Journée mondiale du travail : Acquis et attentes des travailleurs algériens

Journée internationale du travail

Les travailleurs algériens vont célébrer demain, mercredi, la journée mondiale du travail, coïncidant avec le 1er mai de chaque année. Une occasion de faire le point sur les acquis et les attentes de la classe ouvrière dans notre pays. En effet, depuis son arrivée au Palais d’El Mouradia, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a pris une batterie de mesures pour la valorisation des salaires des fonctionnaires et travailleurs dans différents secteurs, en veillant surtout la préservation de leur pouvoir d’achat.

Par Akrem R.

Après avoir augmenté le SNMG à 20 000 DA, et la réduction de l’Impôt sur le revenu global (IRG), avec sa suppression pour les salaires inférieurs à 30 000 DA, des augmentations significatives ont été également accordées aux travailleurs et également aux retraités.

Ces derniers devraient également bénéficier d’une nouvelle augmentation à partir de ce mois de mai 2024, à laquelle le président Tebboune avait déjà donné son aval pour la révision générale des pensions et allocations de retraite.

Ces décisions inédites et exceptionnelles visant principalement l’amélioration du pouvoir d’achat du citoyen, ont contribué à l’augmentation des salaires de 47% jusqu’à maintenant.

Le gouvernement ne compte pas s’arrêter là. De nouvelles augmentations sont en effet, annoncées par le chef de l’Etat. En mars dernier, Tebboune avait annoncé la poursuite de l’augmentation des salaires à l’horizon 2026 et 2027. Selon ses dires, les salaires des fonctionnaires devraient tout simplement doublées, soit une nouvelle hausse de 53% des salaires.

«A ce jour, nous avons réalisé 47% du processus de hausse des salaires, et nous terminerons les 53% restants à l’horizon 2027», avait-t-il précisé dans une entrevue périodique accordée aux représentants de la presse nationale.

Des hausses auxquelles il faut ajouter l’effet des statuts des particuliers de certains secteurs comme l’éducation nationale, l’enseignement supérieur, la santé, ainsi que le statut des Imams.

Des orientations claires ont été données dans ce sens par le chef de l’Etat afin d’enrichir les débats avec les fonctionnaires de ces secteurs, avec pour but d’élaborer des statuts à la hauteur des aspirations des travailleurs et fonctionnaires.

En clair, l’Etat a placé l’amélioration du pouvoir d’achat des Algériens comme l’une de ses priorités et les efforts consentis jusque-là en témoignent. C’est de véritables acquis sociaux pour les travailleurs algériens qui avaient été délaissés durant les années de 2010 à 2019. Ces mesures salutaires ont ainsi contribué d’une manière directe à la stabilité du front social.

Ces quatre dernières années, les mouvements de contestations socioéconomiques sont quasiment inexistants. «Nous ne pouvons que nous réjouir et nous féliciter de ces décisions du président de la République pour améliorer les conditions des travailleurs», a souligné Amar Takjout, secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), en relevant un décalage flagrant au sein des syndicats.

«Ce sont les gouvernants beaucoup plus qui sont sensibles aux préoccupations des travailleurs et non le syndicat. Nous sommes en décalage. C’est au syndicat de faire entendre les attentes des travailleurs et non le contraire», a-t-il affirmé lors de son passage au Forum de la radio nationale « Chaîne I», appelant à la relance du travail syndical, en particulier au sein de l’UGTA.

Cap sur la diversification de l’économie nationale

Pour Amar Takjout, ces augmentations salariales doivent être accompagnées d’autres mesures pour la maitrise de l’inflation galopante qui risque de siphonner ces revalorisations en six mois ou une année au plus.

«Les augmentations de salaires exigent une économie forte. Mais, on doit se pencher sérieusement sur les entreprises en difficulté et celles qui doivent produire davantage et qui nécessitent des aides de l’Etat avant de parler d’augmentations des salaires».

Pour M. Takjout, les mesures qui ont été prises par le Gouvernement au profit des entreprises doivent être traduites sur le terrain pour prétendre construire une économie forte.

« Il faudra qu’il y ait un suivi sur le terrain (…) Nous avons opéré une augmentation de 47 % au profit des travailleurs de la Fonction publique, mais quand on parle aux fonctionnaires, ils évoquent toujours des problèmes. Il n’y pas que les salaires pour améliorer la situation des travailleurs ».

Du coup, préconise le patron de la centrale syndicale, « il faut une maîtrise des prix, y compris des coûts du logement et de la location. Aujourd’hui, le travailleur a pleinement besoin de profiter du système « 3X8 », c’est-à-dire huit heures de travail, huit heures de repos et huit heures de loisirs. Ce sont des acquis qui datent depuis le 1e Mai 1886. C’est cela aussi le syndicalisme ».

Les attentes des travailleurs.

En dépit des acquis sociaux réalisés, beaucoup reste à faire en matière de prise en charge des travailleurs, notamment en matière de la santé au travail.

Le SG de l’UGTA, Amar Takjout, a indiqué que les maladies professionnelles sont un dossier qu’en doit traiter en urgence. Ce phénomène impacte négativement la santé du travailleur et surtout sa productivité au sein de l’entreprise.

Pour lui, «chaque entreprise doit avoir un psychologue pour la prise en charge des travailleurs et étudier l’impact de cette situation sur la productivité de la société».

L’autre dossier à traiter, est la place de la femme au sein du développement économique du pays. L’UGTA plaide pour donner la place qu’il faut à la femme et pour que les nominations au sein de postes de responsabilité se fassent sur la base de la compétence.

Ajoutons à cela, le dossier de la retraite sans condition d’âge. L’intervenant a indiqué que le dossier est à l’étude au niveau de l’UGTA, plaidant pour l’ouverture d’un large débat sur la question.

«On doit prendre en considération le facteur financier. Cette exigence ne doit pas impacter le Trésor public. Et si ce n’était pas le cas, pourquoi ne pas répondre à cette revendication. Mais, encore une fois, on ne doit pas vider les caisses de ses cotisations. Car toute mesure devra profiter à la fois à la société et à l’économie», souligne-t-il.

En d’autres termes, Takjout a expliqué que « tout le monde devra s’y mettre pour maintenir le système à répartition intergénérationnel pour consolider le système de solidarité nationale. Ce sont les travailleurs qui approvisionnent la caisse des retraites et non l’Etat, certes, mais tout le monde doit cotiser pour sauvegarder le système à répartition intergénérationnel. Il faudra plus de pédagogie et aller vers le citoyen pour le sensibiliser ».

Des mesures courageuses sont à prendre afin d’éradiquer le marché de l’informel qui représente 45% de l’économie nationale. Les acteurs de l’informel doivent être sensibilisés sur l’importance d’intégrer la sphère officielle et sur les dangers qu’ils présentent en avertissant contre le circuit non officiel sur l’économie nationale et surtout sur l’équilibre financier des caisses de la sécurité sociale.

« Nous devons ouvrir un dialogue afin de trouver des solutions adéquates et d’intégrer ces gens dans la sphère officielle», conclu-t-il.

A. R.

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