Le ministre de l’industrie, Ahmed Zeghdar, pour éviter la faillite d’un fleuron de notre industrie, en l’occurrence, le complexe Sider El- Hadjar, va lui faire prendre un tournant à 360 degrés. En effet, ce complexe qui n’en finit pas avec des problèmes financiers, est toujours menacé de faillite selon les propres dires de Réda Belhadj, directeur général, et Mme Labiod, présidente du Conseil d’administration (CA). Pour éviter que cette épée de Damoclès ne tombe sur cette entreprise, Ahmed Zeghdar veut une nouvelle ingénierie financière pour renforcer la compétitivité du complexe. Pour le ministre de l’Industrie, en effet, cette nouvelle approche « permettra de relancer l’activité sidérurgique du complexe et lui permettra de contribuer réellement à l’avancement de l’économie nationale et à l’amélioration des indicateurs de croissance économique ».
Par Réda Hadi
Il faut savoir que le complexe Sider El Hadjar, qui a bénéficié d’un plan de croissance d’environ 80 milliards de DA (34 milliards de DA pour la première phase et 46 milliards de DA pour la deuxième), orienté vers la réhabilitation de ses unités les plus importantes et l’amélioration de la production de fonte et de matériaux plats, n’a pas donné les résultats probants à cause d’un mode de gestion inadapté et d’une manque vision stratégique tronquée.
Dans un environnement marqué par une mondialisation excessive, ce tournant à 360°, devrait permettre le salut de ce complexe.
Selon des observateurs, c’est un départ à zéro dont il s’agit. Pour eux comme pour le ministre, tout est à revoir, à commencer par une gestion pragmatique au sens de la rentabilité économique, la réduction des coûts de production, la revisite des expertises des compétences, ainsi que la diversification des investissements par des partenariats appropriés.
L’approche nouvelle prônée par le ministre de l’Industrie, ne peut se faire sans un changement en profondeur des mentalités, comme l’a souligné, d’ailleurs, Ahmed Zeghdar.
En effet, cette approche demande certaines compétences, et une méthodologie de travail et de fonctionnement que nous n’avons pas (ou du moins, par encore), comme nous l’a souligné, Billel Aouali, économiste. « L’Ingénierie financière (IF) est un ensemble de méthodes utilisées pour assurer l’activité d’une entreprise par des moyens financiers autres que ses revenus. Les techniques utilisées visent à conserver la solidité du bilan.», affirme l‘économiste.
Conditions de russite
Pour M. Aouali, l’IF est une méthode qui demande une certaine technique et formation adaptées. « Tant que nous en serons à subir le diktat de la bureaucratie, cela ne servira à rien. Et je précise qu’une entreprise est le fruit d’une volonté de réaliser un projet. Cette initiative ne pourra aboutir que si les intérêts individuels et collectifs sont comblés. Je connais plusieurs projets qui se sont soldés par des échecs, en raison d’une mésentente entre les différents collaborateurs ou suite à une soif d’un intérêt individuel en dépit de l’intérêt collectif. C’est justement pour éviter un tel désagrément que l’IF est d’une importance capitale au sein d’une entreprise.», nous a-t-il dit
Pour l’économiste cette approche n’a de sens que dans la mesure ou deux critères importants « une étude prospective et une modélisation économique » existent.
Pour Billel Aouali a tenu à faire remarquer que « Les opérations de l’IF interviennent dans la création, l’organisation, la structure et la transmission du capital. Ces différentes activités impliquent des points de passage obligatoire. Ces démarches regroupent la collecte de données pour l’appréciation du contexte, le traitement des informations, le bilan et l’évaluation globale de l’entreprise. Ces procédures s’achèvent par le montage de l’opération. Ce montage comprend la fusion, la transmission et la redistribution du capital ainsi que l’organisation des flux financiers »
Pour cet économiste l’approche est bonne, (bien que tardive), mais ne peut réussir sans une transparence totale d’une part, et une réactivité immédiate, débarrassée de toutes les méthodes procédurières auxquelles nous y sommes habitués ».
R.H.