La situation des zones d’expansion et sites touristiques (ZEST), dans la réalisation de leurs plans d’aménagement touristique (PAT) et dans les investissements y afférents, continue à s’entourer d’un certain flou et de retards qui impactent négativement l’activité touristique dans son ensemble en tant que créneau vu et attendu comme un maillon de la grande chaîne de la diversification économique à laquelle s’attelle notre pays au cours de ces dernières années.
Par Amar Naït Messaoud
Le constat est établi par la Cour des comptes, dans son rapport 2024 publié le mois dernier et destiné à être remis aux hautes autorités du pays. Le rapport annuel de la Cour des comptes étudie et analyse les politiques publiques menées par les institutions de l’État et les Collectivités locales, sur le plan de la gestion, des procédures de contractualisation des marchés publics, des réalisations physiques et de l’impact sur la vie socioéconomique des populations.
S’agissant spécialement de la partie dédiée aux zones d’expansion et sites touristiques (ZEST), étalée sur 34 pages, le rapport 2024 souligne que le bilan des réalisations des opérations d’étude, d’aménagement et de viabilisation des ZEST, engagées sur les différents programmes d’équipement, au 31 décembre 2022, «reste faible».
Il relève que « le nombre de ZEST ayant fait l’objet de plans d’aménagement touristique (PAT) n’a pas dépassé 103 sur 249 ZEST classées ». En outre, il fait mention d’opérations de déclassement touchant 48 zones, sur toute leurs superficies ou en partie. Le constat va plus loin lorsqu’il s’agit des opérations de viabilisation qui est à la charge des pouvoirs publics, puisqu’un grand retard y est enregistré.
À la fin décembre 2022, année de référence du rapport, aucune zone touristique n’est aménagée et viabilisée dans son intégralité.
En matière de concessions données dans les zones touristiques et de projets d’investissement agrées, il a été relevé, non seulement la faiblesse du rythme, mais également le fait que le plus grand nombre de projets touristiques agrées, soit 75 %, l’ont été en dehors des zones touristiques officiellement délimitées.
Sur cet important point le rapport de la Cour des compte écrit : «Ces réalisations n’ont pas été d’un impact significatif sur l’offre du foncier touristique au regard à la fois du nombre réduit de concessions de terrain accordées et de projets d’investissement agrées et implantés à l’issue des opérations d’étude d’aménagement et de réalisations de ZEST. Ainsi, à fin 2022, les projets agrées à l’intérieur des ZEST représente à peine 15% du total des projets agrées à l’échelle nationale, le reste des projets étant implanté en dehors des ZEST».
Il y a une espèce de cafouillage
dans la gestion des zones d’expansion touristique, ce qui ne manque pas de relativiser la contribution de la part de l’économie touristique dans l’ensemble de l’économie nationale, ramenant sont taux de contribution au produit national brut (PNB) à 1,21 % selon le rapport de la Cour des comptes.
Ainsi le secteur du tourisme continue à pâtir des certaines insuffisances et contraintes au moment où le gouvernement et l’ensemble de la société attendent de lui qu’il constitue un des maillons forts de la diversification économique et des recettes extérieurs pour que notre pays devienne moins dépendants des recettes pétrolières.
S’agissant de l’activité touristique, plus qu’une autre activité, elle ne devrait pas se limiter à cette fonction de diversification des recettes en devises, sachant qu’elle est aussi un marqueur culturel et d’identité, participant à l’ouverture culturelle et au dialogue des civilisations.
La majorité des investissements réalisés en dehors des ZEST
En matière d’infrastructures touristiques-principalement la logistique de séjour-, des efforts ont été accomplis pour compléter les anciennes infrastructures publiques d’hébergement des années 1970, lesquelles ont bénéficié, au cours de ces dernières années, d’opérations de réhabilitation.
Néanmoins, comme le souligne le rapport de la Cour des compte, la majorité de ces dernières réalisations, relevant d’investisseurs privés, ont été bâties sur des assiettes hors des zones spécifiquement désignées à cet emploi, à savoir les ZEST.
Cela signifie que l’investissement dans les secteurs du tourisme pâtit encore d’un déficit d’aménagement et de palification. Les ZEST sont les sites indiqués pour recevoir tout investissement touristique sur la base d’un plan d’aménagement touristique (PAT).
La loi du 17 février 2003 relative aux zones d’expansion et sites touristiques définit une zone d’expansion touristique en ces termes : « toute région ou étendue de territoire jouissant de qualités ou de particularités naturelles, culturelles, humaines et créatives propice au tourisme, se prêtant à l’implantation ou au développement d’une infrastructure touristique et pouvant être exploitée pour le développement d’au moins une, sinon plusieurs formes rentables de tourisme».
Assouplir les procédures de l’octroi du foncier touristique
Ces zones souffrent d’un retard d’aménagement et certaines d’entre-elles ont été détournées de leur vocation initiale, en partie ou en totalité.
L’on se souvient que pareil constat a été fait déjà en 2016 par la tutelle, à savoir le ministère du Tourisme et de l’Artisanat, et ce, particulièrement pour les wilayas côtières où une commission a été chargée de faire le point sur de telles dérives.
La Cour des compte évoque, dans son rapport, les contraintes qui se dressées sur le chemin de la réalisation des objectifs en matière d’aménagement des ZEST : Contraintes d’ordre réglementaire ; insuffisances dans la gestion des opérations d’étude, d’aménagement et de viabilisation ; absence d’une vision claire et d’une priorisation des actions ; retard dans la mise en place des outils de gestion indispensables à la décision.
Le rapport recommande de « parachever le système d’information géographique (SIG) ainsi que le fichier du foncier touristique, par ZEST et par wilaya, et veiller à leur mise à jour régulière afin de faciliter l’octroi du foncier touristique aux investisseurs par l’Agence algérienne de promotion de l’investissement.
«D’autre part, elle préconise de mettre en place des procédures formalisées de coordination et de concertation avec les autres secteurs concernés en vue d’alléger les procédures administratives et d’améliorer l’efficacité des opérations d’aménagement des ZEST».
A. N. M.