir Zaid

Ecotimes : Vous êtes ambassadeur Diaspora au sein de l’Agence africaine et francophone de l’intelligence artificielle (AFRIA). Quel est, à ce jour, les actions effectuées et quels sont vos perspectives ?

Kévin Guéï : En tant qu’ambassadeur Diaspora pour l’AFRIA, j’ai concentré mes efforts sur la sensibilisation et l’éducation autour de l’IA dans les communautés africaines et francophones.

Je participe à plusieurs projets collaboratifs, dont des conférences, sorte de passerelles entre les experts de l’IA et les décideurs africains. Ces initiatives visent à renforcer les capacités locales et à développer des stratégies nationales pour l’intégration de l’IA.

À l’avenir, je prévois d’intensifier ces efforts en multipliant les collaborations entre chercheurs, entrepreneurs et gouvernements, pour que l’Afrique tire parti des avancées en IA.

Kévin Guéï est également expert au sein de Guild4IA. Quelle est votre mission ? Et parle znous de Guild4IA ?

Guild4IA est une SAS (Société par actions simplifiée) au capital de 20 000 euros immatriculé dans les Alpes-Maritimes et domiciliée à Cannes, en France, et elle existe depuis le 29 avril 2024. Elle regroupe des spécialistes de l’intelligence artificielle pour favoriser l’innovation et le partage de connaissances à l’échelle mondiale.

Christian Jumelet en est le président-fondateur et l’actionnaire principal. Ma mission est de promouvoir l’application de l’IA, particulièrement en Afrique, dans des domaines clés tels que la santé, l’éducation, et l’agriculture.

Nous travaillons à démocratiser l’accès à l’IA en fournissant des ressources éducatives, en organisant des Masterminds, contribuant ainsi à la reconnaissance de Guild4IA comme un leader dans le domaine.

Vous affirmez que « L’IA peut aider à résoudre des problèmes tels que la pauvreté, la faim et la maladie en fournissant des solutions innovantes et efficaces. » Comment cela peut être possible ?

L’IA a le potentiel de transformer des secteurs critiques en Afrique.

Par exemple, dans l’agriculture, l’IA peut optimiser les récoltes en analysant des données météorologiques et des sols, permettant ainsi de prévenir les pertes et d’améliorer les rendements.

Dans le domaine de la santé, l’IA accélère le diagnostic des maladies et propose des traitements personnalisés, rendant les soins plus accessibles, même dans les régions éloignées.

Ces innovations, lorsqu’elles sont correctement intégrées aux politiques locales, sont des remèdes indiqués à la pauvreté et de la faim.

Vous dites aussi : « L’IA peut être utilisée pour améliorer la qualité des services publics, tels que la santé, l’éducation et la sécurité, en les rendant plus efficaces et plus accessibles. » A titre d’exemple, pouvez-vous nous donner des cas d’usage de l’amélioration de la santé ?

Un exemple concret : l’utilisation de l’IA pour le diagnostic à distance dans les zones rurales.

Grâce à l’IA, des radiographies peuvent être analysées avec une précision comparable à celle des spécialistes, permettant ainsi d’offrir des soins de qualité même dans les régions où il n’y a pas de médecins spécialisés.

En sus, l’IA peut prédire la propagation des épidémies en analysant des données de santé publique, ce qui permet aux autorités compétentes d’être proactives en prenant des mesures préventives à temps, réduisant la forte propagation de ces épidémies.

Le premier pays préparé à adopter l’IA, l’Île Maurice en l’occurrence, est classé 61e à l’échelle mondiale ; l’Algérie, quant à elle, est 14e en Afrique et 120e mondialement. Comment se fait ce classement ? Et peut-on espérer mieux d’ici à 2050 ?

Les classements globaux de préparation à l’IA sont basés sur des critères tels que l’infrastructure technologique, l’investissement en recherche et développement, l’éducation, et la mise en place de politiques favorables à l’IA.

L’Île Maurice a su se positionner grâce à un engagement fort envers l’intégration de l’IA, tandis que d’autres pays comme l’Algérie doivent encore surmonter des défis liés à l’investissement et à la formation.

D’ici 2050, avec un investissement accru dans l’éducation, la recherche, et l’infrastructure numérique, il est tout à fait possible que ces classements évoluent positivement.

Quelles sont les solutions, selon vous, pour que l’Afrique gagne des points à l’échelle mondiale ?

Pour que l’Afrique progresse dans les classements mondiaux en IA, il est essentiel de créer des écosystèmes favorables à l’innovation.

Cela implique un investissement massif dans l’éducation, notamment dans les domaines STEM (Science, Technologie, Ingénierie, Mathématiques), la création de centres d’excellence en IA, et la mise en place de politiques publiques encourageant la recherche et le développement.

Il est également crucial de promouvoir l’entrepreneuriat technologique et de faciliter l’accès au financement pour les startups spécialisées en IA, afin de stimuler l’innovation locale.

Quelles sont les importantes questions liées à l’éthique et à la gouvernance relatives à l’IA en Afrique ?

L’une des préoccupations majeures est l’équité et l’inclusion dans le développement et l’application de l’IA. Il est impératif de s’assurer que les algorithmes utilisés en Afrique soient exempts de biais qui pourraient creuser les inégalités.

La protection des données et la confidentialité sont également des enjeux cruciaux, surtout dans un contexte où les infrastructures de cybersécurité peuvent être limitées.

Enfin, il est nécessaire de développer des cadres réglementaires solides pour la gouvernance de l’IA, afin de garantir que cette technologie soit utilisée de manière éthique, transparente, et bénéfique pour l’ensemble de la population.

Z. Z.

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