Par Lyazid Khaber
«La libre concurrence semble avantager les génies du mal plutôt que ceux du bien.»
Alexandre Zinoviev
Le bilan des services de contrôle économique et de répression de la fraude, pour le premier trimestre de 2021, est sans appel. Pas moins de 31.917 infractions aux règles de la concurrence ont été relevées, et 30.199 procès-verbaux de poursuite judiciaire ont été établis, avec proposition de fermeture de 2.717 locaux commerciaux. Ceci dit, dans un marché comme le nôtre où le respect des normes commerciales est loin d’être le point fort de nos commerçants, le mal ne cesse de prendre de l’ampleur. D’abord, il y a le volet inhérent à la pratique commerciale elle-même, où de nombreux espaces servent de marché à des gens qui n’ont aucune qualité pour y exercer. Ainsi, le point le plus important demeure celui du non-respect de l’obligation de transparence dans l’exercice des pratiques commerciales, avec, en sus, l’obligation de facturation lors des différentes étapes de production et de distribution pour le commerce de gros, qui a porté sur au moins 1.549 infractions pour non facturation, dont 139 infractions liées à l’établissement de factures fictives, et la découverte d’un chiffre d’affaires dissimulé de 28, 79 milliards de dinars. On le sait très bien, cette situation qui perdure depuis déjà de longues années, et où on trouve même certains endroits où la facturation n’a jamais existé, fait perdre à l’Etat d’énormes ressources, mais ne manquent pas de perturber un marché déjà déstructuré. Pis encore, ceux qui s’adonnent à ces pratiques déloyales, constituent à eux seuls, une vraie force qui a la capacité d’inhiber le marché pour un oui ou pour un non. On l’a vu tout récemment avec la pénurie créée de toute pièce de l’huile de table, ou encore, des autres produits qui restent concentrés entre les mains de ces lobbys de commerçants véreux. Dans le même sillage, le consommateur algérien reste le plus malmené par ces pratiques déloyales, lui qui, en plus de risquer à chaque fois de subir les effets de ces pénuries, ne peut même pas prétendre savoir dans quelles conditions les produits qu’il consomme sont conservés. Pis encore, et en plus des questions inhérentes à la santé publique, il y a la spéculation sur les prix, devenue monnaie courante ces derniers temps. De là, faut-il comprendre que nous sommes arrivés à un stade de dégradation incommensurable, où des mesures sérieuses doivent être prises en urgence pour mettre hors d’état de nuire ces ennemis de l’économie nationale ?
L. K.