Déterminé à aller à la conquête du marché international, le secteur de l’industrie pharmaceutique compte décidément parmi les créneaux en mesure de booster les exportations hors hydrocarbures à moyen terme, et ce, après avoir été durant de longues décennies l’un des postes qui engloutissent le plus de devises en termes d’importations de médicaments.
Par Mohamed Naïli
Si, à court terme, l’objectif du ministère de l’industrie pharmaceutique est modéré, avec une valeur de 50 millions de dollars d’ici la fin de l’année en cours, pour les années à venir, le volume des exportations de médicaments est appelé à décupler significativement, pour peu que toutes les contraintes bureaucratiques et administratives soient levées.
C’est en ces termes qu’a exposé, hier matin, sur les ondes de la chaine 3 de la radio nationale Dr Nadia Bouabdallah, Directrice de la production, du développement industriel, de la promotion de l’exportation et de la recherche auprès du ministère de l’Industrie pharmaceutique, la stratégie adoptée pour le développement d’une filière du médicament orientée vers le marché régional et international.
Néanmoins, en évoquant les obstacles que les opérateurs du secteur croisent encore sur leur chemin vers l’exportation, la représentante du ministère fera savoir qu’il en subsiste encore, bien que d’importants efforts aient été consentis pour rendre le terrain moins difficile et accompagner les producteurs dans ce processus. Mme Bouabdellah citera, à titre d’exemple, « lorsqu’il y a des quotas de médicaments endommagés lors du transport, il n’est pas possible de modifier la facture pour le client », c’est-à-dire pour déduire la valeur des quantités endommagées du montant à régler par le client. Lequel problème est en cours de règlement avec la Banque d’Algérie, rassure-t-elle, avant d’évoquer la question de la garantie du rapatriement des fonds issus des opérations d’exportation, notamment lorsqu’il s’agit d’un client perdant ces capacité de paiement. Autant d’écueils suscitant l’appréhension des opérateurs auxquels le ministère de tutelle s’atèle à trouver des solutions afin de rendre le climat plus serein et rassurer les exportateurs potentiels.
Des mesures pour simplifier l’acte d’exporter
Pour ce qui est des mesures prises pour faciliter la tâche aux opérateurs du secteur à l’exportation, la représentante du ministère de l’industrie pharmaceutique affirme qu’il y a une réelle volonté politique accompagnant cette dynamique qui se traduit par, entre autres, « les produits destinés à l’exportation bénéficieront d’une procédure d’enregistrement accélérée », dont « le prix est simplement notifié ». En d’autres termes, « il suffit de proposer un prix justifié par une marge bénéficiaire et il sera immédiatement accepté par le comité chargé des prix », précise docteur Bouabdellah.
Le continent africain étant le marché prioritaire que ciblent les producteurs nationaux de médicaments, l’objectif immédiat pour l’Algérie à cet égard est l’accueil du siège de l’Agence africaine du médicament (AMA), récemment créée sous l’égide de l’Union africaine (UA). A cet effet, l’Algérie a présenté officiellement sa candidature, aux côtés de sept autres pays africains, en l’occurrence l’Égypte, le Maroc, l’Ouganda, le Rwanda, la Tanzanie, la Tunisie et le Zimbabwe.
Abriter le siège de cette agence régionale, « permettra d’offrir à l’Algérie une plus grande visibilité au niveau africain et de participer activement à l’industrialisation de l’Afrique », dira Dr Nadia Bouabdellah. Depuis le franc succès du premier salon El Djazaïr Healthcare, organisé en mai dernier à Dakar, à l’issu duquel d’importants accords d’exportation de médicaments produits localement vers des pays africains ont été signés, faut-il noter, l’Algérie affiche clairement ses ambitions continentales dans le domaine de l’industrie pharmaceutique.
Néanmoins, ces ambitions ne semblent pas perçues de la même manière au sein du ministère de tutelle. La semaine dernière en effet l’inspectrice générale de ce département ministériel, Dr Ouiza Ladjadj, estimait que l’Algérie n’est pas à la hauteur de ses ambitions dans ce domaine, à savoir l’exportation du médicament, bien que, reconnait-elle, le montant de 50 millions de dollars reste loin du grand potentiel dont dispose le pays.
Pour ce qui est du marché national de médicament, la représentante du ministère de tutelle a annoncé la production prochainement de l’insuline au niveau local, ce qui permettra à l’Algérie de réduire la facture des importations de ce produit qui s’élève à pas moins de 400 millions de dollars par année, « ce qui pèse lourd sur le budget de l’Etat et les caisses de la sécurité sociale », annonçait récemment le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed.
Quant aux restrictions sur l’importation d’autres médicaments, Mme Buabdellah précise que « l’interdiction d’importation concerne uniquement les médicaments produits localement et en quantités suffisantes ».
M.N.