L’Algérie poursuit ses efforts de diversification économique en misant sur la promotion de la production nationale dans divers secteurs stratégiques. Des objectifs ambitieux ont été fixés par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour son second quinquennat 2025-2029, à savoir : atteindre un PIB de 400 milliards de dollars d’ici 2027 et exporter 29 milliards de dollars de produits hors hydrocarbures d’ici 2030. La réalisation de ces objectifs passe inéluctablement par une politique volontariste de soutien au « Made in Bladi », accompagnée d’une augmentation significative des taux d’intégration.
Par Akrem R.
Ces messages clés ont été réaffirmés par le président Tebboune lundi dernier, à l’occasion de l’inauguration de la 56e édition de la Foire internationale d’Alger (FIA), qui se poursuivra jusqu’au 28 juin. En effet, lors de ses échanges avec les chefs d’entreprise algériens, le chef de l’État a renouvelé l’engagement de l’État à accompagner les investissements productifs, dans une logique de consolidation de la compétitivité du produit national, de renforcement de l’autosuffisance et de développement des exportations, en particulier dans le secteur industriel, en pleine expansion ces dernières années.
Il a ainsi encouragé les opérateurs économiques à « relever le niveau d’ambition » en matière d’investissement, tout en poursuivant les efforts pour améliorer la qualité du produit national et renforcer sa compétitivité.
À cette occasion, le président de la République a salué les progrès réalisés par plusieurs secteurs, notamment l’industrie mécanique, l’industrie militaire et le textile, soulignant la nécessité de renforcer les capacités d’exportation tout en contribuant à la réduction des importations.
Vers l’interdiction d’importation de la fibre optique
À noter que durant ces cinq dernières années, l’Algérie est parvenue à rationaliser ses importations, en y mettant de l’ordre grâce à une politique de promotion de la production nationale. La politique protectionniste du «Made in Algeria» est appliquée chaque fois que la production locale répond aux besoins du marché.
D’ailleurs, l’Algérie se dirige résolument vers l’autosuffisance en matière de fibre optique. Grâce à un investissement colossal d’une entreprise relevant de l’Armée nationale populaire, ce produit sera désormais fabriqué en qualité et en quantité suffisantes pour couvrir la demande du marché local.
À ce sujet, le président de la République a affirmé qu’il sera procédé à l’interdiction de l’importation de la fibre optique, sauf autorisation expresse du ministère de la Défense nationale, et ce, à l’approche du lancement d’une unité de production relevant du même ministère.
Au niveau du pavillon des industries militaires, où il a observé une longue halte, le président Tebboune a mis en avant la contribution de l’institution militaire au soutien de l’économie nationale, à travers une gamme variée de produits permettant de réduire la facture des importations, notamment en matière de fibre optique.
Dans un autre geste, témoignant de la volonté du chef de l’État de soutenir la production algérienne, Tebboune a ordonné au ministre de l’Éducation nationale d’impliquer les entreprises algériennes (publiques et privées), y compris celles relevant de l’Armée nationale populaire (ANP), dans le projet d’équipement des établissements scolaires en tablettes électroniques.
Il a ainsi suggéré que le ministère passe commande en gré à gré auprès de la société publique ENIE de Sidi Bel Abbès ainsi que de la structure de production de l’ANP, tout en sollicitant également des fabricants privés dans l’électronique ayant atteint un taux d’intégration de 50 à 60 %.
Cette démarche est considérée comme un fort soutien au « Made in Bladi », qui fait face à une concurrence «féroce» de marques étrangères, notamment chinoises.
Au niveau du stand de deux start-up, le président de la République a salué les avancées majeures de l’Algérie dans ce domaine, réaffirmant que les efforts sont en cours pour «hisser l’économie nationale au premier ou au deuxième rang à l’échelle africaine».
Le président Tebboune a également visité le stand du groupe public des textiles et cuirs Getex, où il a assisté à une présentation sur le développement du groupe, qui a connu ces dernières années un saut qualitatif en matière de diversification de la production, d’amélioration de la qualité, de modernisation des modes de distribution et de partenariat avec les start-up du e-commerce.
Dans le domaine industriel, au stand de l’entreprise VMS, spécialisée dans la fabrication de motocycles, le président de la République a encouragé les opérateurs à rehausser leur niveau d’ambition en matière d’investissement, afin de créer davantage de valeur ajoutée et d’emplois.
Après avoir écouté un exposé sur les projets d’extension de cette société privée, le président a ordonné au directeur général de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI) de faciliter la concrétisation d’un projet d’investissement avant la fin du mois en cours. Il s’agit de la réalisation d’un complexe industriel de fabrication de motocycles dans la wilaya de Bouira.
Par ailleurs, au stand du Groupe des sociétés Hasnaoui, le président de la République a souligné l’importance des projets développés par ce groupe privé, notamment dans le domaine agricole, à travers la production de semences, ce qui permettra, selon les explications fournies, de réduire le coût de ces intrants pour les agriculteurs, contribuant ainsi à la réduction des importations et à l’autosuffisance du pays.
Augmentation des superficies agricoles 1,5 millions d’hectares au Sud
Le secteur agricole constitue d’ailleurs une priorité pour le président Tebboune. Dans ce sens, il a instruit les responsables de l’unité AGM Holding – Sidi Bel Abbès de redoubler d’efforts pour augmenter la production et répondre à la demande croissante en machines et matériels agricoles.
Après avoir rappelé que l’Algérie prévoit d’élargir les superficies dédiées aux cultures stratégiques dans le Sud, passant de 150 000 ha actuellement à 1,5 million d’hectares dans les deux prochaines années (soit dix fois plus), le chef de l’État a insisté sur la nécessité d’augmenter la production nationale en matériel agricole.
«Nous devons être au rendez-vous, a-t-il déclaré, soulignant la nécessité de travailler en mode H24 pour répondre à la demande. La priorité, a-t-il indiqué, sera accordée au marché local, avec un accent mis sur l’intégration de composants industriels algériens. Si nous atteignons cette intégration, en produisant nos propres tracteurs, moissonneuses-batteuses, pompes et équipements électriques, nous pourrons réaliser des économies à grande échelle grâce à cette chaîne de valeur».
A. R.