Le développement de l’agriculture passe inéluctablement par la mobilisation de ressources en eau importantes. En Algérie, qui fait face aux aléas du changement climatique, comme de nombreux pays de la région MENA et de la Méditerranée, des actions ont été multipliées pour adapter l’agriculture, notamment, en développant de nouveaux systèmes basés sur l’irrigation moderne.
Par Akrem R.
Bien que le pays dispose de ressources hydriques importantes, notamment souterraines, dont l’exploitation nécessite des financements conséquents, une autre alternative prometteuse se présente aux agriculteurs : la réutilisation des eaux usées épurées.
En Algérie, des quantités importantes d’eaux usées sont produites chaque année, avoisinant le milliard de mètres cubes (m³), grâce aux 230 stations d’épuration en service.
«Un vaste programme est en cours pour la réutilisation des eaux usées épurées, afin de pallier la raréfaction de cette ressource et de répondre à l’impératif de l’irrigation agricole», a déclaré, lundi dernier, Salah Lahlah, inspecteur général à l’Office national de l’assainissement, dans une déclaration à la radio.
Il a précisé que «16 stations sont désormais équipées de systèmes d’épuration tertiaire permettant une irrigation non restrictive. Parmi elles, six stations, situées à proximité du barrage vert, sont déjà opérationnelles».
Ce choix, a-t-il ajouté, est dicté par la situation actuelle, marquée par les effets du dérèglement climatique, qui ont des conséquences dramatiques sur la disponibilité de l’eau.
«On vit un déficit pluviométrique qui s’accentue, de plus en plus, et par conséquent le recours à d’autres ressources alternatives non conventionnelles s’impose pour pallier, un tant soit peu, à la problématique de la raréfaction de l’eau», relève le responsable.
Dans l’agricole, l’option de la ré- utilisation des eaux usées-épurées s’impose, ajoute-t-il, expliquant que celles-ci peuvent apporter une contribution intéressante au vu des opportunités qu’offre le parc des stations d’épuration à l’échelle nationale.
«Nous avons un parc de 230 stations d’épuration avec une capacité d’épuration de plus d’un milliard de mètres cubes (m3)», affirme-t-il, déplorant qu’«il est inadmissible que cette ressource, garantie par des investissements lourds, reste sans valorisation et jetée dans la nature».
Dans ce contexte, enjoint-il, le recours à cet espace de coopération et de concertation entre les deux secteurs des ressources en eau et de l’agriculture intervient dans ce cadre, rappelant qu’une « convention est signée entre deux entreprises relevant du secteur de l’hydraulique, à savoir l’Office national de l’assainissement et l’office national du drainage avec l’entreprise de développement des cultures agricoles stratégiques».
Cette convention prévoit, selon l’intervenant, la consécration d’un quota des eaux usées traitées dans les stations d’épuration pour aller approvisionner les cultures stratégiques des 170 fermes pilotes où on cultive des céréales, des légumes secs, des plantes oléagineuses, d’arbres fruitiers et du blé.
Un vaste programme lancé
Dans le détail, l’objectif, explique-t-il, est d’utiliser 60% de ces ressources dans l’irrigation des 66.000 hectares et d’en utiliser aussi à des fins industrielles et municipales tout en accélérant l’atteinte du programme tracé, par les hautes autorités du pays, à l’effet de porter la superficie des terres irrigables à un million d’hectares.
Et d’ajouter «un important programme, initié dans le cadre de la stratégie des pouvoirs publics, visant l’usage de cette eau avec une enveloppe financière importante afin d’augmenter le volume des eaux épurées destinées à l’irrigation».
Il est à rappeler que de grands efforts ont été lancés afin d’augmenter le taux de réutilisation pour atteindre l’objectif tracé par le président de la République à savoir l’utilisation de 60% des eaux épurées.
Deux conventions cadre ont étés signées, dans ce cadre, début novembre en cours, entre l’Entreprise de développement des cultures agricoles stratégiques (DCAS), l’Office national d’Assainissement (ONA), et l’Office national d’Irrigation et de Drainage (ONID), en vue d’alimenter en quantités suffisantes, l’eau pour l’irrigation des unités agricoles consacrées aux cultures stratégiques à travers le pays.
Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa, avait révélé lors de la cérémonie de signature des conventions que les eaux traitées «permettront d’irriguer 66.000 hectares sur un total de 114.000 hectares, soit la superficie totale des unités agricoles relevant de la DCAS, comptant 174 unités».
Cette initiative accélérera, dira-til, la réalisation de l’objectif fixé par le président de la République, à savoir porter à un million d’hectares la superficie des terres agricoles irriguées.
Le ministre s’est dit convaincu que ces nouvelles conventions permettraient «d’améliorer le processus technique des cultures et d’augmenter la productivité des terres agricoles», saluant la coordination fructueuse entre les ministères de l’Hydraulique et de l’Agriculture et du Développement rural.
Pour sa part, le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal, a indiqué que «les 232 systèmes d’assainissement à l’échelle nationale constitueront une source d’eau non conventionnelle, à même de garantir un approvisionnement supplémentaire en eau au profit du secteur agricole», soulignant que la capacité théorique de traitement des eaux usées atteint 1,096 milliard de mètres cubes par an.
En somme, ces deux conventions s’inscrivent dans le cadre de l’exploitation rationnelle des ressources en eau, ainsi que de la valorisation de l’utilisation de méthodes d’irrigation économes en eau.
A. R.