La Banque centrale d’Algérie est appelée à réduire encore le niveau du taux directeur. Fixé actuellement à 3,25% et le taux de réserve obligatoire à 6 % à fin mars 2021, le taux directeur doit être baissé à entre 1 et 0%, a, notamment, recommandé, l’expert financier Souhil Meddah.
Par Akrem R.
À ce niveau, le coût du crédit bancaire aura la probabilité d’être bas, indique-il dans une déclaration à notre journal. Ainsi, il va favoriser la croissance économique. À l’inverse, une hausse du taux du crédit permet théoriquement de ralentir la demande et par conséquent, d’éviter une surchauffe génératrice d’inflation.
Les opérateurs économiques et les investisseurs jugent que le taux d’intérêt appliqué par les banques en Algérie est trop «élevé», variant entre 6,5 à 7,5 %. Cet expert et analyste financier a plaidé pour la mise sur le marché financier, de crédits à la portée de tous les opérateurs économiques.
Il a rappelé, dans ce cadre, que par le passé, à l’ère de la surliquidité, les emprunts bancaires étaient bonifiés par l’Etat, en assumant une partie du coût des ces crédits. Chose que le Trésor public n’est plus en mesure de continuer à assumer.
Le recul drastique des niveaux de liquidités bancaires, inquiète, de plus en plus, les pouvoirs publics. Les responsables du ministère des Finances et la Banque d’Algérie ont, depuis le début de la double crise financière et sanitaire, pris un certain nombre de mesures visant la mobilisation de nouvelles sources de financement et la réduction de l’impact de la pandémie sur les entreprises.
Toutefois, un bon nombre de ces dernières patinent encore et n’arrivent pas à avoir les crédits d’exploitation, alors que d’autres, ont dû reporter leurs projets ou mettre, carrément, la clé sous le paillasson. D’ailleurs, les chiffres parlent d’eux -mêmes : près d’un million d’emplois supprimé et des milliers d’entreprises sont en difficulté, en attendant le bilan officiel du ministère des Finances.
Un comité du travail a été installé, récemment par le premier argentier du pays, Aymen Benabderrahamne, dans le but de déterminer les dégâts de la crise auquelle fait face l’Algérie, en permettant de prendre les mesures nécessaires pour redresser la barre de l’économie nationale. Face à cette situation difficile, certaines organisations patronales, à l’instar de la CAPC, ont plaidé la facilitation pour l’emprunt extérieur, sans recourir au FMI où la Banque mondiale. Autrement dit, c’est à l’opérateur d’aller chercher des crédits à des taux attractifs sur le marché financier international, dont certaines institutions proposent des emprunts à des taux négatifs.
Ce genre de crédits est inexistant en Algérie et ne peut pas être commercialisé pour la simple raison que « nous ne sommes pas dans une situation déflationniste. En Algérie, nous avons besoin d’une nouvelle politique monétaire, dont le taux d’intérêt des emprunts, soit réduit pour tous les investisseurs», a précisé Souhil Meddah, en précisant que lorsque les taux sont faibles, l’emprunteur a la possibilité de s’endetter à peu de frais, ce qui entraîne, logiquement, l’augmentation de la consommation et souvent des investissements. «La baisse des taux d’intérêt profite à l’économie réelle en facilitant l’accès aux crédits pour les entreprises» a-t-il conclu. Selon une étude datant de 2016, publiée par la Société Financière Internationale (SFI), les besoins de financement des PME algériennes s’élèvent à 16 milliards de dollars.
Il est à rappeler que les crédits à l’économie, alloués uniquement par les banques publiques ont atteint à fin mars 2021, un encours de plus de 9 711 milliards DA (en augmentation de 67 milliards DA par rapport à fin décembre 2020), dont 4 087milliards au secteur privé. La part des crédits d’investissement représente 75 % du total des crédits accordés par les banques publiques. Ces crédits ont connu une évolution de 5 milliards DA.