La relance de l’économie nationale passe, inéluctablement, par l’investissement productif. Des instructions fermes ont été données, avant-hier, par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour dynamiser ce créneau, à l’arrêt depuis plusieurs mois, pour diverses raisons, liées notamment, à la bureaucratie et au détournement du foncier.
Par Akrem R.
En effet, le gouvernement est appelé à remédier à cette situation en finalisant, dans les meilleurs délais, le code de l’investissement et celui du foncier industriel. Des milliers de dossiers d’investissements sont toujours bloqués à travers le territoire national. Une situation intenable et préoccupante pour les chefs d’entreprises et, également, pour l’avenir de l’économie nationale. D’ailleurs, le patronat n’a pas cessé d’interpeller les autorités sur ce dossier, en appelant à un règlement rapide de cette question, et en mettant, également en garde, sur les retombées néfastes de ce statu quo qui n’arrange personne. Actuellement, le développement démographique est plus rapide que la machine économique du pays. Des experts en économie ont prédit que si la situation perdurait encore, « on risque d’alourdir notre facture d’importations et les efforts consentis déjà, en matière de rationalisation de dépenses en devises ; tomberont à l’eau».
Conscient de l’ampleur de la situation, le chef de l’Etat a annoncé lors de la rencontre gouvernement-Walis, dont les travaux se sont clôturés, hier, dimanche, la création, au niveau national, de trois agences, une pour le foncier industriel, l’autre pour le foncier agricole et une autre pour le foncier destiné à l’aménagement urbain. Le président Tebboune a fait savoir que la décision de création de ces trois agences a été prise en attendant la mise en place de ces nouveaux mécanismes devant entrer en vigueur prochainement.
En outre, un avant projet d’une nouvelle loi pour la promotion de l’investissement est sur la table du gouvernement pour approbation. Ce dernier repose, selon le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, sur la concrétisation de la liberté d’investissement, la simplification des procédures administratives, la facilitation de la création des entreprises, la garantie de la stabilité juridique.
Bientôt une nouvelle loi sur l’investissement …
Cette stabilité recherchée depuis des années, sera-t-elle garantie, une fois la loi sur l’investissement adoptée par le Parlement ? « La nouvelle loi vise, entre autres, la promotion des investissements et la consécration de la stabilité du système juridique à travers l’interdiction des modifications répétées à court terme, et ce, dans l’objectif de permettre à l’investisseur de bénéficier d’une vision prospective sur les court et moyen termes», a assuré Zeghdar.
S’agissant du foncier industriel, le ministre a annoncé l’introduction de modifications à son système juridique. Une mesure qui vise à lever les obstacles et faire face aux cas de blocage que connait l’opération d’octroi et de gestion du foncier industriel.
Dans ce cadre, l’expert en investissement international, Mohamed Sayoud, a salué la décision, tout en appelant à la mise en place, rapidement, de l’agence nationale du foncier industriel. «L’investisseur a perdu déjà beaucoup du temps. Il faut aller, vite et rapidement, dans le traitement des dossiers d’investissements. «Times is money», a-t-il souligné, en réitérant sa proposition pour la création de zones industrielles clés en main. Lors d’une rencontre, organisée avant-hier à Skikda, sur les opportunités d’investissements étrangers en Algérie, et en présence d’hommes d’affaires turcs, chinois, indiens et autres, l’expert Sayoud, les a incités à venir investir en Algérie, dont tous les atouts de réussite sont réunis. En effet, tous les secteurs sont ouverts à l’investissement, à l’exception des secteurs stratégiques, notamment, suite à l’abrogation de la règle 51/49.
Un recensement économique de chaque wilaya
Concernant les régions ayant une faible attractivité auprès des investisseurs, le Chef de l’Etat a ordonné «la création de zones d’activités, loin de la bureaucratie tout en veillant à faciliter l’octroi de parcelles de terrains aux artisans, et à assurer le contrôle de ces activités et investissements».
Sur ce point, l’expert en économie, Hamza Boughadi, a préconisé d’identifier d’abord les potentialités de chaque région avant de projeter des programmes d’investissement ou de développement. Pour lui, le recensement économique, annoncé par le chef de l’Etat, est essentiel pour connaitre les vocations des terrains de chaque wilaya et les opportunités d’investissement. Il est à rappeler qu’une décision avait été prise en 2018 pour l’élaboration d’une cartographie économique de chaque région, mais le projet n’est pas encore lancé. Pour notre interlocuteur, « on doit tout simplement, revoir la manière avec laquelle on gère le dossier de l’investissement, notamment, au niveau local. Ainsi, le wali est appelé à s’impliquer davantage, en organisant des rencontres cycliques avec les investisseurs pour remédier aux situations de blocage».
Pour sa part, l’expert en économie, Ahmed Souahlia, a indiqué que le wali ne devrait pas se limiter seulement aux tâches et missions administratives. Mais, il doit accorder plus d’importance à l’économie.