La sécurisation des projets structurants, industriels et agricoles en eau est au cœur des préoccupations des pouvoirs publics. D’importants projets hydrauliques sont, en effet, en cours de réalisation à travers le pays, consistant principalement en la mise en place de grands transferts d’eau.
Par Akrem R.
En effet, l’Algérie dispose déjà de trois grands transferts d’eau, à savoir celui de Beni Haroun (Mila), reliant six autres wilayas, le transfert de MAO à l’ouest du pays, et celui de Sétif dans les Hauts plateaux. De nouvelles études ont été lancées pour la réalisation d’autres grands transferts.
Ces projets sont stratégiques pour l’approvisionnement en eau des mégaprojets industriels en cours de réalisation, comme l’a précisé Mme Nadia Ouchar, directrice centrale des études à l’Agence des études des barrages et transferts (ANBT).
Le premier transfert consiste à acheminer les eaux du barrage d’El-Tarf vers les wilayas de Souk Ahras et de Tébessa, afin de sécuriser en eau le complexe intégré de phosphate.
Elle a également annoncé le lancement d’une étude pour un autre grand transfert destiné à alimenter le projet de Gara Djebilet à Tindouf, qui sera approvisionné à partir des wilayas de Béchar, Tindouf et Adrar.
À travers ces projets de grands transferts, l’Algérie veut garantir sa sécurité alimentaire en mobilisant de grandes quantités d’eau pour l’irrigation, qui devient une condition sine qua non pour l’augmentation des rendements agricoles, notamment face à la baisse drastique de la pluviométrie.
«Les transferts existants visent au développement de l’agriculture (sécurité agricole) et à l’irrigation de vastes périmètres agricoles.
C’est le cas du transfert de Beni Haroun, qui alimente six wilayas agricoles à partir de ce barrage pour l’irrigation de grandes superficies.
Un autre grand transfert est en cours pour les Hauts Plateaux (plaines sétifiennes), visant à transférer 313 millions de m³/an à partir des barrages d’Ighil Emda (wilaya de Béjaïa) et Erraguene (wilaya de Jijel) vers les deux nouveaux barrages de Maouane et Draâ Eddis dans la wilaya de Sétif.
Ce projet renforcera et sécurisera l’alimentation en eau potable de 27 communes de cette wilaya d’ici 2040, tout en permettant l’irrigation de plus de 36 000 hectares de terres agricoles dans les plaines de Bazer Sakhra et de Mezloug.
La concrétisation de ces projets s’inscrit pleinement dans le cadre du programme présidentiel du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
En clair, 2025 verra la réalisation d’importantes opérations d’interconnexion entre les barrages et de grands transferts d’eau, notamment le mégaprojet de transfert In Salah-Tamanrasset, ainsi que la mise en place de nouvelles stations de dessalement, dont deux sont prévues à Tizi Ouzou.
L’Algérie s’oriente résolument vers le renforcement de sa sécurité hydrique, d’autant que cinq nouvelles stations de dessalement d’eau de mer seront mises en service avant la fin de l’année 2024, avec le lancement de cinq autres stations à partir de 2025.
L’ambition de l’Algérie est, ainsi, de couvrir 60% de ses besoins en eau d’ici 2030. Cela permettra de dégager des quantités significatives d’eau pour les secteurs agricoles et industriels, considérés comme des leviers essentiels pour la croissance et la diversification de l’économie nationale.
Réception de quatre nouveaux barrages en 2025 Les pouvoirs publics ne comptent pas s’arrêter là. De nouveaux projets de construction de barrages sont déjà au programme.
Des études pour la réalisation d’au moins 30 barrages ont été finalisées par l’Agence des études des barrages et transferts (ANBT), a assuré Mme Nadia Ouchar, lors de son intervention sur les ondes de la radio «Chaîne II», en révélant que quatre nouveaux barrages entreront en exploitation dès 2025.
«Actuellement, quatre barrages sont en cours de construction : deux à TiziOuzou (Sidi Khlifa et Souk N’taltha), un autre à Boukhroufa dans la wilaya d’El Tarf et un quatrième à Souk Ahras. Ces quatre barrages seront mis en service dès l’année prochaine. Ainsi, nous aurons 85 barrages», a-t-elle précisé.
Les barrages remplis 35,2%
Concernant la situation de remplissage des barrages, la même responsable a révélé que le taux national de remplissage des 81 barrages en service est de 35,2 %, un niveau qui permet à l’Algérie de faire face à un éventuel stress hydrique. Mme Nadia Ouchar a précisé que les barrages de l’Est et de l’Ouest du pays sont remplis respectivement à 53 % et 46 %.
Quant aux régions du centre, le taux de remplissage des barrages ne dépasse pas 16,66 %, et atteint 11,8 % au niveau de la wilaya de Chlef, ajoute-t-elle, en indiquant que l’ANBT instaure une gestion rationnelle des eaux stockées dans les barrages soumis à un maintenance périodique et une réhabilitation en continue, «pour qu’il n’y ait pas de manque d’eau et envasement».
Sur ce dernier point, la responsable a affirmé que les opérations de dévasement sont à l’arrêt actuellement, suite à la baisse de la pluviométrie.
«L’opération de dévasement (enlèvement de vase) nécessite la mobilisation de quantités importantes en eau. Donc, nous avons préféré la mobilisation de près de 20 millions m3 d’eau pour l’irrigation et l’industrie», affirme-t-elle, appelant les stratupeurs à s’impliquer dans l’opération de valorisation de la vase et sa récupération pour la production d’engrais pour l’agriculture et la production du ciment vert pour la construction.
A. R.
