Depuis 2014, l’Algérie est entrée dans une crise budgétaire sans précédent. La baisse drastique des prix du pétrole et le recul des recettes des exportations, ont mis le budget de l’Etat sous une forte pression. Afin d’y faire face, le gouvernement a pris une série de mesures d’ajustements, à travers la réduction des dépenses, notamment, par le biais de l’annulation de plusieurs projets.
Par Akrem R.
Toutefois, et avec la persistance de la pandémie, la crise économique s’est aggravée davantage. Le gouvernement aura du mal à prendre les choses en main. L’élaboration d’un avant-projet de Loi de finances complémentaire APLFC 2021, à quelque mois seulement de l’entrée en vigueur de la LF 2021, témoigne des difficultés qui entourent la gestion des affaires économiques du pays. Pour des économistes, il est urgent pour les pouvoirs publics d’engager des réformes profondes et structurelles de l’économie nationale.
Certes, elles seront douloureuses, mais vitales pour éviter un nouveau choc économique à notre pays. Cette problématique a été au centre des débats d’un webinaire placé sous le thème : « La question monétaire et budgétaire en Algérie à l’épreuve de la crise actuelle», organisé, hier, par le centre de recherche Cread. Trois communications, animées par Dr. Yacine Belarbi, directeur de recherche au CREAD, Dr. Fatiha Talahite, chargée de recherche au CNRS et Pr. Mohamed Benbouziane, de l’université de Tlemcen.
En effet, les intervenants étaient unanimes à dire que tous les voyants sont au rouge et que le gouvernement est appelé à réagir, en entreprenant des démarches réalistes s’accommodant au mode économique universel. Actuellement, la gestion de notre économie est basée sur deux éléments essentiels, à savoir le prix du pétrole et les réserves de change. D’ailleurs, pratiquement tous les Algériens ont la phobie de voir le niveau de nos réserves de change s’éroder. Une situation qui s’explique par la non diversification de l’économie nationale.
Dans ce cadre, Dr. khaled Menna, le directeur Adjoint du CREAD, modérateur de ce webinaire s’est montré sceptique quant à la réalisation des objectifs tracés pour le gouvernement pour la période de (2020-2021), à savoir, la diminution des importations de 10 milliards de dollars et l’augmentation des exportations hors hydrocarbures de 5 milliards. Ce chercheur a également critiqué la démarché du gouvernement concernant la réforme du secteur bancaire.
Selon Dr Menna, beaucoup de choses ont été dites sur la question, mais personne n’a dit comment faire et quelle démarche adopter pour la privatisation des banques publiques. S’agissant de la gestion du budget, l’Algérie a, depuis plusieurs années, adopté la démarche du «robinet». Autrement dit, quand les caisses sont pleines, on ouvre les robinets et lorsque il a ya manque de liquidités on les ferme tout simplement, a résumé le Pr. Mohamed Benbouziane, de l’université de Tlemcen.
Endettement extérieur, une option
Le fonds de régulation de recette (FRR), créé durant en 2006, suite à la hausse des recettes pétrolières, avait pour mission principale était d’éponger la dette publique, mais le gouvernement de l’époque, s’est trouvé contraint de l’ouvrir afin de répondre à la demande sociale et faire face aux événements du «Printemps arabe».
Ces réserves sensées être injectées dans des projets de financement deviennent de l’argent «stérile», a déploré pour sa part, Dr. Fatiha Talahite. Durant cette période de rareté des liquidités bancaires, Pr. Mohamed Benbouziane prône l’endettement extérieur, en s’interrogeant : «Est-ce que n’est pas nécessaire d’aller vers l’endettement extérieur ?»
Taux de change : le prix toujours administré
Pour lui, il est préférable d’y aller maintenant, du fait que l’Algérie a encore de la marge de manœuvre et pourra négocier ses empruntes en position de force, estimera-t-il, «avant que la situation ne se détériore encore plus». Le cas échéant, ajoutera-t-il, notre destin ne sera pas entre nos mains et nous allons subir le diktat des créanciers. L’universitaire de Tlemcen a regretté, au passage, que l’aspect fiscal soit toujours prédominant dans la gestion du budget au détriment de l’aspect monétaire. Ces deux questions monétaire et fiscale sont actuellement au cœur des débats économiques.
Elles sont le pivot de la réforme économique du pays, dira dans ce cadre, le directeur de recherche au Cread, Dr Yacine Belarbi. Ce dernier, a présenté une communication sur la gestion du taux de change du dinar, (régime de flottement dirigé). Ce régime est un mix entre le régime de parité fixe et le régime de taux de change flottant, explique-t-il, en le qualifiant de gestion administrative souple, mais qui ne cède pas complètement aux forces des marchés internationaux.
« Le prix reste administré et son changement suit, en quelque sorte, la fluctuation du marché. En gros, il reste administratif mais souple, au contraire de l’économie mondiale. La Banque d’Algérie ajuste le taux de change en fonction de l’écart par rapport au taux de change d’équilibre», a-t-il détaillé et d’ajouter : « Le taux de change d’équilibre est estimé suivant des déterminants macroéconomiques, tels que le prix du baril de pétrole, les dépenses publiques et le différentiel d’inflation de l’Algérie avec des partenaires commerciaux. Cependant, le modèle suivant lequel le dinar est ajusté et les estimations du taux de change effectif réel d’équilibre (TCER), ne sont pas publics. La BA ne les a jamais rendus publics. Ceci rend impossible de savoir et lire d’une manière fondée le comportement de la banque centrale». Indiquant que le dinar est sous évalué, Dr Belarbi appelle la BA à afficher ses méthodes dans la détermination du taux de change. À partir de 2015, la monnaie algérienne a commencé vraiment à se déprécier en continu. Avant cette période le taux change est varie entre 60 et 70 dollars, rappelle-t-il. Doit-on aller vers la dévaluation du dinar et à quelle niveau ? conclu-t-il.
Par Akrem R.
Toutefois, et avec la persistance de la pandémie, la crise économique s’est aggravée davantage. Le gouvernement aura du mal à prendre les choses en main. L’élaboration d’un avant-projet de Loi de finances complémentaire APLFC 2021, à quelque mois seulement de l’entrée en vigueur de la LF 2021, témoigne des difficultés qui entourent la gestion des affaires économiques du pays. Pour des économistes, il est urgent pour les pouvoirs publics d’engager des réformes profondes et structurelles de l’économie nationale.
Certes, elles seront douloureuses, mais vitales pour éviter un nouveau choc économique à notre pays. Cette problématique a été au centre des débats d’un webinaire placé sous le thème : « La question monétaire et budgétaire en Algérie à l’épreuve de la crise actuelle», organisé, hier, par le centre de recherche Cread. Trois communications, animées par Dr. Yacine Belarbi, directeur de recherche au CREAD, Dr. Fatiha Talahite, chargée de recherche au CNRS et Pr. Mohamed Benbouziane, de l’université de Tlemcen.
En effet, les intervenants étaient unanimes à dire que tous les voyants sont au rouge et que le gouvernement est appelé à réagir, en entreprenant des démarches réalistes s’accommodant au mode économique universel. Actuellement, la gestion de notre économie est basée sur deux éléments essentiels, à savoir le prix du pétrole et les réserves de change. D’ailleurs, pratiquement tous les Algériens ont la phobie de voir le niveau de nos réserves de change s’éroder. Une situation qui s’explique par la non diversification de l’économie nationale.
Dans ce cadre, Dr. khaled Menna, le directeur Adjoint du CREAD, modérateur de ce webinaire s’est montré sceptique quant à la réalisation des objectifs tracés pour le gouvernement pour la période de (2020-2021), à savoir, la diminution des importations de 10 milliards de dollars et l’augmentation des exportations hors hydrocarbures de 5 milliards. Ce chercheur a également critiqué la démarché du gouvernement concernant la réforme du secteur bancaire.
Selon Dr Menna, beaucoup de choses ont été dites sur la question, mais personne n’a dit comment faire et quelle démarche adopter pour la privatisation des banques publiques. S’agissant de la gestion du budget, l’Algérie a, depuis plusieurs années, adopté la démarche du «robinet». Autrement dit, quand les caisses sont pleines, on ouvre les robinets et lorsque il a ya manque de liquidités on les ferme tout simplement, a résumé le Pr. Mohamed Benbouziane, de l’université de Tlemcen.
Endettement extérieur, une option
Le fonds de régulation de recette (FRR), créé durant en 2006, suite à la hausse des recettes pétrolières, avait pour mission principale était d’éponger la dette publique, mais le gouvernement de l’époque, s’est trouvé contraint de l’ouvrir afin de répondre à la demande sociale et faire face aux événements du «Printemps arabe».
Ces réserves sensées être injectées dans des projets de financement deviennent de l’argent «stérile», a déploré pour sa part, Dr. Fatiha Talahite. Durant cette période de rareté des liquidités bancaires, Pr. Mohamed Benbouziane prône l’endettement extérieur, en s’interrogeant : «Est-ce que n’est pas nécessaire d’aller vers l’endettement extérieur ?»
Taux de change : le prix toujours administré
Pour lui, il est préférable d’y aller maintenant, du fait que l’Algérie a encore de la marge de manœuvre et pourra négocier ses empruntes en position de force, estimera-t-il, «avant que la situation ne se détériore encore plus». Le cas échéant, ajoutera-t-il, notre destin ne sera pas entre nos mains et nous allons subir le diktat des créanciers. L’universitaire de Tlemcen a regretté, au passage, que l’aspect fiscal soit toujours prédominant dans la gestion du budget au détriment de l’aspect monétaire. Ces deux questions monétaire et fiscale sont actuellement au cœur des débats économiques.
Elles sont le pivot de la réforme économique du pays, dira dans ce cadre, le directeur de recherche au Cread, Dr Yacine Belarbi. Ce dernier, a présenté une communication sur la gestion du taux de change du dinar, (régime de flottement dirigé). Ce régime est un mix entre le régime de parité fixe et le régime de taux de change flottant, explique-t-il, en le qualifiant de gestion administrative souple, mais qui ne cède pas complètement aux forces des marchés internationaux.
« Le prix reste administré et son changement suit, en quelque sorte, la fluctuation du marché. En gros, il reste administratif mais souple, au contraire de l’économie mondiale. La Banque d’Algérie ajuste le taux de change en fonction de l’écart par rapport au taux de change d’équilibre», a-t-il détaillé et d’ajouter : « Le taux de change d’équilibre est estimé suivant des déterminants macroéconomiques, tels que le prix du baril de pétrole, les dépenses publiques et le différentiel d’inflation de l’Algérie avec des partenaires commerciaux. Cependant, le modèle suivant lequel le dinar est ajusté et les estimations du taux de change effectif réel d’équilibre (TCER), ne sont pas publics. La BA ne les a jamais rendus publics. Ceci rend impossible de savoir et lire d’une manière fondée le comportement de la banque centrale». Indiquant que le dinar est sous évalué, Dr Belarbi appelle la BA à afficher ses méthodes dans la détermination du taux de change. À partir de 2015, la monnaie algérienne a commencé vraiment à se déprécier en continu. Avant cette période le taux change est varie entre 60 et 70 dollars, rappelle-t-il. Doit-on aller vers la dévaluation du dinar et à quelle niveau ? conclu-t-il.