2 ans, 3 ministres et 3 cahiers de charges après, le secteur de l’automobile continue de faire parler de lui. Cette fois c’est le groupement des concessionnaires autos, qui s’en sont venu à interpeller le Président de la République de leur venir en aide. Dans une lettre adressée au Président Tebboune, le groupement des concessionnaires tire la sonnette d’alarme et annonce que depuis 2017, ses activités sont bloquées et que la reprise ne semble pas poindre du nez.
Par Réda Hadi
Si ce groupement, en est arrivé à demander l’aide du président de la République, selon des témoignages de concessionnaires, c’est que la situation est arrivée à un point critique, selon eux, comme en témoignent les propos tenus dans leur lettre. « Nous ne demandons qu’à exercer notre métier d’importateurs et distributeurs automobile, après avoir satisfait aux conditions de trois cahiers des charges, conçus par différents ministres de l’Industrie »
Pour des observateurs, le dossier des importations connait trop de tergiversations. En effet, et depuis la publication du nouveau cahier des charges, relatif à l’exercice de l’activité d’importation de véhicules, revu par Mohamed Bacha -ministre de tutelle à ce moment là-, (via les amendements apportés au décret exécutif n°21-175), pas moins de 30 dossiers ont été déposés auprès du secrétariat technique du comité en charge des activités de construction et concessionnaires de véhicules neufs en Algérie, relevant du ministère de l’Industrie, et seuls 9 agréments ont été donnés. Depuis, les activités sont mises en berne.
C’est ce que le groupement dénonce dans sa lettre et affirme «qu’après des années d’exercices, nous nous sommes trouvés brutalement exclus de l’activité à partir de janvier 2017. Malgré que certains aient obtenu en 2020, un agrément provisoire qui laissait présager un retour imminent à l’activité, un nouveau cahier des charges voit le jour, une année après. Les acteurs du secteur ont répondu, encore une fois, sans hésiter, en dépit de ce que ceci peut engendrer comme investissements et en dépenses supplémentaires», rappellent les rédacteurs de la lettre.
Un secteur «sensible»
Pour M. Haddad Mohamed, économiste, « la situation dans ce secteur reste très tendue. Faute d’une décision claire des pouvoirs publics, le problème ne peut que s’envenimer. Je me souviens que sur sa page Facebook, en juillet dernier, le ministère de l’Industrie a annoncé la tenue d’une série de réunions avec les directeurs, les cadres et autres responsables des différents départements, afin de les instruire de lever les entraves et tendre vers davantage d’efficacité dans le but de relancer les projets en attente de réalisation. Depuis, rien», a-t-il soutenu.
Pour l’économiste, «l’attribution des agréments permettant la reprise d’une activité économique devenue sensible en Algérie, traîne en longueur pour des motifs, tantôt bureaucratiques, tantôt techniques, au grand dam des clients algériens. »
Entre temps, l’impatience de ses derniers grandit et s’explique notamment, par la hausse des prix des véhicules d’occasion qui atteignent des niveaux insoutenables avec une inflation, comprise entre 35% et 50% pour certains modèles.
Alors que le deuxième semestre 2021 est largement entamé, le ralentissement des procédures impacte l’offre et la demande sur le marché des véhicules.
Ce ralentissement touche, également, le secteur des assurances, qui enregistre une baisse de 3,2% sur la branche automobile, qui représente 52% de l’activité du secteur. Au premier trimestre 2021, elle avait affiché une baisse de 3,2% par rapport à la période de référence en 2020, passant de 20 milliards DA à 19,2 milliards DA.
Les importateurs pour leur part, et dans leur requête, ont mis en exergue «le non-respect par le comité technique interministériel, des délais réglementaires indiqués par les articles 13, 14 et 16 du décret exécutif 21-175». Ils évoquent dans le même sens, l’exigence par ce même comité de documents non prévus par le cahier des charges. Pour cela, ils demandent une intervention directe du Président de la République afin de trouver une issue à cette crise.
R. H.