Eco Times : Le dernier séisme qui a frappé la région de Béjaia repose la question de savoir si l’on est vraiment protégé contre les catastrophes…
Hassina Hammache : Le souci de prévention contre ces risques doit être permanent. Toutefois, il faut aussi admettre que la question ne se pose pas qu’au niveau des engagements de l’Etat, où des résultats probants sont réalisés notamment dans le domaine de la construction, mais aussi au niveau de la prise de conscience par les citoyens. En effet, nous avons l’impression que nous n’avons pas d’habitants dans nos villes, mais de simples occupants qui ne se soucient plus des espaces qu’ils occupent. Cela s’ajoute au manque de culture chez nos citoyens qui ne savent pas comment réagir face à de telles catastrophes. La preuve est que toutes les victimes enregistrées, l’ont été à cause de la panique, et pas à cause d’effondrements.
Il y a toutefois, le vieux bâti qui pose problème…
C’est vrai qu’il y ait du vieux bâti, mais je pense qu’il faut aussi lever l’amalgame entre vieux bâti et constructions vétuste. Car, logiquement, une ancienne construction ne signifie pas forcément qu’elle est vétuste, donc inhabitable.
Ceci nous renvoie encore une fois au degré de consciences des habitants qui, après le désengagement des Opgi sur le volet de l’entretien, notamment des parties communes des immeubles, le citoyen lui ne s’en inquiète même pas. Cela dans le cas où il ne contribue pas directement, lui-même, à la dégradation des structures bâties.
Et malheureusement, nous manquons d’expérience en «gériatrie du bâtiment». Ceci demande des dispositions particulières et beaucoup de moyens pour appliquer les règles des trois (3) «R» (réparation, renforcement et réhabilitation). A ce niveau il faudra penser à impliquer les organismes spécialisés, vu l’existence d’un musée de la géologie, des instituts de l’université ainsi que d’associations à caractères scientifiques, à l’exemple de de l’association Gehimab (Groupe d’études sur l’histoire des mathématiques à Bougie médiévale), présidée par Djamil Aissani, qui peuvent apporter une grande contribution à cette œuvre. D’autre part, il faut s’orienter vers l’expérience d’autrui à l’exemple de l’expérience ibérique en la matière.
Et pour ce qui est de l’aménagement des villes, sachant que l’on enregistre actuellement une densification à tous les niveaux ?
Je pense que l’on a un dispositif légal des plus performants en matière de régulation dans ce domaine, et particulièrement en ce qui concerne le respects des normes de construction, sauf qu’il reste encore du travail à faire afin de ramener les autorités publiques, particulièrement au niveau local, à prendre en ligne de compte cet aspect spécifique de l’aménagement et de la répartition rationnelle des espaces, afin justement de prévenir les risque en cas de catastrophes.
Propos recueillis par Lyazid Khaber