Décidément, le président Tebboune et sur tous les fronts. Avec sa dernière décision d’autoriser, à titre exceptionnel, l’importation de viandes congelées, l’espoir d’un ramadhan avec de la viande sur la «Meida» renait. Cette décision a été annoncée par le Président lors de la réunion périodique du Conseil des ministres qu’il a présidée dimanche 21 mars 2021. Selon le communiqué de la Présidence de la République, «l’autorisation, à titre exceptionnel, durant le mois de Ramadan, de l’importation des viandes congelées par les importateurs actifs dans chaque wilaya», a été prise dans le «cadre des préparatifs pour le mois de Ramadan qui était au menu de la réunion du Conseil des ministres» précise la même source.
Par Réda Hadi
Si le consommateur a plutôt bien accueilli cette nouvelle mesure censée lui faciliter un tant soi peu ce mois sacré, les bouchers, par contre, restent évasifs, voire, parfois mecontents. «Nous avions décidé de baisser un peu les prix, ramadhan oblige, mais on ne peut nous demander plus qu’on ne peut . Nous réalisons durant ce mois plus de 30 % de notre chiffre d’affaires», nous dit Ammar un boucher à Ain Taya.
Une conception que ne partage pas, Billel Laouali, expert financier et économiste, qui, tout en appréciant la mesure de Tebboune et la qualifie de salutaire, jette la pierre aux bouchers «En principe, en vertu de l’économie de marché, l’Etat n’est pas censé intervenir pour réguler les prix de produits non subventionnés. Cette autorisation est une véritable bouffée d’oxygène pour le consommateur. Si les bouchers voulaient ce point faire baisser les prix durant le Ramadhan, pourquoi alors les laisser s’envoler avant ? Cette corporation a tout le temps de faire des bénéfices avec les fêtes à venir. Cette mesure est judicieuse dans le sens où les pouvoirs publics ne disposent pas de stocks de viandes, comme pour la pomme de terre, par exemple. Et, en cela, l’intervention de l’Etat pour importer de la viande ne peut être que bénéfique sur les prix. C’est une bonne chose»
Satisfecit
Satisfaction aussi du côté des associations de consommateurs. Pour Mustapha Zebdi président de l’Apoce (Association de protection et d’orientation du consommateur et de l’environnement), satisfaction totale ! En effet, le président de l’Apoce applaudit cette décision : «Je tiens d’abord, à spécifier que cette mesure ne concerne pas la viande congelée, mais réfrigérée, comme c’est écrit dans le communiqué. La nuance est de taille» a-t-il tenu à spécifier.
«Dans son essence même, cette mesure permettra à nos concitoyens d’acquérir de la viande «fraiche» à un prix relativement abordable durant ce mois sacré. De plus, la baisse du prix de la viande rouge peut impacter celui de la viande blanche. Cela s’est déjà vu.» a affirmé M. Zebdi.
En revanche, si aucun détail n’a été donné quant aux lieux de vente et du prix, il n’y a aucun signe évident, par conséquent, quant la réussite de cette opération
En effet, une dame rencontrée au marché de Dergana nous a avoué qu‘elle ne se sentait pas prête à acheter durant le ramadhan de la viande congelée et ne cache nullement son scepticisme : «On est habitués à ce genre d’opération à chaque événement. De plus, congelée ou réfrigérée, je ne pense pas en acheter même moins chère, bien que cela soit tentant. C’est le Ramadhan» nous dit-elle résignée mais perplexe quant à affronter les jours à venir. «Ce n’est pas de nos coutumes de consommer de la viande congelée et encore moins, durant le Ramadhan.» a-t-elle conclu.
Si, économiquement, les pouvoirs publics espèrent venir en aide aux consommateurs durant ce mois béni par le biais de cette mesure, il faut espérer surtout que l’Algérien fasse fi de ses habitudes «boulimiques».
Au marché de viande d’El Harrach, les habitudes n’ont pas changé. Les bouchers vaquent toujours au même rythme à leurs occupations, et selon Raouf, «nous sommes habitués à ce genre d’opération. Rappelez-vous en 2019, le ministère du Commerce avait plafonné les prix de la viande bovine congelée importée à 750 DA/1 kg durant le mois de Ramadan, tandis que le prix de la viande bovine fraiche importée oscillait entre 800 et 1000 DA/1 kg. Cette année là, personne n’a vu cette viande et les boucheries n’ont pas désemplies» nous a-t-il affirmé avec conviction. «Quelle sera la différence entre 2019 et 2021 ?», s’interroge-t-il sceptique.
Les pouvoirs publics, quoi qu’il en soit, affichent leur détermination et soulignent que cette opération sera fortement encadrée
Un contrôle renforcé
Pour autant, selon le communiqué, cette opération sera accompagnée de l’obligation pour les revendeurs d’afficher l’origine de la viande aux consommateurs. Le Président Abdelmadjid Tebboune insiste sur la nécessité de «faire la distinction entre les viandes locales et les viandes importées à travers tous les espaces commerciaux», indique le communiqué de la Présidence de la République.
Autre instruction du Président, «intensifier les tournées d’inspection pour détecter la fraude à travers le stockage illégal des quantités de viandes pour orienter les prix», précise le même communiqué. Ces contrôles seront effectués par des brigades mixtes, constituées d’agents du commerce et des services de la sûreté.
R. H.