«C’est en poussant à bout le mouvement économique que le prolétariat s’affranchira et deviendra l’humanité.»
Jean Jaurès
Homme politique, Socialiste (1859 – 1914)
Par Lyazid Khaber
Les tous derniers jours ont révélé de nouveaux soubresauts qui minent le front social. Des grèves par ci, des sit-in, ou encore des marches par-là, impliquant jusqu’aux corps jusque-là très disciplinés, à l’instar des agents de la Protection civile. Plusieurs lectures s’offrent à nous lorsqu’on analyse la conjoncture que traverse notre pays en ce moment. Les conditions sociales qui ne cessent de se dégrader pour un nombre de plus en plus important de nos concitoyens, constituent un élément essentiel qui permet de mieux cerner la donne. Oui, c’est maintenant que l’on commence à ressentir les effets néfastes de la crise sanitaire qui dure maintenant depuis bientôt deux ans. La précarité a dû toucher davantage de personnes, et les améliorations n’étant presque pas possibles, tant sur les plans des salaires que du pouvoir d’achat, sachant que l’impact sur l’économie du pays est certain. Toutefois, si la crise d’ordre économique qui n’épargne aucun pays de la planète, ou presque, peut justifier en partie cette recrudescence des protestations sociales, il y a évidemment d’autres éléments qui entrent dans la ligne de compte. En effet, et comme on le voit un peu partout, même dans les pays les plus outillés comme l’Allemagne ou la Grande Bretagne, les mouvements de protestation qui se déclenchent simultanément en ce moment précis, rappellent la mécanique qui agit en dessous. Le pire, c’est que l’on se retrouve non seulement face à une mauvaise gestion de ces conflits au niveau des administrations de la base, des entreprises ou encore des collectivités ou des directions locales ; mais aussi face à une absence criante de syndicats représentatifs et influents. La gestion anachronique des 20 dernières années, laquelle a joué à fond la déliquescence du mouvement syndical, au profit d’une centrale syndicale dont les dirigeants étaient plus portés sur le business que sur le maintien de la stabilité et le dialogue entre l’Etat central et le front social, est à l’origine de cette nouvelle vague. La problématique est maintenant plus compliquée, car le risque de se retrouver face à des mouvements de protestation non structurés, et sans représentants dûment identifiés, compliquera davantage la tâche du gouvernement. C’est pour cette raison d’ailleurs que les responsables à tous les niveaux doivent se mobiliser pour anticiper cette vague destructrice, car au vue de la situation que vivent actuellement nos entreprises, elles ne pourront supporter le coût d’une protestation, même de moindre intensité. Le Président de la République, conscient de la gravité de cette situation, a en ce sens anticipé pour appeler l’ensemble des partenaires, et ordonné au gouvernement «l’engagement d’un dialogue avec les différents partenaires sociaux aux fins d’améliorer la situation socioprofessionnelle des employés du secteur de l’Education nationale et de revoir le Statut particulier de l’enseignant.» cela va sans dire que ce qui va pour l’Education, va aussi pour les autres secteurs d’activité. Et les responsables à tous les niveaux doivent veiller à appliquer cette consigne et de couper ainsi l’herbe sous les pieds de ceux parmi les groupes d’intérêts qui seraient tentés de surfer sur la vague et d’attenter par-là à la stabilité du pays.
L. K.