La 4e édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025), qui se poursuit à Alger et dont le coup d’envoi officiel a été donné par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a été une occasion pour les responsables africains de souligner l’impératif de renforcer la coopération intra-africaine et la nécessité d’accélérer l’activation totale de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) afin de construire un marché continental unique.
Par Akrem R.
Pour cela, il est nécessaire de prendre des mesures concrètes pour atteindre les objectifs ambitieux fixés par les leaders africains. En effet, l’accent est mis durant ces trois premiers jours de l’IATF 2025 sur le développement du commerce et des investissements intra-africains.
D’ailleurs, c’est l’objectif principal de cette foire continentale qui se présente comme étant une plate-forme unique pour faciliter l’échange d’informations sur le commerce et l’investissement afin de soutenir le développement du commerce et des investissements intra-africains, en particulier dans le contexte de la mise en œuvre de l’Accord de la ZLECAf. Dans son discours inaugural, le président Tebboune a affirmé que « l’Afrique, c’est l’avenir» et que l’Algérie contribuera activement aux efforts visant à relever le défi du développement du continent.
Cela constitue un message clair de la part du chef de l’État aux pays africains pour travailler ensemble et relever le défi de l’intégration économique intra-africaine.
Les échanges commerciaux actuels sont en deçà des attentes et des potentialités existantes par rapport à d’autres blocs économiques. Ils n’excèdent pas 15 % du total des échanges commerciaux du continent.
En 2024, ces échanges ont atteint 208 milliards de dollars. C’est très peu par rapport à la population du continent, avoisinant les 1,4 milliard de personnes, dont 70 % sont des jeunes.
Dans cette perspective, le président de la République a affirmé que la rencontre d’aujourd’hui, «bien plus qu’un simple événement économique, se veut l’incarnation de la conscience collective qui nous anime tous pour édifier un continent intégré, un continent à la volonté forte et pleinement actif dans son environnement régional et international».
Parmi les premières annonces de l’IATF d’Alger, figure le lancement officiel de la Société africaine du commerce et de la distribution. Il s’agit d’un véritable mécanisme visant à soutenir les échanges commerciaux intraafricains, l’exportation et la transformation des matières premières en Afrique, a précisé le président de la Banque africaine d’importexport (Afreximbank), M. Oramah Benedict.
Dans une déclaration à l’APS, le directeur de l’Unité financement, commerce et entreprises d’investissement à l’Afreximbank, Ayman El-Zoghby, a expliqué que les opérations de la Société africaine du commerce et de la distribution avaient débuté au cours de cette année, à travers la commercialisation d’une gamme de produits, avant son lancement officiel aujourd’hui à Alger.
Les atouts de l’Algérie mis en avant
Il a souligné que la création de cette entreprise vise à encourager la commercialisation des produits africains, notamment les matières premières dans les pays du continent, afin qu’elles soient transformées sur place plutôt qu’exportées à l’état brut vers d’autres continents, générant ainsi de la valeur ajoutée en Afrique.
Dotée d’un capital social de près d’un milliard de dollars, cette société, détenue par Afreximbank, «commencera ses opérations de manière plus efficace et à plus grande échelle et disposera de ses propres ressources de financement», a-t-il expliqué.
L’Algérie, riche en ressources naturelles, avec une population jeune et un positionnement géostratégique, a tracé une stratégie claire pour renforcer sa présence sur les marchés africains et contribuer au renforcement de l’intégration intra-africaine.
Selon le Premier ministre par intérim, ministre de l’Industrie, M. Sifi Ghrieb, l’Algérie dispose de tous les atouts pour devenir un hub régional de production et de distribution, notamment dans le domaine de l’industrie automobile, ainsi qu’un espace d’intégration industrielle et un vecteur de coopération intra-africaine.
Dans une allocution prononcée en son nom par le ministre de l’Industrie pharmaceutique, M. Ouacim Kouidri, lors d’une table
ronde ministérielle de haut niveau sur le thème : «Promouvoir l’agenda de la Zone de libre- échange continentale africaine (ZLECAf) dans le secteur automobile par le commerce, l’industrie et le leadership continental», Ghrieb a expliqué que l’accueil par l’Algérie de l’IATF «participe d’un choix stratégique qui reflète la volonté de notre pays de faire de l’industrie, notamment automobile, un levier de diversification économique, un moteur d’intégration africaine et un secteur prometteur pour l’établissement de partenariats régionaux et internationaux mutuellement bénéfiques, reposant sur le transfert de technologie et la création de valeur ajoutée».
Il a également souligné que l’industrie automobile, bien plus qu’un simple secteur économique local, représente un véritable levier d’intégration africaine. En accueillant l’IATF, l’Algérie «entend se poser en partenaire actif dans le façonnement de l’avenir de l’industrie automobile en Afrique, en vue de renforcer l’indépendance de la décision économique du continent et d’offrir de nouvelles opportunités de croissance et de prospérité à ses peuples», a ajouté le Premier ministre par intérim, voyant dans cette foire un espace propice à la conclusion de partenariats fructueux et un point de départ vers la construction d’une industrie africaine intégrée, compétitive et durable.
Selon lui, cette foire est l’occasion idéale pour lancer des initiatives conjointes entre les pays africains dans le développement des chaînes de valeur régionales, le renforcement de l’intégration industrielle par des accords commerciaux et d’investissement, ainsi que le soutien à la formation et à la recherche scientifique dans le domaine des véhicules et des pièces de rechange.
C’est dans ce cadre que s’inscrit la signature d’une convention d’une durée de cinq ans entre la société Elsewedy Electric Algérie et la Côte d’Ivoire.
La signature de cette convention est intervenue en marge de la 4ᵉ édition de la Foire du commerce intra-africain, organisée à Alger du 4 au 10 septembre 2025.
Cet accord permettra l’exportation de câbles produits en Algérie vers la Côte d’Ivoire, pour un montant global de 100 millions de dollars américains, soit 20 millions de dollars par an. Avec la signature d’autres accords durant cette foire, l’Algérie entend capter au moins 10 milliards de dollars, lui permettant de consolider sa place sur le continent africain.
À cet effet, l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI) a invité toutes les entreprises et opérateurs économiques participant à l’IATF 2025 à saisir cette opportunité unique pour conclure un maximum de contrats commerciaux et d’accords d’investissement, d’autant plus que cette édition connaît la participation de grandes entreprises, renforçant ainsi les perspectives de partenariats stratégiques prometteurs.
L’Algérie, levier de l’intégration continentale
Lors d’une mini-rencontre entre les agences d’investissement africaines, le directeur général de l’AAPI, Omar Rekkache, a affirmé que l’Algérie, grâce à ses opportunités d’investissement et commerciales ainsi qu’à ses potentialités de développement, est capable de renforcer sa place en tant qu’acteur clé dans la dynamique d’intégration économique africaine.
Pour lui, les agences de promotion de l’investissement constituent des acteurs essentiels dans ce processus, à travers la valorisation des opportunités disponibles, la fourniture d’informations fiables et la promotion des partenariats, contribuant ainsi à l’intégration du continent dans les chaînes de valeur mondiales.
De son côté, la secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des Affaires africaines, Selma Bakhta Mansouri, a souligné que le sommet reflète « une conscience commune de la nécessité de construire un espace d’investissement intégré capable d’attirer des investissements à valeur ajoutée et de formuler des approches pratiques qui positionnent l’Afrique en tant que partenaire actif sur la scène économique internationale ».
L’IATF représente «un laboratoire pratique pour transformer le discours politique en projets d’investissement concrets, et une plate-forme pour mettre en relation les investisseurs africains et faire connaître les opportunités dans les secteurs stratégiques», a-t-elle affirmé.
Par ailleurs, dans une déclaration à la presse en marge des activités de la foire, le président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), M. Kamel Moula, a souligné la nécessité pour le continent de renforcer le commerce intra-africain.
Il a indiqué que de nombreux opérateurs économiques africains ont manifesté un grand intérêt pour les produits algériens, rappelant le message fort du président de la République, lors de l’ouverture de la foire jeudi, lorsqu’il a appelé les Africains à fédérer leurs efforts pour augmenter le volume des échanges intra-africains et ne plus dépendre de l’extérieur.
Selon lui, l’expérience algérienne en matière de soutien au produit local pourrait être reproduite à l’échelle continentale, afin de soutenir et de valoriser le produit africain.
A. R.







