L’Algérie est déterminée à asseoir une industrie automobile. Des mesures importantes ont été prises récemment par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour booster cette industrie tant attendue par les Algériens.
Par Akrem R.
Si un premier constructeur, Stellantis, est déjà implanté à Oran et produit une gamme de véhicules, d’autres arriveront bientôt sur le marché algérien, à l’image des constructeurs chinois, coréens et, plus récemment, allemands.
Des projets industriels sont en phase d’étude, et des usines seront implantées en Algérie pour produire différents types de véhicules. Une démarche qui devrait contribuer, à terme, à approvisionner le marché national en véhicules de qualité et en quantité suffisante. La décision du chef de l’État de reprendre en main le dossier de l’automobile, et de réserver au Conseil des ministres le traitement des autorisations relatives à la fabrication et à l’importation de véhicules, a été qualifiée de « salutaire », car elle donne un nouvel élan à cette industrie.
D’ailleurs, des objectifs ambitieux ont été fixés par le gouvernement, visant à augmenter la contribution du secteur industriel au PIB à 12 % dans les quatre années à venir, soit une hausse de 6 à 7 %.
Ainsi l’État mise, dans sa stratégie, sur l’automobile pour atteindre cet objectif, notamment à travers le développement de la sous-traitance et de l’intégration nationale.
Le président insiste, dans ses différentes interventions, sur la nécessité d’associer les entreprises locales de sous-traitance qualifiées dans les spécialités de la filière automobile. De nombreux kits et intrants essentiels peuvent en effet être fabriqués localement. Par ces orientations, l’Algérie entend inaugurer une nouvelle ère dans l’industrie automobile, en rompant clairement avec « l’historique noir » de certains fraudeurs ayant opéré dans ce secteur avant 2019.
C’est ce qu’a réaffirmé le ministre de l’Industrie, Sifi Ghrieb, mardi à Alger, en recevant une délégation du constructeur automobile Stellantis, conduite par le directeur des opérations pour la région MENA, Samir Cherfan. Il a renouvelé l’engagement de son secteur à accélérer la mise en œuvre des orientations du président de la République, visant à créer une véritable industrie automobile nationale fondée sur l’intégration locale et le développement d’un réseau national de sous-traitance.
Le ministre a insisté sur la nécessité d’intensifier les efforts pour augmenter le taux d’intégration locale et développer le tissu industriel national, notamment dans le domaine de la sous-traitance. Cela conformément aux orientations du président, qui veut faire de cette industrie un pilier de la croissance économique et un moyen de satisfaire les besoins du marché national.
De son côté, M. Cherfan a salué le soutien des pouvoirs publics et assuré que le groupe mobilise tous ses moyens pour renforcer la production et encourager la sous-traitance locale, en accord avec la vision globale de développement de l’industrie automobile en Algérie.
Un partenariat industriel déjà en marche
«Aujourd’hui, notre principal partenaire industriel est l’entreprise Stellantis», a affirmé Kamel Agsous, directeur de la sous-traitance dans le secteur automobile.
Ce rapprochement marque une étape importante : après un travail de fond amorcé il y a dix ans, près d’une centaine de fabricants algériens ont été répertoriés et intégrés à la sous-traitance automobile.
«Nous accompagnons systématiquement, en mettant en relation les donneurs d’ordres avec les PME, organisant des journées techniques à la demande des constructeurs eux-mêmes», a-t-il précisé.
En Algérie, des PME interviennent déjà sur des composants tels que les batteries, les systèmes de freinage ou les faisceaux électriques. Mais, selon Agsous, «un niveau de qualité supérieur est indispensable. Il faut élever les standards et adapter les mécanismes et les PME aux normes mondiales de management et d’outillage».
Il a rappelé l’existence d’un Fonds pour la compétitivité, dont la mission est de soutenir la mise à niveau des PME, en modernisant les systèmes de production, la maintenance, le management et la formation des ressources humaines.
1 300 PME déjà actives dans la sous-traitance
La Bourse de la sous-traitance nationale recense aujourd’hui 1 300 PME. L’objectif est d’atteindre 2 000 entreprises capables de répondre à la demande croissante. «Nous devons produire des textes avec le ministère pour faciliter la création de PME spécialisées dans la sous-traitance », a précisé Agsous, en rappelant que les constructeurs sont dans l’obligation de se tourner vers la sous-traitance locale. « La Bourse joue un rôle de catalyseur», a-t-il ajouté.
Même si la préférence nationale à hauteur de 25 % est actée, des difficultés d’application subsistent.
Pour contourner ces blocages, des partenariats de sous-traitance ont été signés. Agsous a appelé à ne pas limiter la croissance à l’investissement, mais à miser également sur l’innovation. «L’innovation est au cœur de l’industrie moderne : outils technologiques, industrie de pointe, intelligence artificielle, numérisation», a-t-il insisté.
Un salon national de la sous-traitance prévu en novembre
Le responsable a également annoncé l’organisation, en novembre 2025, d’un salon de la sous-traitance. Ce rendez-vous visera à structurer un «pôle national de l’automobile» fondé sur l’excellence et la coopération.
Selon lui, Settlantis a déjà homologué dix sous-traitants, et une trentaine d’autres PME sont en cours de validation. Des discussions sont aussi en cours avec des constructeurs chinois, allemands et japonais.
En somme, l’Algérie affiche une volonté politique affirmée de construire une industrie automobile solide, intégrée et compétitive. Les PME nationales sont appelées à jouer un rôle décisif dans cette stratégie de souveraineté industrielle, à travers l’innovation, la qualité et l’intégration.
A.R.