Les premières pluies qui sont tombées sur Alger et sur les wilayas environnantes, ont causé tellement de dégâts que nos compatriotes en sont venus à la regretter. Les premières gouttes de pluies ont donc bloqué la circulation, envahi les trémies et les places publiques et même le nouvel aéroport. L‘incompréhension était à son comble, face à la redondance de ces évènements, qui ont fait rappeler aux citoyens, les inondations meurtrières de Bab El Oued. Alger à la moindre goutte d’eau se noie.
Par Réda Hadi
A la première forte pluie à Alger le spectacle était désolant. La trémie et la place du 1er Mai ont été fermées pour cause d‘inondation. Plusieurs quartiers ont été inondés, perturbant considérablement la circulation et des voitures ont été renversées par la force de l’eau. L’aéroport d’Alger Houari Boumediene aussi, a été touché. Les images prises du tarmac sont impressionnantes. Dans la nouvelle ville de Sidi Abdallah, l’eau couvre en partie les voitures.
Mais il n’ ya pas qu’à Alger où les dégâts de l’eau sont considérables.
À Tipasa, un mur d’un centre de loisirs s’est partiellement effondré et la route nationale n°11 a été fermée à la circulation.
Selon un communiqué de le Gendarmerie nationale, il y a eu une augmentation du niveau des eaux au barrage de Mazafran, à l’est d’Alger. L’autoroute reliant Alger à Zeralda a été fermée aux automobilistes, ce qui a provoqué un encombrement jamais vu et dont les images ont fait le buzz sur les réseaux sociaux.
Médéa aussi a été touchée par ces premières pluies d’automne. La route nationale n° 60 a été fermée. Deux autres routes wilayales connaissent des problèmes de circulation.
Dans certaines régions de la wilaya de Tizi-Ouzou, les puissants orages pluvieux ont causé des coupures d’électricité.
Premières goutes, premiers problèmes
Comme c’est le cas depuis plusieurs années maintenant, premières pluies riment avec premières inondations à Alger et ailleurs. Comment expliquer qu’une pluie, aussi torrentielle soit-elle, peut en quelques heures seulement engloutir des pans entiers d’une capitale comme Alger ? C’est la question qui suscite la colère des Algérois.
Pour les habitants de la capitale, la pluie a toujours dévoilé l’incurie des gestionnaires locaux et le manque d’anticipation des autorités nationales.
Beaucoup accusent les autorités locales de ne pas procéder au curage des avaloirs avant les pluies. D’autres mettent en cause le laxisme effarant des différents gouvernants du fait de la répétitivité de ces évènements.
Alger (et d’autres villes), est-elle condamnée à être éternellement noyée ?
Des spécialistes de la question assurent aussi que d’autres dysfonctionnements sont aussi à l’origine de cette situation.
Nafaa Abderrahmane, ingénieur d’Etat et spécialiste en risques naturels explique que «en dehors des entretiens obligatoires, qui ne se font pas automatiquement, la fragilisation des sols par la destruction du couvert végétal qui les stabilise et les constructions anarchiques et illégales dans les zones inondables, sont autant de facteurs des catastrophes actuelles et à venir. Quand vous rendez le sol imperméable par l’urbanisation, vous risquez d’avoir de grosses inondations. Il y a aussi l’absence d’espaces verts et l’abandon de la tradition de la récupération des eaux pluviales. Le fait d’avoir des retenues d’eau végétalisées, empêche les ruissellements dangereux. La relation entre la profondeur du sol, le couvert végétal et la pluviométrie est établie»
Celui-ci précise aussi qu’«en milieu urbain, c’est le réseau d’assainissement qui reçoit et draine l’eau excédentaire qui n’est pas retenue par les espaces verts et les déversoirs d’orage. Lorsque le volume et le débit de cette eau sont très élevés, le réseau d’assainissement peut déborder et submerger les rues et les bâtiments. D’où, l’importance de l’entretien. La récurrence des inondations urbaines est due à la combinaison de ces facteurs, (entretien et végétalisation). Néanmoins, les facteurs naturels sont difficilement prévisibles et contrôlables, alors que les facteurs humains relèvent de la gouvernance urbaine», relève-t-il. Par conséquent, « une bonne gouvernance urbaine peut contribuer à réduire le risque d’inondation en s’appuyant sur des techniques alternatives d’assainissement et des aménagements urbains et paysagers adaptés», conclut le spécialiste.
Le précédent Bab El Oued
Le 10 novembre 2001, les meurtrières inondations de Bab El Oued à Alger, avec un peu plus de 700 morts en une matinée, ont également été causées par une déferlante de boue des hauteurs d’Alger. Les constructions anarchiques et le déficit en couverture végétale ont permis à l’eau de charrier des tonnes de terre transformées en vague destructrice et puissante.
De son côté, la Société des eaux et de l’assainissement d’Alger (Seaal) a mis en place en 2018, un plan préventif relatif au principal réseau d’assainissement qui s’étend sur une distance de 3.800 km, et ce, pour assurer le contrôle de plus de 60 points noirs à travers les 13 circonscriptions administratives de la wilaya d’Alger.
R. H.