Les conséquences économiques mondiales de la guerre en Ukraine seront néfastes. D’ailleurs, une menace mondiale sur la sécurité alimentaire se profile à l’horizon. Les principaux indicateurs économiques dans le monde sont au rouge.
Akrem R
L’économie mondiale qui a enregistré une légère reprise économique, après 3 ans de pandémie, risque de revivre une autre récession plus grave, en retardant le retour de la croissance, notamment avec la guerre en Ukraine.
Certains experts mettent en garde, en effet, affirmant que « si le conflit perdurait, on irait vers une autre récession économique plus grave». Il y aura certainement une réduction de la croissance et augmentation des taux de l’inflation.
Une situation qui aura un impact important sur les pays, dont les économies ne sont pas diversifiées, à l’instar de l’Algérie. En clair, c’est le pouvoir d’achat des ménages, surtout ceux de l’Europe, qui sera gravement affecté, dira l’expert en questions stratégiques et sécuritaires, Hacene Kacimi.
Cet expert a laissé entendre que les sanctions des Occidentaux contre la Russie seront lourdes de conséquences sur les pays de l’Union européen.
Actuellement, les Russes ont pris le contrôle de la plupart des ports de l’Ukraine, connu pour être le grenier de l’Europe, en s’accaparant de 40% des besoins des populations du Vieux continent. Autrement dit, chaque kilogramme de blé sera sous contrôle des Russes. Cette situation provoquera une rupture des stocks de céréales et le résultat sera catastrophique pour les Européens.
« Pas de pain, le prix va augmenter. Même chose pour les aliments pour bétail, ce qui fera que les viandes rouges et blanches seront hors de portée. En somme, la vie pour les Européens sera infernale. Voila la réponse Russe aux sanctions européens», détaille-t-il lors de son passage au forum hebdomadaire du quotidien «El Wassat».
Pas d’impact sur l’approvisionnement de l’Algérie
Concernant l’impact de la crise sur l’Algérie, l’expert rassure, en affirmant que pour le court terme, il n’y aura de problème sur l’approvisionnement en blé, du fait que nos fournisseurs sont diversifiés et que nous avons des contrats avec la Russie. «Nous, nous avons garanti nos besoins en approvisionnements en blé et céréale depuis la Russie. Pour cela, je dirai qu’il n’y aura pas de rupture de stocks en Algérie. La stratégie de diversification des approvisionnements de l’Algérie, adoptée depuis une année, nous a mis à l’abri. Donc, l’Algérie ne sera pas impacté par cette crise», rassure-t-il, tout en s’interrogeant sur notre devenir si nous n’avions compté que sur un seul fournisseur (le blé français).
Là, dira-t-il, on serait dans une situation critique, puisque la France refusera, tout simplement de nous vendre du blé dans une conjoncture pareille. Elle va certainement le laisser et le garder pour ses besoins propres, note-t-il.
Questionné sur la hausse des prix des matières premières et des céréales sur le marché mondial, l’intervenant l’a expliqué par l’envolée des prix du fret, déjà pendant la pandémie et qui vont encore augmenter avec la guerre en Ukraine.
Au final, les prix à la consommation vont connaitre une hausse sans précédent. Cependant, la décision prise par l’Algérie de subventionner les prix sur le marché local, anéantira l’impact de la cette crise sur les Algériens. La décision du président Tebboune d’alimenter les minoteries en blé subventionné via l’OACI, donne déjà ses fruits : les prix des pâtes alimentaires ont baissé de 50%. C’est grâce à l’anticipation du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, que nous sommes dans une situation plus au moins confortable, souligne-t-il.
Des fragilités économiques à prendre en charge
« Il n’y pas de rupture de stock pour l’Algérie puisque il y a déjà des commandes et, aussi parce que les prix des céréales qui vont augmenter sur le marché mondial, n’auront, toutefois, aucun impact sur les citoyens, et ce, grâce à la politique de subvention prônée par les pouvoirs publics. L’Algérie a, d’ailleurs, déjà prévu des contrats avec la Russie. Cette dernière a rassuré que le marché des céréales de l’Algérie sera respecté et le blé sera livré, conformément aux contrats signées», détaille-t-il.
Toutefois, l’expert Hacene Kacimi, n’a pas omis d’alerter contre les fragilités économiques de l’Algérie, dont la sécurité alimentaire des citoyens qui serait menacée si la guerre venait à s’étaler dans le temps. « Nous avons une fragilité importante et nous sommes dans une situation économique très difficile ; nous devons arriver à assurer la sécurité alimentaire de notre pays. Si la guerre perdurait en se transformant en une guerre mondiale, on risquerait d’avoir une famine ici en Algérie», met-il en garde. L’expert a appelé les pouvoirs publics à aller vers une nouvelle politique, en soutenant la production des céréales, pour mettre la sécurité alimentaire des Algériens à l’abri, notamment, face aux bouleversements géostratégiques que connait le monde.
Dans le domaine énergétique, l’intervenant a indiqué que l’Algérie est un fournisseur fiable, possédant les moyens pour garantir l’approvisionnement de ses clients traditionnels, conformément aux contrats signés. Mais elle n’est pas en mesure de se substituer au gaz russe. D’ailleurs, aucun pays n’est en mesure de le faire dans l’immédiat, conclut-il.
A. R.