Eco Times : Le 3 septembre, deux fuites de pétrole sont survenues au niveau de deux pipelines dans la région de Baâj, dans la wilaya d’El-Oued. Sonatrach a fait preuve d’une grande réactivité pour juguler les éventuels effets néfastes sur l’environnement immédiat. Pouvez-vous nous dire en quoi ont consisté les mesures prises ?
Mounir Sakhri: Effectivement, dès la survenance de ce double incident sur la canalisation de transport de brut OK1 reliant Haoud El Hamra à Skikda, au niveau d’El-Oued, Sonatrach a déclenché son plan de riposte aux incidents, qui consiste en la fermeture des quatre stations de pompage de l’oléoduc, et la mobilisation des équipes techniques pour colmater les brèches sur le pipeline, et pomper le pétrole déversé. Cette opération a été prise en charge par une équipe d’intervention, scindée en deux groupes, l’un en charge de l’opération de réparation de la partie endommagée du pipe et qui est intervenue promptement pour colmater la brèche, après la mise à l’arrêt du pompage de pétrole brut, tandis que la seconde équipe s’est chargée de l’aspiration des eaux polluées, notamment avec le renforcement en moyens techniques supplémentaires, afin d’accélérer l’opération de nettoyage et de récupération des eaux polluées de l’oued sur toute l’étendue des zones touchées. Sachant que le facteur temps est d’une importance capitale, la réactivité des équipes d’intervention a permis d’arrêter rapidement le déversement de produit polluant dans l’environnement. En parallèle, dès la première alerte, une cellule de crise a été immédiatement installée au niveau de l’activité transport par canalisations (TRC) de Sonatrach, pour prendre en charge et suivre les opérations de réparation et de nettoyage.
Sonatrach possède une expertise avérée en termes d’intervention et d’efficacité pour remédier aux incidents qui surviennent. Quels sont les moyens qui ont été déployés par la compagnie pour ce faire ?
Les moyens d’intervention mobilisés consistent en des engins de différents modèles et tonnages pour déblayer, creuser et déplacer la terre et les gravats, ainsi que des camions de gros tonnages pour évacuer les déblais. Sur les parties de pipeline endommagées, des équipes de soudeurs et des équipes techniques ont pris en charge les opérations de réparation et de sécurisation de la canalisation. Une équipe multidisciplinaire a été immédiatement dépêchée sur place pour établir un diagnostic global tout le long de l’oued, afin d’évaluer l’ampleur des dégâts potentiels sur l’environnement. L’ensemble des moyens et filiales du groupe ont été mobilisés pour l’absorption et l’aspiration des eaux polluées le long de l’oued, le traitement de toutes les flaques d’eau contaminées et le terrassement de certains tronçons, qui font l’objet de traitement par des unités spécialisées de l’entreprise.
Une enquête a été diligentée pour cerner tous les tenants et aboutissants de l’incident d’El-Oued. Est-ce à dire que des zones d’ombre demeurent à cet égard ?
L’incident est dû à des intempéries sévères ayant occasionné des pluies torrentielles sur la région concernée, qui ont précipité des tonnes de gravats sur la canalisation et provoqué les fissures en question. Néanmoins, le top management de l’entreprise, qui s’est déplacé dès le lendemain vendredi sur les lieux pour constater de visu la nature de l’incident, et le p-dg de Sonatrach, M. Toufik Hakkar, a pris plusieurs mesures et décisions pour remédier aux impacts dus à la fuite de pétrole. Des mesures qui consistent à diligenter une enquête complémentaire pour déterminer toutes les causes possibles de cet incident, et procéder au contrôle régulier des eaux sous-terraines pendant une année, avec les moyens de la société, tout en confiant cette mission à la division laboratoires de Sonatrach. Les moyens humains mobilisés pour poursuivre les investigations et les recherches sur cet incident permettront d’établir un rapport détaillé qui sera remis à la DG de Sonatrach, pour la prise des décisions nécessaires et faire toute la lumière sur cet incident.
Les risques industriels existent, mais ne sont pas une fatalité, pour autant que Sonatrach dispose de plans spéciaux de gestion des crises. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Effectivement, dans l’industrie, il n’existe pas de risque zéro, et à tout moment, quel que soit la qualité des mesures de prévention prises, on n’est jamais à l’abri d’un incident, car si Sonatrach met en place toutes les mesures pour sécuriser les périmètres où elle intervient, elle ne peut pas garantir qu’un élément ou événement imprévisible survienne à l’extérieur de la zone protégée et impacte ses installations. Comme toutes les entreprises industrielles, Sonatrach est dotée d’une structure dédiée à la gestion du risque industriel : il s’agit de la direction centrale HSE, chargée de la santé, de la sécurité et de l’environnement, dont la mission consiste à prendre en charge l’ensemble des procédures et des mesures qui encadrent les aspects santé des travailleurs, la sécurité et l’intégrité des installations et la préservation de l’environnement jouxtant ses installations. Des plans d’intervention sont prêts pour être déclenchés au moindre incident et dans les proportions relatives à la nature de l’incident et son importance. Aussi, Sonatrach n’a pas perdu une seconde lors de la survenance de l’incident sur le OK1, et les équipes d’intervention ont immédiatement investi le terrain des opérations pour exécuter le plan de riposte, sous la responsabilité et la conduite des opérations par la cellule de crise mise en place sur les lieux de l’incident avec les résultats positifs qui en ont résulté.
Face à la détresse des populations environnantes, qui redoutent un impact sur leur santé et sur leurs champs, quel message la Sonatrach peut-elle délivrer pour les rassurer ?
Le message, que Sonatrach tient à transmettre à l’ensemble des populations impactées par les conséquences de cet incident, est à la fois simple et ferme : la situation est totalement sous contrôle et tous les dégâts causés à l’environnement, au niveau des eaux de l’oued, notamment par le déversement de quantités de pétrole, sont activement pris en charge par les équipes de dépollution de Sonatrach. Ces dernières n’ont pas de délai à respecter, et elles prendront tout le temps qu’il faut pour s’assurer que toutes les zones polluées soient traitées et assainies de toute pollution aux hydrocarbures. Des études et des forages sont, également, en cours afin de s’assurer qu’il n’y a pas d’infiltration de pétrole au niveau du sous-sol et des nappes phréatiques. De même, les désagréments causés à l’environnement naturel, du fait du passage des engins, seront résorbés et tout sera fait pour rendre l’ensemble de la zone à son état d’origine, et effacer les traces de l’intervention des équipes de nettoyage et de réhabilitation. Sonatrach, entreprise citoyenne, place l’homme au cœur de sa stratégie de développement, et tous les moyens sont mobilisés pour rassurer, indemniser les personnes dont les terres ou les champs auraient été éventuellement impactés par les conséquences de l’incident et, surtout, l’environnement naturel, l’oued notamment, sera totalement réhabilité et Sonatrach ne décrètera la fin des opérations qu’une fois l’ensemble de la zone concernée assainie et remise à son état naturel d’avant l’incident.
Entretien réalisé par Hakim Outoudert