Importations des véhicules d’occasion : Les réticences d’Ait Ali

Ferhat Aït Ali

Photo : D. R.

Par Réda Hadi

La construction automobile en Algérie, ne cesse de provoquer des remous. Et c’est particulièrement le volet inhérent à l’importation des véhicules de moins de 3 ans qui attise les tensions.

En novembre dernier, Ferhat Ait Ali Braham, ministre de l’Industrie, avait déclaré à ce sujet que pour l’importation de véhicules d’occasion de moins de 3 ans, «les textes réglementaires de l’article 110 contenus dans la loi de finances complémentaire 2020 étaient gelés, car ces dispositions portaient, dans le premier alinéa sur les voitures neuves inutilisées, qui sont autorisées à l’importation. Le deuxième alinéa stipulait qu’il appartenait aux citoyens de se procurer des devises pour importer leurs véhicules, ce qui n’est pas acceptable dans tous les pays du monde et qui ouvre la voie au blanchiment d’argent.»

S’adressant aux membres de l’assemblée nationale populaire (APN) lors de question orales, Ferhat Ait Ali Braham, a confirmé les hésitations de son département sur l’importation de véhicules de moins de 3 ans.

Echaudé par ce qui s’est passé il y a quelques années, le ministre a surtout déploré l’absence de pré-contrôle dans les pays d’origine de ces importations et a soutenu que ces pays «n’effectuent aucun contrôle lorsque les véhicules sont destinés à certains pays africains».

Des véhicules introduits par des «bandes»

Dans ce sens, le ministre a souligné que les véhicules d’occasion importés étaient introduits sur le marché local par «des bandes» qui se sont spécialisées dans l’importation de voitures de moins de 10 ans en faisant croire qu’elles étaient plus récentes.

En sus de cela, pour Ferhat Ait Ali, les véhicules importés de moins de 3 ans seront loin de la portée des bourses des algériens modestes, et seront plus chers que les véhicules neufs.

Selon M. Aït Ali Braham, les prix des véhicules de moins de 3 ans seront plus élevés que ceux des véhicules neufs, en raison de la hausse du prix de l’euro sur le marché parallèle, dans le cas où les concessionnaires seront autorisés à utiliser les devises du marché parallèle pour importer ce type de voitures.

«Les véhicules de moins de 3 ans ne seront pas à la portée du simple citoyen, compte tenu de leur valeur financière élevée à l’étranger et des coûts de leur importation», a rappelé le ministre.

Le taux de change parallèle s’enflamme

Juste après avoir été suggérée par le ministre du commerce, cette mesure a enflammé le cours parallèle de la devise. Une flambée qui ne fait pas le bonheur de ceux qui prétendent en importer.

Reste à savoir surtout que, si importations il y a, cela sera-t-il bénéfique à l’acheteur algérien ?

Il faut savoir surtout, que les prix les véhicules de 3 ans d’âge demeurent relativement élevés en Europe, pas moins de 7 à 8 000 euros pour un véhicule de petite cylindrée avec un kilométrage moyen. De plus, le taux de change de la devise sur le marché parallèle commence déjà à flamber et pourrait, sans aucun doute, avoisiner ou dépasser les 250%.

Les pratiques bureaucratiques vont encore alourdir le processus d’acquisition dans le sens où les dispositions annoncées obligent les citoyens à passer par une banque locale pour le versement du montant de la transaction, et ajoutent plus de confusion et de complications.

De plus, des économistes affichent leurs réticences sur ce sujet. Pour eux, pour que les prix baissent, il faudrait revoir l’âge du véhicule jusqu’à moins de 5 ans ou plus. Mais là, le risque est autre. Pour les experts de l’industrie de l’automobile, le pays deviendra à la longue la poubelle de l’Europe où l’industrie de l’automobile est en train de passer à l’énergie propre qui est l’électricité.

Ainsi, la mésentente évidente entre le ministre du Commerce qui pour lui, l’importation de véhicules de moins de 3 ans serait, une façon de faire pression sur les constructeurs nationaux, pour faire baisser les prix, alors que de son côté, le ministre de l’Industrie affiche ses doutes et ne prend pas de décisions.

R. H.

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