Insertion de jeunes diplômés universitaires : Les licences professionnelles à la rescousse

Insertion de jeunes diplômés universitaires : Les licences professionnelles à la rescousse

Les nouveaux bacheliers peuvent bénéficier de formations techniques ou technologiques (licences professionnelles), telles que demandées actuellement sur le marché de l’emploi par les entreprises économiques, publiques ou privées. Ces diplômes opérationnels sont censés déboucher rapidement sur des emplois dans les filières et branches de l’optique/optométrie, construction automobile, hydrocarbures, agroalimentaire/nutrition, économie et gestion des entreprises, etc.

Par Amar Naït Messaoud

En tous cas, les ambitions de l’économie nationale et les nouvelles orientations dont elle bénéficie, à même de lui tracer de nouveaux horizons hors des « sentiers battus » de la dépendance par rapport aux hydrocarbures, commencent à faire valoir leurs besoins en encadrement et en main-d’œuvre qualifiés, segments dans lesquels l’Algérie avait enregistré un certain retard, malgré les investissements colossaux consentis dans le domaine de l’éducation et de la formation.

Car, avec les nouvelles données de l’économie, la formation professionnelle, dans sa typologie « traditionnelle », forte de presque 500 spécialités, et les nouvelles licences professionnelles, est appelée, sans doute plus que l’enseignement général et l’enseignement supérieur classique ou LMD, à jouer les premiers rôles dans la fourniture d’un personnel de qualité pour faire marcher les ateliers et les unités de production, obtenir des produits répondant aux standards internationaux et intégrer positivement les facteurs de compétitivité.

Déjà, il y a un indicateur de taille qui renforce la vision ainsi développée en matière de ressources humaines destinées à la gestion de l’entreprise économique.

On a relevé, au ministère de la Formation et de l’Enseignement professionnels que, plus de 60% des porteurs de projets de micro-entreprises sont issus des centres de formation professionnelle.

Ce taux est donc intégré dans les nouvelles entités gérées par les jeunes qui, via le microcrédit, ont tenu à s’installer à leur propre compte, et ce, indépendamment des résultats obtenus en matière de durabilité de l’entreprise et des bénéfices engrangés.

Car, l’on sait qu’un grand nombre d’entre ces jeunes porteurs de projets ont vécu de lourdes déceptions, en raison de plusieurs facteurs qui grèvent de leur poids la marche et l’épanouissement de l’entreprise dans l’environnement difficile qui est le sien.

RECRUTÉS OU ÉTABLIS À LEUR PROPRE COMPTE

Après moult flottements dans le secteur de la formation au cours de la décennie 2000-2010, les demandeurs d’emploi issus des centres de formation processionnelle trouvent plus facilement et plus rapidement un poste de travail au sein des entreprises économiques. Le taux d’insertion dépasse les 80 %.

Cela se fait généralement au cours d’une durée moyenne de six mois après le dépôt de dossier à l’agence d’emploi (ANEM).

Le ministère de la Formation professionnelle a déjà établi le constat que les diplômés de la formation et de l’enseignement professionnels « étaient soit recrutés dans des délais record, installés « facilement » à leur propre compte, comparativement aux diplômés d’autres secteurs (enseignement supérieur….).

Les diplômés de l’enseignement supérieur, en raison d’un certain gap entre le système d’enseignement et de formation (contenu pédagogique et qualité des prestations) et la réalité du champ économique algérien en perpétuelle évolution, n’arrivent pas à s’insérer à un rythme optimal dans le champ économique.

L’afflux massif de diplômés universitaires (quelque 300 000 diplômés par an) à la recherche de l’emploi ne correspond pas à la croissance des entreprises de production susceptibles de les recruter.

Néanmoins, la formation professionnelle, elle-même, n’est pas exempte de contraintes ou de retards. L’on sait que des employeurs, qui ont inauguré fraîchement leurs activités dans le monde de l’agro-industrie, l’électronique, la climatisation et d’autres domaines de l’industrie, ne trouvent pas toujours les ouvriers spécialisés, les contremaîtres et les techniciens à même d’assurer toutes les fonctions prévues dans l’organigramme.

OUVRIR LA FORMATION SUR LE MONDE DU TRAVAIL

Dans ce contexte, l’importance de l’ouverture des établissements de la formation et de l’enseignement professionnels sur le champ économique requiert le développement du partenariat avec les entreprises.

Cela, en y intégrant les associations professionnelles, les associations patronales, les Chambre de l’industrie et de commerce des wilayas, il sera possible d’établir un partenariat collaboratif tendant à contribuer à l’amélioration de la formation et à son adaptation aux impératifs des entreprises économiques.

Parallèlement aux grands efforts d’investissement consentis dans les infrastructures de formation, la dotation des laboratoires et le recrutement du personnel pédagogique, la formation professionnelle entend développer et améliorer l’aspect pédagogique et procéder à un inventaire exhaustif des nouveaux métiers dont a besoin l’économie nationale.

Il y a actuellement une demande sociale pour un certain nombre d’activités pour lesquelles la formation professionnelle, ni même l’enseignement supérieur, n’ont pas prévu de formation.

Les métiers de la sylviculture et de la nouvelle économie forestière tardent à bénéficier de formations opérationnelles.

Il y a des filières, à l’image des plantes médicinales et aromatiques, qui en sont restées au stade de constitution administrative de la filière.

Il n’y a ni recensement des potentialités nationales d’exploitation, ni établissement de protocoles d’extraction et de fabrication des huiles essentielles et d’autres produits et de sous-produits que compte la gamme de cette filière, laquelle, à un certain niveau de performance, peut aller jusqu’à l’exportation.

Avec les incertitudes qui pèsent sur les revenus pétroliers, dans une conjoncture mondiale des plus complexes, et dans le cadre d’une relance économique basée sur la diversification maximale des activités, la donne change radicalement, au profit d’une réflexion censée agir rapidement sur les différents éléments du puzzle : réforme de l’école, mise à niveau de la formation professionnelle et réformes radicales dans le système universitaire.

La formation de la ressource humaine demeure le facteur majeur du bond économique espéré par l’Algérie.

A.N.M.

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