Le marché algérien des hydrocarbures confirme son attrait, en attirant de plus en plus de compagnies étrangères, notamment celles des États-Unis. En effet, depuis la crise ukrainienne, où la cartographie énergétique mondiale a été chamboulée, suite à la décision des pays de l’Union européenne de réduire leur dépendance au gaz russe, les majors américaines notamment sont entrées dans une course contre la montre pour augmenter leur production aux États-Unis et investir dans les pays limitrophes de l’Europe, comme l’Algérie.
Par Akrem R.
C’est le cas notamment de la compagnie américaine Occidental Petroleum (OXY) qui vient de signer deux conventions avec l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft) pour la réalisation de deux études portant sur l’évaluation du potentiel en hydrocarbures sur deux périmètres.
Selon un communiqué d’Alnaft, rendu public hier, il s’agit des périmètres d’El Ouabed et Dahar, situés respectivement dans le sillon de Benoud et la partie Nord des bassins de Berkine et Oued Mya.
Occidental Petroleum signe deux nouvelles conventions
Ces conventions, qui «s’inscrivent dans le cadre du renforcement de la coopération entre Alnaft et Occidental Petroleum», visent à identifier de nouvelles opportunités d’investissement en exploration et développement des hydrocarbures, selon la même source.
Avec la signature de ces deux conventions d’études, Alnaft et Occidental Petroleum dé- montrent leur engagement à collaborer afin d’approfondir l’évaluation et la valorisation du domaine minier national des hydrocarbures.
Il est à rappeler, sur ce point, que l’Algérie ambitionne d’explorer davantage son territoire, d’autant que 60 % de celui-ci reste inconnu, avec l’objectif de doubler sa production gazière durant les années à venir, pour atteindre 200 milliards de mètres cubes d’ici 2030, et également d’augmenter ses exportations à 100 milliards de m³ d’ici 2027, comme l’a exigé le président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
Tout cela exige de gros investissements en partenariat avec des leaders mondiaux, comme les Américains, pour l’exploitation des différents gisements gaziers et pétroliers existants à travers le pays.
Des réformes profondes ont été engagées par l’Algérie, en mettant en place une nouvelle loi sur les hydrocarbures depuis 2019, dont les avantages et les contrats adaptés sont proposés aux partenaires étrangers. D’ailleurs, depuis la promulgation de ce nouveau cadre juridique, le groupe Sonatrach s’est lancé dans un processus de négociations avec plusieurs sociétés étrangères d’Europe, de Russie, d’Asie et des États-Unis.
Chevron et ExxonMobil en négociations avancées
En effet, si la compagnie Occidental Petroleum, dont le siège social est établi aux États-Unis, a consolidé sa présence en Algérie en signant ces nouveaux accords avec Alnaft, tout en continuant à opérer dans plusieurs projets d’envergure, notamment Ourhoud, Hassi Berkine et El Merk, et ce, depuis les années 1980, deux majors américaines sont en négociations avancées avec Sonatrach pour s’implanter en Algérie.
Il s’agit bel et bien de Chevron et ExxonMobil, deux leaders mondiaux dans le domaine gazier qui devraient signer incessamment des accords de partenariat avec Sonatrach.
C’est ce que le président d’Alnaft, Samir Bakhti, avait déclaré vendredi dernier au média spécialisé américain «Bloomberg», précisant que «les aspects techniques ont été plus ou moins convenus, mais l’aspect commercial est encore en négociation et sera bientôt finalisé». Une annonce qui confirme l’intérêt des deux majors américaines pour s’implanter en Algérie et contribuer au développement du secteur gazier national.
Les responsables des deux compagnies ont été reçus début juillet par le président Tebboune. Une rencontre plus que symbolique pour ces investisseurs potentiels, qualifiée également d’un autre gage de garantie pour les Américains, qui sont exigeants en matière de climat des affaires. Donc, toutes les conditions sont maintenant réunies pour signer l’arrivée de deux géants mondiaux sur le marché algérien des hydrocarbures en pleine dynamique.
Le président d’Alnaft a par ailleurs souligné que l’arrivée d’Exxon et de Chevron constituait «un signal fort» adressé aux investisseurs étrangers, tout en reconnaissant la nécessité de «maîtriser les aspects économiques de l’énergie non conventionnelle», un enjeu crucial face aux coûts élevés du forage en profondeur dans le sud du pays.
Un intérêt international grandissant
Il est à rappeler que plusieurs compagnies étrangères, dont chinoises, européennes et arabes, ont marqué leur entrée sur le marché algérien, notamment avec le lancement du premier appel d’offres international en octobre 2024 (Bid Round 2024). D’autres nouvelles compagnies sont attendues lors du prochain «Bid Round 2025».
En effet, le positionnement géostratégique de l’Algérie et la richesse de ses gisements incitent les compagnies et sociétés étrangères à venir investir dans notre pays, qui veut jouer les premiers rôles dans l’échiquier mondial de l’énergie.
Chevron a confirmé cet intérêt à *Bloomberg*, estimant que «l’Algérie possède un système pétrolier de classe mondiale avec un potentiel de ressources pétrolières et gazières important», et en ajoutant : «Nous sommes enthousiasmés par les synergies et les relations potentielles que nous pourrions créer en Algérie.»
En effet, l’Europe, à la recherche d’alternatives au gaz russe, voit dans l’Algérie un fournisseur stable et géographiquement proche. Dans ce contexte, l’Agence Alnaft prépare son prochain appel d’offres pour des blocs pétroliers et gaziers d’ici la fin du premier trimestre 2026.
Le dernier, organisé après plus d’une décennie de pause, a attiré Eni, TotalEnergies, QatarEnergy et d’autres. L’arrivée annoncée d’Exxon et de Chevron marque une nouvelle phase.
Pour Alger, elle combine impératifs budgétaires, ambitions industrielles et volonté politique de se poser comme un hub énergétique méditerranéen.
Pour les Américains, elle ouvre la voie à un partenariat stratégique dans l’une des zones les plus prometteuses du continent africain. Selon l’ambassadrice des États-Unis en Algérie, Elizabeth Moore Aubin, l’Algérie est devenue une destination stratégique pour les investissements étrangers, en particulier américains. Selon elle, plus de 100 entreprises américaines sont implantées dans le pays, couvrant des secteurs variés tels que l’énergie, les télécommunications et l’agriculture.
A. R.







