« L’Etat ne cédera sur aucun dinar volé ou détourné, ni aucune parcelle de terrain pillée ou détournée de sa vocation. C’est là une ‘Amana’ que nous veillerons tous à préserver. »
C’est en ces termes que le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, a répondu à quelques parlementaires qui se sont opposés à «l’amnistie économique» ou «règlement à l’amiable» introduite dans le chapitre consacré au «fonds détournés», inclus dans le Plan d’action du gouvernement (PAG), désormais voté à la majorité par , 318 voix « pour » sur 380 députés présents, jeudi passé.
Par Zoheir Zaid
Le Premier ministre a ajouté que la récupération de l’argent détourné passera par « l’activation d’une série de mécanismes juridiques dans le cadre des conventions internationales, dont la Convention des Nations- Unies contre la corruption, en sus du lancement d’une série de procédures avec les pays hôtes des fonds pillés. »
Ceci, tout en rassurant que « ‘’le règlement à l’amiable’’ pour la récupération des fonds pillés détournés vers l’étranger, a démontré son efficacité dans beaucoup de pays qui l’ont adopté, dans la lutte contre la corruption. »
Toutefois, Aymen Benabderrahmane a révélé qu’ « il ne concerne pas les personnes physiques mises en cause, ni les sanctions prononcées à leur encontre, mais concerne plutôt, les personnes morales, à savoir, les sociétés étrangères impliquées dans des opérations de corruption, qui ont également bénéficié de ces fonds détournés dans le cadre de transactions et de projets, objet de pratiques de corruption. »
Par ailleurs, le Premier ministre a annoncé que l’heure est à la réactualisation du Schéma national d’aménagement du territoire (SNAT), avant la fin de l’année en cours, car c’est « un outil indispensable pour la planification et la prospection, qui aura un impact sur la stratégie nationale de l’aménagement du territoire et induira également la révision des codes, communale et de wilaya. »
Beaucoup d’ateliers seront également lancés incessamment, a révélé le Premier ministre, visant la redynamisation de projets de réformes, notamment, celui du système national de la Fonction publique, qui fera l’objet d’une concertation élargie aux partenaires socio-économiques reconnues par la loi.
Révision du Système national de la santé
Dans le domaine de la santé, le Premier ministre a annoncé la levée du gel sur les projets de réalisation des établissements hospitaliers, qui accuse des retards de livraison pour des causes diverses, notamment, l’indisponibilité des ressources financières, et ce, en y mettant l’argent nécessaire pour leur concrétisation.
Mais pas seulement. Il sera également procédé à la dotation en équipements nécessaires au fonctionnement des structures de santé, et dont la Covid-19 en a grandement illustré le manque en matière de gestion, et aussi, au pourvoi en postes de praticiens spécialisés de la santé, notamment, dans les régions durement dépourvues.
La tenue des Assises nationales de la Santé et la révision du Système de santé, à travers une modification de la Carte sanitaire, comportant des critères répondant au mieux au diagnostic de la situation prégnante et aux besoins réels des populations, notamment dans le Sud et les Hauts- Plateaux. Ce sont là, les deux principales actions imminentes à organiser.
L’Algérie, plus grand pourvoyeur africain en RH
Le Premier ministre a tenu à préciser que «en dépit des critiques, l’Algérie est classée 1ère à l’échelle arabe et 3 ème africaine, en ‘’Indice de développement humain : IDH’’, tout en comptabilisant le plus grand nombre de ressources humaines (RH) dans le domaine médical et paramédical en Afrique. »
En chiffres : l’Algérie compte 56 700 personnes exerçant dans le domaine hospitalier, réparties ainsi : 4 518 enseignants universitaires, 14 774 médecins privés et 28 100 médecins généralistes, 2 192 pharmaciens hospitaliers et 7 019 chirurgiens dentiste. En moyens matériels publics: 361 établissements publics hospitaliers, plus de 8 070 polycliniques et salles de soins, 433 établissements publics de santé de proximité, plus de 200 centres d’hémodialyse, 13 centres anticancéreux (CAC), alors que le secteur privé est venu renforcer la santé par 660 cliniques et 3 CAC.
Concernant le prix des produits de consommation, le Premier ministre a relevé une hausse sans précédent, promettant d’y remédier en renforçant les moyens de contrôle et de répression. Il a également, sans vouloir trop revenir sur les raisons de cette augmentation, précisé que les origines sont aussi liées à la hausse des prix à l’importation, notamment, les fruits et les viandes rouges et blanches.
Taux de croissance de 4% à la fin 2021
Le pouvoir d’achat des Algériens s’en trouve, ainsi, fortement affecté, reconnait Benabderrahmane, ce qui a poussé l’Etat à réserver déjà, dans
le cadre de la Loi de finances 2020 (LF 2020), 1 900 milliards de DA, représentant 9.4% du Produit intérieur brut (PIB) et 23.78% du budget global de l’Etat.
En matière de taux de croissance économique, l’Algérie, rappelle le Premier ministre, a enregistré 2.8% durant le premier trimestre 2021 et devra atteindre, d’ici la fin de l’année en cours, 4%.
Le projet de loi relatif au partenariat public-privé sera débattu dans les prochains jours, a également annoncé le Premier ministre, lequel projet figure parmi les priorités du Gouvernement en vue de « financer, gérer et exploiter les structures publiques. »
Pour rappel, le Plan d’action du gouvernement portant mise en œuvre du programme du Président de la République et ses 54 engagements, est axé essentiellement sur l’engagement de réformes structurelles destinées à relancer l’économie nationale et moderniser le système bancaire et financier.
Il s’articule autour de cinq chapitres, à savoir la consolidation de l’Etat de droit et la rénovation de la gouvernance, la relance et le renouveau économiques, le développement humain et une politique sociale renforcée, une politique étrangère dynamique et proactive, ainsi que le renforcement de la sécurité et de la défense nationale.
Z. Z.
Paroles de députés :
Kamel Benkhelouf, du Mouvement El-Bina:
« Mettre en place un programme d’urgence pour la dynamisation de toutes les filières économiques, industrielles, agricoles et de services. Concernant la corruption et la bureaucratie, je plaide pour le renforcement du contrôle et la digitalisation dans les différents secteurs. »
FatehBoutbig du front El Moustakbal :
«Lutter contre la concurrence déloyale, investir dans les industries manufacturières, le secteur tertiaire et l’assainissement du foncier agricole et industriel, et bien exploiter les ressources hydriques. »
Ahmed Taouil du RND :
« Je salue vivement la décision souveraine du président de la République portant rupture des relations avec le Maroc, tout en félicitant par la diplomatie algérienne pour sa lutte contre les différentes formes d’ingérence étrangère dans les affaires internes de l’Algérie. Je plaide pour la dépénalisation de l’acte de gestion et à l’amendement des lois y afférentes et pour le renforcement des attributions de l’élu local, à travers un nouveau code communal. Je suis aussi pour la réforme du Conseil supérieur de la magistrature, en lui accordant le pouvoir de désigner les magistrats, et la révision de la détention préventive et l’application de la peine capitale pour le meurtre et le kidnapping d’enfants. »
Ahmed Saddouk, du MSP):
«J’estime que le PAG devrait se baser sur des données et une évaluation pour sa réussite sur le terrain, notamment dans le contexte de la crise financière que traverse le pays. Je pense aussi que la lutte contre la corruption ne peut être concrétisée que grâce à une justice indépendante, un contrôle strict, des médias indépendants et un rôle efficace et sur le terrain de la société civile. En matière de libertés, je demande de nous permettre de participer aux débats télévisés comme auparavant.»
AbdelwahabAït Menguelet président du groupe parlementaire des Indépendants:
«Pour régler la pénurie d’eau, il faut installer plusieurs stations de dessalement d’eau de mer. Je propose de donner aux maires les prérogatives de gérer les micro-industries et je souhaite que les anciennes pratiques et mentalités ayant prévalu dans le passé soient bannies pour ‘’l’Algérie nouvelle’’ voie le jour. »
Ahmed Tamamri du FLN:
«Je suis vivement content du contenu du PAG, réflétant, à mes yeux, la véritable lutte contre la corruption, la réforme du système judiciaire et les efforts de l’Etat pour récupérer les fonds détournés. »
Elu FLN de Skikda, Riad Sahnoune :
«Le PAG est dépourvu du langage des chiffres et des délais de sa mise en exécution. Par ailleurs, je plaide pour l’unification des textes de loi relatifs à l’investissement (Loi de finance 2016), loi de l’investissement 2016 et l’ordonnance 08-04 du 1 er septembre 2008, pour donner plus de cohérence aux activités des investisseurs et éviter leur ballotage d’un texte de loi à un autre. Le pouvoir d’achat des ménages est lié, à notre avis, au développement économique et à la hausse de la productivité, dont influera la disponibilité des produits de consommation donc leur baisse. »
Elu MSP de Skikda, Abdeslam Bachagha :
« Je plaide pour le dégel de la loi 91-O5 portant généralisation de la langue arabe. En matière de santé, je demande de revoir la loi sur la santé, de promouvoir la gratuité des soins au profit des couches nécessiteuses et défavorisées, de redynamiser les projets gelés de réalisation des unités d’urgences et de maternité, et aussi des centres anticancéreux (CAC). Je souhaite également de remettre en place le rôle de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire, dont la mission était justement de prévenir la pandémie mondiale et ses différents variants. »
Déclarations recueillies par Z. Z.