L’armateur français CMA CGM a annoncé une augmentation de ses tarifs pour les expéditions à destination des ports algériens, tunisiens et marocains. Ces nouvelles grilles tarifaires, applicables dès le 1er décembre 2024, reflètent les fluctuations des prix du carburant et soulignent les défis logistiques dans la région.
Par Houria Mosbah
Des augmentations significatives pour l’Algérie
Selon CMA CGM, les tarifs ajustés concernent principalement les services de transport maritime entre la France et le Maghreb.
En ce qui concerne l’Algérie, un conteneur plein sera facturé 1 102 euros, contre 462 euros pour la Tunisie et 596 euros pour le Maroc.
Les conteneurs vides coûteront 694 euros pour l’Algérie, tandis que les tarifs pour la Tunisie et le Maroc s’élèveront respectivement à 307 et 395 euros.
Les autres unités roulantes, les véhicules de tourisme et les marchandises en vrac enregistrent également des écarts significatifs en faveur des deux autres pays du Maghreb.
Cette disparité tarifaire, bien que les distances soient comparables, suscite des interrogations sur les facteurs spécifiques qui alourdissent les coûts pour les ports algériens.
Contexte de congestion portuaire
L’une des principales raisons évoquées pour justifier ces hausses est la congestion persistante des infrastructures portuaires algériennes.
Au port d’Alger, le plus grand du pays, plus d’une vingtaine de navires étaient en attente de déchargement début novembre, selon Transit Green Line, une société de transit locale.
Cette situation complique la fluidité des opérations et engendre des surcoûts logistiques.
Pour remédier à cette problématique, le ministère algérien des transports a récemment rappelé aux armateurs l’obligation de rediriger les navires vers d’autres ports en cas de saturation.
Cette mesure vise à répartir la pression sur l’ensemble des infrastructures portuaires du pays.
Une stratégie gouvernementale en construction
Face à ces défis, les autorités algériennes cherchent des solutions à long terme.
Lors d’un conseil des ministres en juin dernier, le président Abdelmadjid Tebboune a incité le gouvernement à développer une stratégie intégrée pour optimiser la gestion portuaire.
Parmi les priorités figurent la réduction des délais d’attente à moins de 24 heures et la redistribution du trafic maritime sur l’ensemble des ports du pays.
Transformer les défis logistiques en leviers de compétitivité
Malgré ces ajustements tarifaires, la situation offre une occasion aux opérateurs économiques algériens de repenser leurs stratégies logistiques et de s’adapter à un environnement en mutation.
L’amélioration des infrastructures portuaires, couplée à une meilleure gestion des flux maritimes, pourrait non seulement alléger les coûts, mais aussi renforcer la compétitivité des produits algériens à l’échelle régionale et internationale.
Pour les acteurs du secteur, ces défis peuvent se transformer en catalyseurs d’innovation, encourageant une collaboration accrue entre les autorités, les armateurs et les entreprises pour optimiser la chaîne d’approvisionnement et mieux tirer parti des potentialités offertes par la position stratégique de l’Algérie dans le commerce méditerranéen.
H. M.