Augmenter la superficie des périmètres irrigués, réaliser des tracés d’éboulement dans les forêts, privilégier les plantations d’arbres fruitiers dans le cadre de la politique de régénération des espaces forestiers dévastés par les récents incendies.
C’est ce qu’a proposé le vice-président du Groupe de réflexion Filaha Innove (Grfi) et expert en organisation des systèmes agricoles, en guise de préalables à la concrétisation des objectifs de l’autosuffisance agricole.
Par Zoheir Zaid
Les propos ont été tenus lors de la conférence de presse consacrée au report du Salon international de l’agriculture, de l’élevage et de l’agro-industrie, Sipsa&FilahaAgrofood, à mars 2022, et qui s’est déroulée mercredi passé au Fayet Club.
L’intervenant a également tenu à déplorer qu’il ne puisse y avoir d’investissement agricole générateur de revenus et créateurs d’emploi, que si les déficits liés à la disponibilité des ressources hydriques, aux périmètres irrigués et aux intrants agricoles importés soient définitivement levés. Appelant aussi à l’impératif d’une intersectorialité et d’une interprofessionnalité, en vue, entre autres, de réussir la mise en valeur des terres agricoles et l’exploitation rationnelle et adaptée des ressources hydriques.
L’ancien cadre du ministère de l’Agriculture s’inquiète, également, de la petitesse de la superficie agricole nationale, estimée à 8.5 millions de hectares (ha), qui ne peut satisfaire la population globale de l’Algérie, dépassant déjà les 40 millions d’habitants.
Mohammed Hadj Henni a, abordant le volet de l’exportation, recommandé que faute d’y aller directement, il est imminent, dans une première étape, de réduire la facture d’importation en axant la relance agricole sur la hausse de la productivité locale. Dans la foulée, il a proposé la mise en place d’un organisme chargé de canaliser l’investissement agricole, notamment au sud du pays qui demeure attractif mais peu rentable.
Lui emboitant le pas, un investisseur dans l’agriculture saharienne, Noureddine Bakalem, a révélé que la bureaucratie demeure toujours un frein à l’investissement dans le sud, ou l’annonce d’attribution de terrains dédiés à l’agriculture saharienne est vite compromise par l’impossibilité d’y accéder et la contrainte de l’approvisionnement touchant à l’énergie électrique.
Reconvertir en profondeur l’industrie animale
Le spécialiste des productions animales, Abdelmadjid Soukehal, a, quant à lui, plaidé par la formation comme vecteur incontournable pour réussir le renouveau agricole, qui devait être basé sur la spécification des cultures, notamment la céréaliculture, dont la culture du maïs, ce dernier qui intervient en grandes quantités dans l’élevage du poulet, est malheureusement importé.
L’expert plaide, en urgence, pour la création de nouvelles souches typiquement algériennes.Celles-ci devraient être mise en place par le fait de croisement, en ce qui concerne le bétail, et par l’adaptation aux zones chaudes, dont, bien sûr, le Sahara, pour ce qui est des productions agricoles, dont végétales.
De son côté, il a appelé à revoir à la hausse les périmètres irrigués pour atteindre les 5 millions de ha, afin de pouvoir garantir le décollage en matière de productivité agricole. Tout en rappelant que cela nécessité une plus grande mobilisation hydrique, devant avoisiner les 42 milliards de metres cubes d’eau. Cette quantité est nécessaire, détaille-t-il, si l’Algérie veut cesser d’importer la poudre de lait, le sucre et l’huile, et reconvertir notre stratégie d’importation tous azimuts à une politique de production locale. en 42 milliards de m3 d’eau virtuelle.
Par ailleurs, Abdelmadjid Soukehal plaide pour une reconversion totale de notre industrie agricole, particulièrement dans le volet de l’aliment du bétail, à travers, notamment, la production du soja, du colza et du tournesol, des protéagineux, actuellement importés, qui interviennent dans la fabrication de l’huile. Quant au sucre, l’expert recommande de produire la betterave sucrière, alors que l’aliment du bétail, le maïs principalement, importé aussi, il faut penser à le produire en quantité suffisante.
« Pour le moment, tant que l’Algérie, pays méditerranéen par excellence, qui ne dispose de prairies qu’au printemps, et dont le nomadisme qu’a tué le colonialisme, l’urgent est de créer notre propre souche et réussir une réforme profonde dans l’agro-industrie. », tient-il à rappeler en conclusion.
Le dirigeable et les pseudos satellites
Reda Benlekehal, a quant à lui, abordé le volet de la logistique, qui doit, aussi, être amélioré. Il a, à ce titre, proposé le recours au dirigeable comme moyen sûre pour exporter les quantités requises vers l’Afrique, afin d’optimiser les coûts et les délais. La communication aussi doit, à ses yeux, être révolutionnée, notamment au profit des zones d’ombres, que même les satellites, en dépit des efforts consentis, n’ont pu ‘’atteindre’’. Justemment, il a, en termes de satellites, proposé des pseudos satellites, « qui coutent dix fois moins cher qu’un satellite, et peuvent donner aussi de meilleurs résultats. »
Il a conclu en louant les potentialités indéniables du pays, dont on doit bien exploiter et bien préserver pour les générations futures.
Z. Z.