(1ère partie)
Dans la perspective de faire face aux changements survenus dans le secteur agroalimentaire au niveau mondial (innovations, compétitivité, normalisation,), de diversifier l’économie en Algérie et d’identifier d’autres produits possibles à l’exportation, en dehors des hydrocarbures, la valorisation des produits de terroir algériens s’engage, timidement mais sûrement, dans une nouvelle dynamique et des stratégies innovantes.
Par Djamel GUEMACHE (1) et M’hamed MERDJI (2)
Pour cela, le pays s’appuie, à juste titre, sur un rassemblement des acteurs publics et privés dans le but de créer une véritable synergie afin de concrétiser les exportations de ses produits de terroir.
Afin de créer les meilleures conditions de succès, elle prend en compte l’importance et la diversité des produits existants en jouant sur la trilogie pertinente : ses valeurs historiques et culturelles, les aspects géographiques et les savoir-faire ancestraux disponibles.
Tout ceci s’inscrit manifestement dans la volonté de capter la valeur ajoutée liée notamment à la transformation de certains produits associés à une forte demande dans les domaines de la santé et du bien-être ou du snacking en prenant, bien entendu ,en considération les exigences du marché international et les accords en vigueur entre l’Algérie et le reste du monde.
Les produits de terroir Algériens sont non seulement diversifiés mais présentent d’énormes opportunités liées aux conditions techniques et humaines et à la volonté de l’Etat de les valoriser et d’en faire l’objet d’exportations en tenant compte de la mondialisation des marchés, de la concurrence internationale et de consommateurs qui ont su imposer auprès des professionnels de l’agroalimentaire des cahiers des charges exigeants.
Le produit doit dès lors répondre à des conditions techniques, sociales, politiques et de sécurité alimentaire, le tout encré dans un monde de la consommation durable.
Le marché Français fait l’objet de notre article, pour des raisons à la fois historiques, culturelles, économiques et politiques. Ceci avec l’accord d’association notamment avec l’Union Européenne et les relations bilatérales.
L’évolution de la consommation en France offre deux nouveaux types de marché à forte valeur ajoutée : le marché « du bien-être et de la santé » et du Snacking.
Le marché de la santé et du bien-être constituent un élément très important aux yeux des consommateurs français. Il fait l’objet d’un ciblage particulier de la part des distributeurs, centrales d’achats et producteurs qui misent sur un politique marketing sécurisante et transparente. Elle répond aux attentes des consommateurs notamment vis-à-vis du stress vécu par les Français suite à l’affaire de la vache folle et qui estiment vivre de plus en plus dans une société anxiogène.
A cela s’ajoutent les préoccupations liées au vieillissement, à l’obésité, la beauté, la prévention et la quête de remèdes pour certaines maladies cancéreuses, cardiovasculaires et autres. La réponse se présente souvent sous la forme et la proposition de composants tels que les antioxydants. Ces antioxydants constituent une aubaine pour l’Algérie car ils sont contenus dans de nombreux plants ou arbustes disponibles et faisant l’objet d’une exploitation ancestrale pour la plupart.
Dans cette optique, un certain nombre de produits en vogue peuvent être ciblés et susceptibles de faire l’objet d’offres commerciales. Nombre de ces plantes ou arbustes, compte tenu de la richesse et de la diversité des territoires, sont disponibles en Algérie On peut citer à titre d’exemples les produits suivants et les vertus qui leur sont associées par le monde médical :
- L’huile de graine de figue de barbarie : anti-obésité- favorise les repoussés des cheveux, anti-rides, anti-inflammatoire, anti diabétique, antifongique, antibactérienne
- Le jus de grenade : favorise la production des globules rouges – formation des cellules spumeuses- action anti-cancer de seins et de prostate.
- L’huile d’eucalyptus : essentiel pour la fabrication des produits cosmétique, antibactérienne, traitement des maladies de gencives.
- L’huile de lavande sauvage : traitement des maladies de peaux acné, eczéma, brulures et sectatrices causées par les insectes.
- L’huile d’euphorbe : traitement des troubles hépatiques et maladies de reins.
- L’huile de ricin : favorise les repousses des cheveux, antirides.
- L’huile de lentisque : action anti ulcéreuse, anti-cancer de poumons, traitement des infections intestinales.
- L’huile de noyau d’abricot : traitement des infections vaginales, de perturbations de règles chez les femmes, infertilités, anti-âge, traitement des eczémas.
- L’huile de graine de caroube : régulateur des taux de sucre dans le sang, traitement des maladies de cholestérol. La carouble transformée fait déjà l’objet d’exportation en Algérie
- L’huile de l’ail : traitement des maladies cardio-vasculaire, anti-diabétique.
- L’huile d’ortie : lutte contre la chute des cheveux, traitement des acnés et eczéma, traitement des arthroses, traitement des maladies d’origines rénales.
- L’huile d’oléastre : anti inflammatoire ; traitement des maladies cardio- vasculaires.
- L’huile de carotte sauvage : traitement des hémorroïdes.
- L’huile d’angélique : anti-stress, anti-sensation de ballonnements, facilite la circulation sanguine
- L’huile de chardon marie : traitement des maladies du foie, contrôle de glycémie, troubles hépatiques, traitement des empoisonnements.
Le marché du Snacking constitue en soi une deuxième opportunité.
Dans cette appellation on trouve traditionnellement les sandwichs, hot-dogs ou plats cuisinés par exemple qui font communément partie de la restauration dite rapide et nomade. Ce marché est colossal puisqu’il atteint selon le cabinet GIRA CONSEIL spécialisé dans la restauration, le somme de 48,15 milliards d’euros en France. C’est un secteur qui a connu une croissance de 145 % ces 12 dernières années en douze ans, indique le cabinet Gira Conseil. Bien que la pause déjeuner repose essentiellement sur le sandwich, les salades et les box, l’apéritif devient de plus en plus un moment privilégié.
Selon XERFI, ». La vague des « sans » passe également sur le marché du snacking : sans gluten, sans viande, sans lactose. Aucun format n’est épargné, du Food truck aux grandes enseignes. Xerfi rapporte que McDonald’s a lancé des bars à salade en Asie et un burger végétarien en France, le « Grand Veggie »
Une opportunité manifeste se dessine, il s’agit également des régimes spéciaux : sans gluten, végan, végétarien, flexitarien…) en plein essor en quête de repas à base de protéines végétales. Cette tendance « veggie » a permis l’émergence et l’intégration sans complexes de produits nouveaux tels que les légumes nains ou miniatures tels que : carottes, poivrons, concombres ou tomates cerises entre autres
Ce phénomène dit « veggie » associé à lapeur de grossir ou le rejet du gras et du salé ouvrent de nouvelles perspectives pour des produits miniature tels que les carottes, poivrons ou cornichons qui atteignent des prix au kilo remarquables : entre 8 et 10 euros.
Ces opportunités peuvent également être saisies à la condition, bien entendu, de continuer l’effort entrepris afin d’apporter une réponse aux contraintes actuelles liées aux produits de terroirs algériens. Ces facteurs limitants portent généralement des aspects techniques, normatifs, législatifs et organisationnels tels que :
– la difficulté à répondre à certaines normes internationales ;
– l’absence de labélisation ;
– le manque de formation et d’adaptation des produits ;
– le manque de coordination entre les acteurs publics et privés ;
– des conditionnements inadaptés ;
– un manque d’organismes de contrôles ;
– le non-respect des exigences liées aux problèmes environnementaux ;
– un manque de compétitivité des produits par rapport à la concurrence internationale.
DG/MM
La suite dans notre prochaine édition
(1)Docteur en management Ecrivain-chercheur
(2) Docteur en sciences de gestion
Professeur de marketing à Montpellier Business School et expert à l’international