C’est aujourd’hui que 3 trois syndicats de l’Education nationale entament une action de protestation, qui comprend un arrêt de travail et des rassemblements devant les directions de l’éducation du pays. Ces 3 syndicats, en l’occurrence, l’Union Nationale du Personnel de l’Education et de la Formation (UNPEF), le Conseil des Enseignants des Lycées Algériens (CELA) et le Syndicat Autonome des Travailleurs de l’Education et de la Formation (SATEF), promettent également que ce de débrayage sera suivi d’autres formes de durcissement du leur mouvement qui seront définies « avant la fin de la semaine» en cours. Les parents d’élèves quant à eux, expriment leur désarroi et leur ras le bol.
Par Réda Hadi
Il faut rappeler que ce débrayage, fait suite à un mouvement de protestation lancé dans la capitale de l’Ouest, il y a une dizaine de jours. En plus de la forte mobilisation au sein même de la wilaya, la contagion a gagné plusieurs régions du pays, telles, Khenchela, Oum El-Bouaghi, Mila, Mostaganem, Aïn-Témouchent et Souk Ahras.
Aujourd’hui c’est au personnel de l’éducation de la wilaya d’Alger de montrer ses muscles et de hausser le ton.
C es 3 syndicats mettent en exergue la dégringolade sans précédent du pouvoir d’achat des enseignants et travailleurs de l’Education, la dévaluation de la monnaie nationale, la flambée vertigineuse des prix des produits de consommation, et l’absence de volonté de la part du gouvernement quant à résoudre les problèmes du secteur.
Dans leur plateforme de revendications, les syndicats, qui rappellent des points de litige en suspens depuis des années, réclament une revalorisation des salaires avec une révision à la hausse du point indiciaire, réitèrent leur droit à la retraite anticipée et à la retraite sans condition d’âge après 32 ans de service, et exigent de libérer le statut particulier propre au secteur, entre autres points.
Plan pédagogique
Par ailleurs, ceux-ci réclament la révision des programmes et méthodes d’enseignement, l’amélioration des conditions de travail et de scolarisation, la réduction des volumes horaires et la dispense des enseignants du primaire des activités extra pédagogiques.
Enfin, les syndicats appellent à extraire les écoles du cycle primaire de la gestion des collectivités locales, tout en appelant à consolider les budgets des établissements de l’enseignement moyen et secondaire.
Si les revendications sont jugées légitimes par des parents d’élèves, beaucoup d’entre eux mettent en avant leur exaspération et soulignent que «bizarrement tous les mouvements de protestation surviennent en période d’examen».
Du côté de l’association nationale des parents d‘élèves, c’est le silence radio. Tous nos efforts pour contacter le président de cette association sont restés vains.
Du côté du ministère de l’Education aussi, c’est le mutisme total. Aucune déclaration de la tutelle n’a été faite pour apaiser la colère des travailleurs du secteur. Une attitude qui risque de faire empirer la situation à quelques jours des examens du dernier trimestre. D’ailleurs, des enseignants, notamment du primaire, agitent déjà la menace du boycott.
Si le mouvement des enseignants a été le déclencheur qui a fait régir des syndicats, cela traduit tout de même le malaise profond de ce corps de métier, et a incité des syndicats à donner de la voix.
Rencontrés dans la commune d e Hussein Dey, des parents jugent le mouvement d’aujourd’hui inopportun : « Nous en avons assez de voir l’avenir de nos enfants menacé, et de les voir pris en otage, alors que cette année avec la pandémie, les cours ont été raccourcis», nous dit Khaled.
En somme, l’inquiétude ronge les parents d’élèves, qui se plaignent déjà de la «nonchalance» de certains enseignants dans leur façon de dispenser leurs cours et de leur manque de pédagogie surtout.
«Nous avons tous des problèmes en matière du coût de la vie. Il ne me semble pas avoir entendu ces syndicats parler du cartable trop lourd de nos enfants, de la surcharge de travail qu’ils ont avec ses cours appris par cœur, et d’un programme qui ne correspond nullement à notre siècle», nous dit Zahira, mère de 3 enfants dans 3 paliers différents.
La journée d’aujourd’hui sera une journée test pour les syndicats qui ont signé la plateforme, car ceux-ci promettent que ce débrayage n’est que le prélude à des actions plus contraignantes.
Il faut souligner tout de même que face à ces mouvements intempestifs, des parents songent à placer leurs «enfants dans des établissements privés», quitte à «vendre la voiture s’il en est».
R. H.