Le marché automobile en Algérie se trouve dans une situation inédite, jamais vécue auparavant. La mise entre parenthèses de l’activité officielle normalisée tout au long de ces cinq dernières années a cédé le terrain à une pléthore de revendeurs. Une activité qui prospère et s’adapte à la nature évolutive de la demande.
Synthèse de Kheir-Eddine Lyes
Auparavant, les revendeurs multimarques axaient leur activité autour du segment du haut de gamme et de modèles qui n’étaient pas proposés par les concessionnaires agréés. On constate, aujourd’hui, que ce spectre s’étend à des modèles aussi improbables que la Renault Symbol, la Dacia Sandero, la Suzuki Alto ou encore la Hyundai i10. Une nouvelle tendance en vue de toucher une clientèle aux moyens financiers limités.
La curiosité nous amène à nous rapprocher d’un revendeur au showroom richement et diversement fourni. Plusieurs marques sont présentes, Volkswagen, Mercedes, Suzuki, Peugeot, Toyota, Renault, Seat, Mitsubishi, Land Rover et Dacia.
Sur la hausse des prix des véhicules, un revendeur de Sétif tient d’emblée à préciser «Je ne suis pas un concessionnaire d’une marque donnée, je suis un commerçant qui achète et qui revend tous modèles de toutes marques confondues»
Il ajoutera que sa famille est dans cette activité depuis plus de 15 années, tout en reconnaissant que leur chiffre d’affaires a été multiplié par 10 au cours de ces dernières années.
Pour lui, «on a décidé de nous redéployer sur des modèles et des marques qu’on n’a jamais commercialisés par le passé. On s’adapte à la situation actuelle du marché automobile algérien, comme vous le voyez, nous proposons des petites voitures à des prix plus abordables».
Une Dacia Sandero à 3 200 000 DA, une Suzuki Alto à 2 500 000 DA, une Renault Symbol à 2 900 000 DA, ou encore une Seat Ibiza à 4 800 000 DA, des prix qui sont, cependant, loin d’être abordables. Mais celui-ci précise «N’oubliez pas que nous achetons la devise au marché parallèle avec un taux qui approche les 220%, ajoutons à cela des prix de vente à l’étranger en hausse, des frais de transport maritime multipliés par 6, des frais d’assurance, des taxes et droits de douane et je vous laisse le soin de faire les calculs pour le véhicule le moins cher acheté en Europe à 9 000 euros».
C’est la même rengaine chez un autre revendeur d’Alger, Le gérant affirmera que les prix «des véhicules dépendent surtout du taux de change dans le marché parallèle, nous n’avons pas accès à la devise vendue par les banques».
À Alger, un opérateur, activant dans la banlieue Est, estime que «les prix pratiqués actuellement reflètent la dérive du dinar au niveau du marché national et ne sont pas plus élevés que ceux pratiqués par les anciens assembleurs qui bénéficiaient, pourtant, de plusieurs avantages et d’exonération de droits et taxes».
De plus les véhicules vendus par les revendeurs multimarques ne bénéficient pas d’un suivi de la garantie constructeur et de prestations de service après-vente. Ce revendeur explique «Ce n’est pas notre vocation, nous ne sommes pas des concessionnaires de marques, mais des revendeurs qui tentent de contribuer à la réduction, un tant soit peu, de la tension actuelle sur le marché automobile en Algérie et nos clients sont informés à l’avance. Et de préciser «Nous n’avons pas d’engagements vis-à-vis de nos clients, on met à leur disposition ici en Algérie des véhicules fiables livrés avec une garantie internationale, que personne ne peut remettre en cause. Le reste, à savoir le suivi, l’entretien, la révision et la disponibilité de la pièce de rechange, relève de concessionnaires officiellement agréés aussi bien par le constructeur que par les autorités concernées.»
K. E. L.